Réunion informelle de l’OPEP à Alger : un succès pour la diplomatie économique de l’Algérie

Alger accueille une réunion informelle de l'Opep.
Alger accueille une réunion informelle de l'Opep.

Selon nos informations, au cours de cette réunion, il ne sera pas question de baisser la production mais d’arriver à un consensus afin de concilier, exercice difficile, des points de vue contradictoires pour stabiliser le marché à un prix d’équilibre variant entre 50/60 dollars.

Cependant il ne faut pas être utopique. La croissance de l’économie mondiale, est un facteur déterminant qui conditionne le cours du pétrole. Comme l’on devra tenir compte du bouleversement de la carte géostratégique mondiale et de la quatrième révolution industrielle mondiale qui s’annonce devant éviter de raisonner sur un modèle de consommation linéaire. Comme vient de l’annoncer le président chinois lors du G20, aucun expert ne peut prédire avec exactitude les scénarios de l’évolution tant du prix du pétrole que de la nouvelle structure économique mondiale entre 2020/2030 ?

1.- Comme rappelé dans plusieurs contributions contrairement à certaines supputations d’experts algériens, la demande mondiale d’hydrocarbures risque d’être mitigée selon l’Organisation de la coopération et du développement économiques (OCDE) pour 2016/2017 dans son rapport 2016. Selon ce rapport, la faible progression des échanges et les distorsions du système financier assombrissent les perspectives de la croissance économique mondiale qui a un impact direct sur la demande d’hydrocarbures. En cas ou le prix se maintient à un niveau fiable, tout gel de la production des pays de l’OPEP profitera aux pays non OPEP qui prendront des parts de marché plus importants.

En cas où le gel permettrait une hausse des prix allant vers 60 dollars, on ne peut pas écarter le même scénario, qui à terme peut avoir un impact négatif sur les prix avec l’excédent de l’offre. Ceux qui raisonnent sur la rigidité de l’offre oublie facilement deux facteurs : la réduction des couts avec les nouvelles technologies accordant une prime à ceux qui ont misé sur l’économie de la connaissance, pénalisant les importateurs net des brevets et le nouveau modèle de consommation énergétique qui se met en place (efficacité énergétique et mix énergétique) . D’où la difficile équation à résoudre lors de la réunion d’Alger d’autant plus que les USA un des plus grand producteur n’est pas présent qui a joué sur la réduction substantielle de couts de production étant devenu exportateur net. Les observateurs s’accordent à ce que le prix futur dépendra d’une entente entre pays consommateurs et producteurs d’une part et d’autre part, par une entente pays OPEP non OPEP. La négociation devrait porter sur le niveau du gel ou rien n’est encore décidé. La transformation de la réunion informelle à une réunion formelle selon les statuts de l’OPEP, relève d’une décision souveraine des ministres de l’OPEP, pouvant reporter la décision finale à la réunion prévue en novembre à Vienne. Et le grand problème, si gel il y a est le niveau du gel. Si l’on retient le niveau de production à un niveau élevé de la Russie et de l’Arabie Saoudite, de juillet à septembre 2016, aucun impact notable sur le prix.

2.- Aussi, la détermination du prix du pétrole, (le prix du gaz lui étant indexé) dépendra d’une entente entre d’une part et l’Arabie Saoudite et la Russie qui a atteint un niveau record de production début aout/septembre 2016 et l’Arabie Saoudite et l’ Iran qui veut revenir à son quota avant les sanctions de plus de quatre millions de barils jour ayant besoin de financement. La proposition saoudienne de réduire sa production de 500.000 barils/jour revenant à janvier 2016 à condition que l’Iran ne dépasse pas 3,5 millions barils jour est le grand problème. Qu’en sera-t-il pour la Russie ? Pour ce pays rentre des enjeux géostratégiques, les russes reprochant aux américains de vouloir culer l’économie russe dont les réserves de change au cours de 40/50 dollars risquent de s’épuiser horizon 2020. A cela il faudra ajouter l’accroissement futur de la production fin 2016/2017 du Nigeria, de la Libye, l’Irak (pour ces deux pays devant atteindre leurs quotas) et du Kazakhstan avec l’entrée en production d’un important gisement en décembre 2016, sans compter les USA qui avec le pétrole et gaz de schiste (réduction de 30/40% des couts) ont bouleversé toute la carté énergétique mondiale(1). Le futur prix d’équilibre sera fondamentalement déterminé par une entente entre les USA et l’Arabie Saoudite, alliés stratégique. Mais le déterminant sera la croissance de l’économie mondiale avec des incidences négatives ou positives sur les pays producteurs, du fait de l’interdépendance des économies. En cas d’une faiblesse de la croissance, la stabilisation des cours du pétrole sera difficile à se réaliser, tout au plus le cours devrait fluctuer entre 45/50 dollars.

En cas d’une légère reprise, il pourrait fluctuer entre 50/60 dollars entre 2017/2020.En cas d’une reprise forte entre 2017/2020, il pourrait progressivement fluctuer entre 60/70 dollars. En cas d’une crise équivalente à celle de 2008, il descendrait en dessous de 40 dollars. Au-delà -2020/2030, du fait du bouleversement de la carte géostratégique mondiale et de la quatrième révolution industrielle mondiale, aucun expert ne peut prédire avec exactitude les scénarios de l’évolution tant du prix du pétrole que de la nouvelle structure économique mondiale, entre 2020/2030/2040. Des stratégies d’adaptation par couches successives sont nécessaires renvoyant à la géostratégie. En résumé, loin de la vision de sinistrose qui annonce un échec de réunion d’Alger, quel que soit le scénario, après des années d’isolement, en étant conscient que dans la pratique des affaires n’existent pas de sentiments, la rencontre informelle OPEP à Alger apportera une valeur ajouté et est donc un succès pour la diplomatie économique de l’Algérie.

Pr Abderrahmane Mebtoul, expert international

(1) Interview sur ce sujet du professeur Abderrahmane Mebtoul au quotidien gouvernemental arabophone Chaab 25/09/2016 - à la télévision Ennahar en direct le 24 septembre 2016 pendant 25 minutes à la télévision Ennahar sur ce sujet le 25/09/2016 14h-14h30 - à la télévision Dzair New’s en direct de 19h/20h le 24/09/2016 et interview télévision Chourouk 26/09/2016

Plus d'articles de : Opinion

Commentaires (1) | Réagir ?

avatar
ryan gormaz

il faut d'abord une économie pour parler de diplomatie économique, quand au succès là on fabule si Mebtoul.

De l'agitation ou de la "transe" diplomatique plutôt de nos "lézards gouvernants" surpris par l’aridité des gosiers et point final.

Puis en quoi un gel plus difficile à contrôler techniquement qu'une baisse de la production pétrolière sera t il utile, peut être la grave angoisse de l’Algérie Bouteflikiste de voir s'éroder plus les prix des hydrocarbures vers le seuil fatal en deça de 40 dollars pire si ça arrive à 30 ou 35 dollars, là la grande finale pour nos 40 millions de tubes digestifs.

Au vu du tout faux de nos experts depuis plus de trente années, alors à bientôt la "madame soleil", vos oracles pseudo-analytiques ne tiennent pas la route, enfin tout le monde est expert dans ce pays, tout comme tout le monde est zombie dans ses désirs.

Rirn ne sortira de la réunion informelle d'Alger c'est en quelque sorte une ultime tentative trabendiste du pouvoir de nos fronntières ouest, pire et gare aux complications post Alger entre Opep et non Opep,

Bon cauchemar inutiles ministres de Bouteflika, l'idiotie au sommet, vous sentez mauvais dans le monde entier.

Ridiculement votre, l'écurie d'Algérie empeste très fort sans dollars dans les caisses, alors votre suicide est déjà là à Alger au cours et après cette réunion d'Alger, bande d'ignares paysans mal décrottés depuis 60 années.