La lettre de mon fils Khaled

La lettre de mon fils Khaled

Cher père,

Merci pour la lecture. Pleine de dédales qui sont difficiles à suivre pour un fellah que je suis. Mais je fais de mon mieux pour comprendre l’enjeu de cette bataille. Certains disent que tous les chemins mènent à Rome. Est-vrai ? Entre les Amazighs qui se considèrent victimes de l’arabisme et les défenseurs de la Haouiya El Arabia, il devrait y à voir une voie médiane. J’ai fais l’école française adaptée aux indigènes. Je ne prétends pas maîtriser la langue française, mais c’est la langue qui me facilite la tâche pour dire ce que je ressens. J’ai ignoré la langue arabe durant toute ma carrière car j’ai utilisé la langue française dans mon travail.

J’ai plutôt investi dans des langues comme l’anglais, l’allemand et le néerlandais. J’arrive à déchiffrer quelque chose en ces langues. Ce qui n’est pas une réussite. Entre nous. Alors, suis-je un renégat vis-à-vis de la langue arabe ? un colonisé qui a perdu son âme ? Mes enfants qui ont fait l’école algérienne ne maîtrisent ni la langue française ni la langue arabe. Des hybrides incapables d’écrire correctement dans les deux langues. Est-ce le prix à payer d’une politique de bilinguisme mal gérée ? Je ne sais pas. Je ne connais pas de pays qui ont été colonisés dans leur chair (interdiction d’étudier leurs langues) qui ont retrouvé leur âme d’avant la colonisation. Ils sont devenus des hybrides avec plus ou moins de réussite dans leurs économies mais souvent meurtris parce dans leur chair car ils n’arrivent pas à retrouver leur pureté d’avant la colonisation. Alors, choisir d’enseigner en langue arabe pure ou en langue arabe polluée ou enrichie avec des mots en tamazigh, français et autres langues pose la fameuse question "to be or not be" de Shakespeare.

Honnêtement, je suis incapable de répondre à cette question. J’attends d’être éclairé par nos pédagogues et non politiciens. Sans oublier une classe d’Algériens qui prônent de faire de la langue anglaise la première langue étrangère à enseigner en Algérie après la langue arabe en tant que langue nationale et langue officielle du pays. Pour eux, la langue française n’a plus sa place en Algérie car elle symbolise l’ancien colonisateur qui doit être chassé du pays. Mais n’oublions pas les partisans de tamazigh qui veulent que cette langue soit leur langue nationale et pas l’arabe considérée comme langue des envahisseurs arabes au même titre que la langue française.

Et le Coran ? n’est-il pas écrit en arabe ? Donc l’arabe est une langue sacrée, diront les défenseurs de l’arabité et de la prééminence de la langue arabe dans notre pays. De Charybde en Scylla, si je me souviens bien de cette expression qui exprime le désarroi de quelqu’un qui perd ses repères.

Voici quelques questions que se pose un fellah qui a perdu son âme ou une partie de son âme, je ne sais trop.

Au plaisir de te lire cher Père.

Omar Chaalal

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Commentaires (2) | Réagir ?

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elvez Elbaz

Ton fils khaled pourrait il t expliquer au nom de qui et de quoi les descendants du colonisateur envahisseur arabe okba, les têtes basanés ont ils plus de légitimité qu hier les rejetons du ramassis d apatrides appelés pieds noirs pour occuper la terre algero algérienne amazighs de mon fils jughurtha et de ma fille dhihiya et pourquoi les rejetons du vil okba s acharnent ils a araboislamiser mes enfants amazighs?

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Omar Omar

Cher Fils, Le hasard fait bien les choses!! C’est aujourd’hui que j’ai reçu ta lettre. Je te conseille de consulter l’article du Figaro d’aujourd’hui. Ces des français qui font le constat de leur langue !

Michel Zink : «Le français risque de devenir une langue morte comme le latin»

Par Astrid De Larminat Publié le 14/09/2016

Le Figaro