Le RCD s'insurge contre la soumission de l’appareil judiciaire aux désidérata du régime

Mohcine Bellabas, président du RCD.
Mohcine Bellabas, président du RCD.

Le Secrétariat national du RCD s’est réuni le 02 septembre 2016, à Alger pour évaluer la situation générale du pays et débattre de la rentrée sociale dans un contexte de dégradation continue de la situation financière du pays et de coupes budgétaires érigées par le gouvernement comme seule réponse concrète à cette crise.

Le SN du RCD constate que les mesures envisagées par l’exécutif pour enclencher une politique de développement créatrice de richesses sont aussi insuffisantes qu’incohérentes. Dans les faits, elles ne sont dictées que par des urgences ; à ce titre elles ne peuvent constituer, au mieux, qu’un replâtrage de conjoncture. La conformité fiscale ou l’emprunt obligataire ne peuvent être des solutions en soi.
L’intégration de l’informel dans la sphère légale, à supposer que la volonté de le faire existe, implique un projet graduel et à long terme qui s’insère dans un nouveau climat économique. Il en est de même de l’emprunt obligataire avec des risques de dévaluations importants d’autant que les liquidités espérées sont destinées aux dépenses de fonctionnement. Dans le même sens, le recours à l’endettement extérieur envisagé, semble-t-il, dans la nouvelle loi des finances par le biais des entreprises publiques sous l’artifice de financements de projets risque de se transformer à un retour pur et simple à l’endettement. Demander à des entreprises, fortement déstructurées et vivant d’assainissement à répétition, d’honorer des échéances de court terme qu’elles auraient dans ce cadre contracté auprès d’institutions financières internationales (banques ou autres) est une gageure. La garantie de l’Etat risque de rentrer dans le jeu dans la majeure partie des cas.
En vérité, tous ces artifices ne peuvent cacher un environnement économique dominé par la corruption, le captage de la commande publique par les clientèles du régime, les contraintes administratives et une justice aux ordres. Tout le contraire d’un climat propice à l’investissement, la prise de risques et la création de richesses. Les derniers épisodes de cette série en cours nous sont donnés par le traitement réservé par les pouvoirs publics aux accusations graves des sportifs qui ont participé aux jeux olympiques de Rio et le dépeçage du parc Dounia au profit de privilégiés en place et lieu d’un site qui devait être aménagé et servir de poumon pour la capitale. Dans le premier cas, l’attitude des pouvoirs publics est sidérante tant il fallait soit ouvrir une enquête soit ester en justice les auteurs de ces "accusations infondées". Dans le second, l’abandon du projet initial et les incessants changements de tutelle ont exacerbé les convoitises et le détournement du parc des Grands vents de sa vocation initiale.
On ne cessera jamais de répéter que la soumission de l’appareil judiciaire aux désidératas des chapelles de l’exécutif gangrène l’ensemble de la vie publique. Comment peut-on faire croire aux populations que les citoyens sont égaux devant la loi quand des personnalités éclaboussées par des détournements de l’argent public, la corruption, les passe-droits ou l’évasion fiscale continuent de siéger dans le gouvernement ou dans les institutions de l’Etat au moment où de présumés innocents sont jetés en prison en violation de la loi ?
La détention abusive de l’ex-DG de la CNAN, Ali Boumbar, depuis 2012 ou celle de militants politiques dont des cadres du RCD, Nacereddine Hadjadj et Noureddine Kerrouchi, dans l’affaire de Ghardaïa et les traitements infligés à Slimane Bouhafs et Mohamed Tamalt pour leurs publications sur les réseaux sociaux illustrent de façon caricaturale les limites de l’appareil judiciaire et son incapacité à se hisser comme levier de l’Etat de droit.
S’agissant de la rentrée sociale, au lieu d’organiser le dialogue le plus large avec l’ensemble des partenaires sociaux représentatifs du monde du travail et des employeurs pour décider de mesures à prendre pour affronter la nouvelle conjoncture, le gouvernement remet en cause unilatéralement le dispositif de la retraite anticipée et la poursuite des subventions sans ciblage. Le RCD a eu à s’exprimer sur le droit au départ en retraite après l’accomplissement des années légales de travail. Le problème des caisses sociales doit être traité dans la transparence avec l’ensemble des partenaires sociaux avant de le faire aboutir comme projet de loi devant l’APN.
Enfin, le SN du RCD considère que l’escalade dans les atteintes aux libertés individuelles et collectives, y compris par des lois liberticides, ne participe pas d’une démarche qui peut rassembler le peuple algérien pour faire face à une conjoncture économique et sociale difficile et incertaine eu égard aux nombreux conflits et périls qui pèsent sur notre région.
Secrétariat national du RCD
Alger, le 03 septembre 2016

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MERCI

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algerie

merci