40 fast-foods sans autorisation à Dounia Parc d'Alger

Qui sont les bénéficiaires des hectares détournés à Dounia Parc ?
Qui sont les bénéficiaires des hectares détournés à Dounia Parc ?

Le coup de gueule du ministre du tourisme a jeté une lumière crue sur un des échecs en matière d’aménagement du territoire de la wilaya d’Alger.

Le 25 août dernier, le ministre algérien de l’Aménagement du territoire et du Tourisme, Abdelouahab Nouri, a lancé un véritable pavé dans la mare, en déplorant que 65 hectares du Dounia Parc d'Alger avaient été attribués illégalement et clandestinement. Sur un total de 96 attributions, 40 concerneraient des fast-foods ou des restaurants, selon le ministre algérien. "Quarante fast-foods, vous imaginez ! Ils n’ont pas de permis de construire et on leur a permis de lancer les travaux", a-t-il déclaré.

Qui sont-ils ces indélicats propriétaires de fast-foods ? Pouquoi exercent-ils dans l'impunité la plus absolue ? Le wali d'Alger ne devrait-il donc pas réagir à cette déclaration puisque le détournement a lieu sur le territoire de sa wilaya ?

Beaucoup de questions restent sans réponse dans ce nouveau scandale qui aura émaillé les mandatures d'Abdelaziz Bouteflika. Le ministre a haussé le ton certes, il faudra maintenant attendre (ou espérer) le lancement d'une enquête qui élucidera les tenants et les aboutissants de cet énorme échec.

Avant d'en arriver là, cet épisode n'est qu'un énième soubresaut d'une histoire qui dure depuis près de 10 ans. Dounia parc n'a de parc huit ans après la présentation de ses plans que le nom.

Un projet ambitieux signé sous les auspices de Bouteflika avec les Emiratis

Le plan d’aménagement du Dounia parc a été rendu public officiellement en septembre 2008 par le ministère algérien de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme, principal porteur du projet, et le groupe Emirati International Investment Company (EIIC) qui a présenté ce projet sur maquette en 2007.

Ses promoteurs sont partis d'un double constat, environnemental et social : d'abord, Alger est l'une des capitales les moins vertes du monde. Par comparaison, la ville est dix fois moins verte que Rabat, au Maroc, et neuf fois moins que Tunis. De plus, les Algérois seraient trop repliés sur leurs propres quartiers : ce parc ambitionnait donc de rajouter de la verdure et du lien social dans une capitale qui en manquerait cruellement.

L'entreprise Emiratie était particulièrement ambitieuse. Selon le journal algérien El Watan, ce projet prévoyait de consacrer plus de 70% de la superficie globale au côté "parc" (aires de jeux, terrains de sport, jardins botaniques, forêts...) et 30% à construire, notamment, un parking de 8 000 places, 500 chambres d’hôtel, un amphithéâtre de 5 000 places, 13 000 logements de standing, des commerces, une tour de 47 étages et même... un hôpital ! Assurés de l'appui du chef de l'Etat, les Emiratis voyaient grands. Présenté en grande pompe, beaucoup ont été leurrés par les assurances émiraties.

La construction du nouveau parc au point mort

Le constat sur les lieux est des plus affligeants. Le Dounia parc se résume aujourd'hui à de vastes terrains vagues, quelques chemins de terre et un lac artificiel, qui attend toujours ses premiers baigneurs.

Pourquoi le terrain prévu n'a-t-il jamais été aménagé ? Plusieurs raisons à cela, notamment liées à la société émiratie chargée de faire sortir le projet de terre. Après plusieurs crises internes au sein de la direction du groupe EIIC, la crise financière a fini par aggraver la situation économique de l'entreprise. Simultanément, le gouvernement ne s'est jamais vraiment saisi du problème, délaissant peu à peu son ambitieux projet de parc.

Aujourd'hui, les Algérois devront ravaler leur rêve d'un vrai parc de loisirs avec toutes les commodités, Dounia parc est une zone livrée à l'anarchie et à l'appétit gargantuesque des promoteurs immobiliers.

Une dernière question : que va faire le gouvernement de ce no man's land au coeur d'Alger ?

L.M.A. et R.T.

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Commentaires (7) | Réagir ?

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lila laoubi

merci

wanissa

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moh arwal

Si on veut arrêter et inculper ces gens il ne devrait y avoir aucun problème normalement. Il suffirait de lire les actes d'acquisition de ces propriétés immobiliéres chez les notaires, relever les noms des vendeurs et des acheteurs et les amener chez le procureur qui doit les coffrer immédiatement comme ils ont fait pour coffrer les innocents comme Messieurs Slimane et Bouhafs, mais là, ils n'agissent pas ainsi parce qu'ils sont dans la magoullle et ils ont bien entendu, leurs parts du butin.

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