Le civisme commence à nos portes

La saleté semble devenir une norme.
La saleté semble devenir une norme.

Où est le bon sens dans nos actes quotidiens ? Où est le savoir-vivre, l'esprit citoyen et le respect de la nature et de l'autre ? Peut-on, en effet, appeler "civisme" le fait de quitter une plage et laisser des détritus joncher son sable comme seul signe de notre passage sur les lieux? Et nous accommoder nonchalamment, du spectacle d'une gare ou une station-services couvertes d'amas de poubelles, de mégots et de saletés ?

J'ai été sidéré en découvrant, la dernière fois, une image des plus pathétiques sur les réseaux sociaux d'une gare de mon pays où des usagers à l'apparence bien soignée côtoient, insouciants, des monticules de bouteilles vides, de papiers et d'immondices! Qui en est le responsable, en ce cas précis? L'Etat qui n'a pas dépêché, sur place, des agents de nettoyage, ces citoyens qui, de toute évidence, salissent les lieux et ne réclament pas d'entretien ou les raisons remontent à ce que d'aucuns nomment «une mentalité à l'Algérienne» c'est-à-dire, un mélange de je-m'en-foutisme', taghnenante' et du rejet de la responsabilité sur les autres? Bref, que se passe-t-il dans le cerveau des nôtres qui oublient le plus élémentaire de leurs devoirs, celui de la propreté? Pourquoi s'empressent-ils, pour la plupart d'entre eux, à entretenir leurs foyers et à négliger ce qui les entoure, prendre soin de leur intérieur et négliger leur dehors, au point de s'inventer un véritable don de duplicité qui cache la complémentarité des choses ?

C'est une réalité désagréable à constater pour parler, en toute franchise. Car partout où l'on va, c'est la même histoire qui se répète. Nous n'en avons pas fini avec les symptômes d'agressivité dans nos rues qu'est venue s'installer, durablement, cette habitude d'une éclaboussante vulgarité. Il y a quelques années auparavant, une de nos villes du littoral était considérée comme un joyau touristique, culturel et surtout un modèle de propreté, au niveau national. Ayant des plages bien entretenues et sécurisée jusqu'aux heures les plus tardives de la nuit, elle attire des gens de toutes les régions d'Algérie et même d'ailleurs (la diaspora et les étrangers). Hélas, la joie étant de courte durée car le passé, teint en bleu-vert, vire très vite à la laideur et au pessimisme : rues désolantes et insalubres, façades amochées des bâtiments, routes défoncées en centre-ville, trottoirs dégradés, sacs de poubelles partout éventrés, chiens errants, etc. Et le comble, c'est que les habitants regardent ces phénomènes «bizarres», avec moins de gêne.

Pourquoi régresse-t-on, à ce rythme inquiétant, en Algérie, en excellant dans l'absurde, même dans les détails les plus anodins ? Est-il compliqué par exemple de réclamer au maire ou à un quelconque responsable local des moyens : sacs, pelles, balais, balayettes, etc., pour accomplir la tâche par soi-même ? Est-il si compliqué de faire des campagnes de sensibilisation pour éduquer les générations montantes aux vertus du civisme? Où sont nos associations, nos comités de quartiers, nos élus, nos sages, etc. ? N'est-il pas grand temps de rompre, définitivement, avec cette culture de l'incurie ?

Kamal Guerroua

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Mourad BENKALFATE

Il ne faut plus se faire d'illusion. Le civisme est porté disparu et ne sera pas retrouvé avant bien longtemps.

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Atala Atlale

Je ne pense pas que les Algérois ayant plusieurs générations de résidence puissent penser jeter les poubelles de leurs balcons, par contre on raconte que au lendemain de l'indépendance, l'exode rural vers les grandes villes, notamment Alger a donné lieu aux nouveaux occupants des villas et logements abandonnés par les anciens colons à des scènes tragico-comiques où l'on apercevait sur balcons toutes sortes de bêtes de ferme. Bien sûr avec les années cela a plus ou moins disparu. Mais aujourd'hui je ne comprends pas comment des gens poussés par la mal-vie, et je le comprends - venir à Alger et dans d'autres villes planter des bidons-ville pour bénéficier de logements à la périphérie de ces grandes villes ! N'y a t-il pas un problème sociologique traité par Ibn Khaldoud : le rural et le citadin ? Alors que le citadin est poussé à aller habiter ailleurs, hors de ses quartiers où le jasmin sentait à des lieux et ses murs peints en blanc, ce qui a donné le surnom d'Alger la blanche ! Au fait que reste t-il d'Alger la blanche ? faut-il sévir ?

Oui ! Il le faut à mon avis !

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