Turquie : le Président de "Diyanet" met en garde contre l'association entre FETO et Islam

La Diyenet à la rescousse
La Diyenet à la rescousse

Le Président de la Direction turque des Affaires religieuses (Diyanet), Mehmet Gormez, a déclaré qu’il n’est pas acceptable d’associer le chef de l’organisation terroriste parallèle FETO, Fethullah Gulen, à des titres ayant un lien avec l’Islam.

Le Professeur Gormez s’est exprimé, jeudi, lors de la session de clôture du Conseil extraordinaire de la Religion, réuni depuis mercredi à Istanbul. Gormez a condamné avec fermeté la tentative de coup d’Etat et a assuré que cette organisation qui en est responsable, ne peut pas être associée à l’Islam.

«Nous ne pouvons pas parler d’organisation religieuse dans le cas de FETO. C'est une organisation qui est capable d’utiliser tous les moyens, même les plus effroyables, pour atteindre ses objectifs même les plus obscurs. C’est une organisation qui se sert de l’Islam et des valeurs islamiques que le peuple partage pour agir de manière totalement immorale, diviser la société, s’enrichir, s’emparer des institutions de l’Etat et hypothèquer l’avenir du pays», a-t-il affirmé.

Gormez s’est aussi exprimé sur les qualificatifs attribués à Fethullah Gulen, tels que «savant religieux» ou «imam».

La guerre de religion au nom de la démocratie

"Les qualificatifs attribués au chef de l'organisation terroriste FETO [Fethullah Gulen] ne sont pas associables à l'Islam. FETO est un mouvement qui se cache derrière l'Islam et qui se sert de la force religieuse pour ses propres intérêts", a-t-il averti.

«En Islam, il n’est pas possible de se choisir un autre guide ou une autre autorité que le Prophète Muhammed. Il n’y a pas de guide plus innocent et incontestable», a-t-il ajouté.

Agir autrement serait s’opposer ouvertement à la loi de Dieu et à la tradition du Prophète, a-t-il encore expliqué.

«Dans cette perspective, les paroles d’une personne ne peuvent être acceptées comme entièrement justes et incontestables. FETO fait clairement de l’exploitation religieuse. Utiliser la religion pour obtenir des intérêts et élargir son cercle d’influence n’a aucune base religieuse», a-t-il poursuivi.

Pour le président de la Direction des Affaires religieuses, FETO est "l’organisation d’un faux Messie".

«De nos jours, ces groupes sont exploités par les puissances internationales pour morceler les sociétés musulmanes», a-t-il estimé.

Gormez a rappelé que les thèses développées par FETO sont loin de se baser sur l’Islam mais sur des «rêves et des histoires mystérieuses».

«Aucune structure qui vise à diviser les Musulmans ne peut être considérée comme innocente alors que l’essence même de l’Islam est de réunir tous les musulmans malgré leurs différences de croyances et d’écoles de pensées», a-t-il encore dit.

Mehmet Gormez a ensuite annoncé qu’un grand Conseil islamique de l’Eurasie sera bientôt organisé pour expliquer aux musulmans de nombreux pays où est installée FETO, les risques que cette organisation représente.

«FETO est présente en Turquie mais aussi dans de nombreux pays en Europe, en Asie et en Afrique. Elle y présente un Islam vidé de ses richesses. Ce Conseil Islamique se réunira en novembre 2016», a-t-il annoncé pour finir.

Erdogan: Les prétexte Daech et FETÖ contre le PKK et le PYD

"Toutes ces organisations sont capables d’agir ensemble contre la République de Turquie", a affirmé le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan

Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré "ne concevoir aucune différence entre les groupes terroristes tels que le PKK, le PYD, le YPG, Daech et l’organisation guléniste FETÖ."

"Toutes ces organisations sont capables d’agir ensemble contre la République de Turquie", a affirmé Erdogan, lors d’une interview accordée à la chaîne mexicaine "Televisa".

"Cependant, nous allons continué à lutter contre elles", a-t-il ajouté.

Dans cette deuxième partie de l’interview accordée à Televisa et diffusée mercredi dans la soirée, Erdogan a vilipendé les propos de Fetullah Gulen, chef de l’organisation FETÖ, accusant la Turquie de soutenir Daech.

Des flèches en direction des USA

"La Turquie mène une lutte très sérieuse contre ce groupe terroriste", a-t-il dit. Erdogan a rappelé que les armes fournies par les Etats-Unis aux groupes terroristes PYD et YPG [branche syrienne du PKK et branche armée du PKK] à Kobané, dans le nord de la Syrie, étaient destinées à renforcer ces deux organisations contre Daech, seulement plus de la moitié de ces armes a été saisie par Daech.

"Je l’ai déjà dis à Mr. Obama [Président des Etats-Unis] que la moitié de ces armes envoyées à Kobané ont été saisies par Daech",a-t-il dit. Le Président turc a appelé la communauté internationale à prendre une position commune face à l’ensemble des ces groupes terroristes afin de les éliminer totalement.

Interrogé sur l’état d’urgence instauré en Turquie pour une durée de trois mois à la suite de la tentative de soulèvement militaire du 15 juillet, Erdogan a répondu: "C’est une affaire interne à la Turquie, nous prenons nos propres décisions".

Des membres du FETO dirigée par Fetullah Gulen (en exil volontaire aux États-Unis d'Amérique) infiltrés dans l'Armée turque, ont tenté un putsch militaire le 15 juillet.

Erdogan cherche à asseoir sa démarche sur une alliance islamo-nationaliste. Depuis les événements de la nuit du 15 juillet, le gouvernement AKP marginalise la troisième force au sein du parlement. Aux législatives de novembre 2016 le Parti démocratique des peuples a gagné une cinquantaine de sièges.

Vers des tensions dans le Kurdistan Irakien ?

Alors que la communauté scientifique est à son tour touchée par les purges, le pouvoir turc mobilise des voix d' "experts" pour relayer ses desseins. Tel semble le cas du professeur Bagli, pour qui l'organisation FETO, auteur d'une tentative de coup d'Etat le 15 juillet en Turquie, peut chercher à renverser Barzani dans le Nord de l'Irak et à le remplacer par le PKK et poursuivre ainsi les opérations contre la Turquie

Selon le Professeur Mazhar Bagli, maître de conférence à l’Université KTO Karatay en Turquie, l’organisation terroriste parallèle FETO peut tenter le même type de coup d’Etat dans le District du Nord de l'Irak, comme elle l’a fait le 15 juillet en Turquie.

Le Professeur Bagli a analysé et commenté les activités et les objectifs de l’organisation terroriste FETO pour l’Agence Anadolu.

Il a expliqué que dans l’histoire de toutes les sociétés, certaines structures se sont servi de la religion pour d’autres fins, imposant ainsi de sérieuses conséquences négatives tant aux religions qu’aux sociétés où elles se sont développées.

«Généralement, les religions sont capables de résister avec force contre toute menace qui vient de l’extérieur, mais elles ont beaucoup plus de mal à le faire contre des menaces intérieures. C’est une fragilité de base des religions», a-t-il affirmé.

Pour Bagli, la menace FETO n’a pas totalement disparu en Turquie.

Car, selon lui, cette organisation comporte de nombreux intérêts pour les forces extérieures qui sont hostiles à la Turquie.

«C’est une organisation qui s’oppose à tout ce qui est propre à la Turquie. Pour ces raisons, les forces extérieures vont continuer à alimenter FETO pour la renforcer et l’utiliser contre la Turquie», a-t-il affirmé.

«Je tiens particulièrement à évoquer une menace directe pour la Turquie. FETO peut entreprendre la même tentative [de coup d'Etat] dans la région autonome du Nord de l’Irak, comme elle l’a fait en Turquie le 15 juillet. Ils peuvent chercher à renverser Barzani et à le remplacer par le PKK et ainsi poursuivre les opérations contre la Turquie», a-t-il avancé.

Pour le Professeur, la Turquie doit continuer à être très vigilante concernant tout ce qu’il peut se passer dans cette région.

«Le Nord de l'Irak est beaucoup plus fragile que notre pays, ils peuvent donc très aisément y mener le PKK au pouvoir. C’est pourquoi la Turquie doit sans cesse expliquer aux pays de la région combien FETO est une grande menace pour eux aussi», a-t-il ajouté.

L’académicien est ensuite revenu sur ce qu’il s’est passé le 15 juillet en Turquie. «Quand le peuple a compris qu’il ne s’agissait pas seulement d’une tentative de coup d’Etat mais d’une tentative d’occupation du pays, il est sorti en masse dans les rues et s’est opposé aux chars, aux avions et aux hélicoptères. Toute la population, sans distinction de religion, d’idéologie ou de croyance s’est opposée à cette entreprise», a-t-il rappelé. «Le monde entier a vu comment ce peuple sait s’unir sous son drapeau pour contrer une menace qui vise son pays. Il a écrit une nouvelle épopée», a-t-il conclu.

Syhthèse Aghiès Saâdhi

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Commentaires (6) | Réagir ?

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chawki fali

merci pour l'information et le partage

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Hend Uqaci Ivarwaqène

Effectivement, ce que dit Chomsky n'est surprenant que parce que cela vient d'un Américain. Autrement pour un Sud-Américain, par exemple, c'est d'une banalité exaspérante. Idem pour ses travaux en linguistique qui sont révolutionnaires, mais vu par un américain. Les américains ont ceci de respectable et d'admirable, c'est qu'ils sont scientifiquement en avance sur tout et ret vers tout. Aussi bien vers la lumière que vers l'hécatombe

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