Pèlerinage de La Mecque: guerre froide entre l’Arabie saoudite et l'Iran

Le dernier Hadj a été particulièrement sanglant pour les Iraniens.
Le dernier Hadj a été particulièrement sanglant pour les Iraniens.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères a affirmé dimanche que l'Iran avait posé des conditions inacceptables pour la participation de ses ressortissants au grand pèlerinage annuel des musulmans à La Mecque en septembre.

L'Iran a réclamé le droit d'organiser des manifestations, ainsi que des avantages (...) qui créeront le chaos au hadj (pèlerinage), ce qui est inacceptable, a déclaré Adel al-Jubeir lors d'une conférence de presse commune avec son homologue britannique Philip Hammond à Jeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite.

Le ministre saoudien faisait allusion aux manifestations dites de l'aversion des athées, émaillées de slogans hostiles aux Etats-Unis et à Israël, que les fidèles chiites iraniens tentent chaque année d'organiser lors du pèlerinage en Arabie saoudite sunnite.

En 1987, une manifestation de pèlerins iraniens à La Mecque avait dégénéré en affrontements avec les forces de sécurité saoudiennes, faisant 402 morts, dont 275 Iraniens.

Depuis, les pèlerins iraniens ont pris l'habitude de manifester discrètement dans leurs camps pendant le hadj pour éviter tout contact avec les forces de sécurité saoudiennes. Après deux séries de négociations avec l'Arabie saoudite, l'Iran a annoncé dimanche qu'il n'enverrait pas cette année de pèlerins au hajj, en accusant les autorités saoudiennes d'entraves.

Ryad et Téhéran, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis janvier, menaient depuis plusieurs mois des discussions difficiles pour fixer les conditions de l'organisation du grand pèlerinage prévu cette année en septembre.

Le hajj ne peut pas être politisé, a estimé M. Jubeir, soulignant toutefois que Ryad avait répondu favorablement aux autres demandes de Téhéran. Il a précisé que son gouvernement avait notamment accepté d'émettre des visas électroniques pour les fidèles iraniens et que la compagnie nationale iranienne assure le transport de la moitié des pèlerins de ce pays.

Selon le ministre, l'Iran aurait également pu bénéficier d'une représentation diplomatique à Jeddah, ville saoudienne proche de La Mecque, par le truchement de l'ambassade de Suisse qui représente les intérêts iraniens en Arabie saoudite.

Les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques depuis le début de cette année. Mais les Iraniens ont refusé de signer un mémorandum d'entente pour la participation de leurs fidèles au hajj cette année, a ajouté le ministre saoudien, assurant que son pays n'empêche personne d'effectuer le pèlerinage.

AFP

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