Kamal Hamadi : l’âme kabyle sur mesure

L'affiche de l'événement.
L'affiche de l'événement.

Un grand hommage sera rendu à Kamal Hamadi ce samedi 7 mai à la Salle Jean-Eudes ( 3535 Boul. Rosemont). Organisé par le TRA ( Théâtre du Renouveau Amazigh d'Ottawa-Hull, cette soirée sera animée par plusieurs artistes de la communauté kabyle.

Qui ne connaît pas Kamal Hamadi ? Son parcours est connu et reconnu par tout le monde. Il a écrit en kabyle et en arabe algérien les plus belles pages de la chanson kabyle et algérienne. Il a certes écrit en arabe algérien, mais sa pensée et son âme sont demeurées kabyles. "Je suis l’enfant de Kabylie. Mon âme, mon accent et ma pensée sont kabyles et le resteront jusqu’à mon dernier souffle. Je suis fier de mon accent et de mes origines", dira-t-il lors de la conférence de presse tenue cet après-midi au centre Saint-Pierre de Montréal la veille d’un grand hommage qui lui sera rendu à Montréal.

Enfant d'Ait Daoud, daïra de Ait Yani, il ne connaissait rien du monde artistique. À l’école, il a découvert l’univers des fables de Lafontaine. En plus de les lire et d’y plonger avec toutes ses forces, il a commencé à les traduire au kabyle. C’était naturel chez lui. Il a, par la suite, séjourné entre Alger et Oran avant de s’installer dans la capitale algérienne chez son oncle pour exercer le métier de tailleur. Un métier minutieux qui a déteint sur son métier de poète et de musicien plus tard : "Même dans la chanson, je fais du sur-mesure. Je m’ajuste à la personnalité de l’artiste qui veut mes compositions."

Il admirait les grands artistes kabyles, algériens et arabes sans se douter qu’il finirait par les rencontrer, les côtoyer et surtout collaborer avec eux et faire partie de leur monde. Et quel monde ! Le premier qu’il avait croisé à Alger, c’était Slimane Azem. Il scrutait tous ses faits et gestes avant de l’approcher. Il a écrit ses premières chansons à Abdelkader Fethi avant de découvrir qu’il était kabyle. Il l’a donc incité à chanter en kabyle. Il a également composé la superbe chanson d’El Anka (Izriw…) en guise de réplique à son fils Mustapha El Anka que Kamal Hamadi a fréquenté en France et qui a fini, à son tour, par chanter en kabyle. Et c’est ainsi que Radio Alger et Radio Paris des années 1950 lui avaient ouvert les portes de la gloire que ce soit dans la chanson ou dans le théâtre.

Ce jeune tailleur, qui faisait son métier tout en composant de la poésie, a attiré l’attention d’une belle et jeune fille ambitieuse. C’était Nora, la fille de Cherchell. Il a fini par lui parler et l’encourager à s’inscrire au conservatoire d’Alger. Il lui a porté bonheur à elle aussi à l’instar de tous les artistes qui l’avaient approché. Il a également fini par tomber amoureux d'elle: "Elle était belle et j'étais beau", souligna-t-il avant de rajouter: "Nora ne parlait pas kabyle. Je lui avais concocté un dictionnaire pour lui faciliter la tâche. Par respect et par amour à mes parents et à mon village, elle avait appris et chanté ma langue." L’artiste Nora est décédée suite d’une longue maladie. M. Hamadi en parle difficilement : "J’ai perdu ma moitié, ma complice, l’amour de ma vie".

Kamal Hamadi est un artiste prolifique. Son ouverture sur l’art du monde, il l’a exploitée pour servir sa langue et ses racines kabyles avec un génie extraordinaire. Son parcours artistique a eu la chance de croiser des gens qui aimaient et qui encourageaient l’art. Il insiste sur le fait que chaque époque a ses créateurs. La relève émerge et pour chaque époque, il ne restera sur le terrain que les meilleurs. La communauté kabyle du Canada l’accueille fièrement pour lui rendre hommage et lui exprimer son admiration et sa reconnaissance.

Djamila Addar

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Commentaires (2) | Réagir ?

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merci bien pour les informations

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algerie

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