Les BRICS, organisation internationale de la corruption

Les BRICS, organisation internationale de la corruption

Ils étaient l'espoir des pays émergents. Le pétrole et autres matières premières coulaient à flot pour une ivresse qui n'a jamais désaoulée. Avec la crise économique, le réveil est brutal et la gueule de bois fait mal. Du Brésil à l'Afrique du Sud, le mur de l'espoir des BRICS s'écroule car le ciment indispensable à son maintien avait été oublié.

Ils ont cru être arrivés au sommet de l’ascension économique, jusqu'au miracle. Ils avaient pensé un moment que le chemin était enfin comblé entre eux et les anciennes puissances mondiales. C'était sans compter que l'économie est avant tout une histoire d'hommes, de comportement et de projet partagé. Ces pays se sont engouffrés dans une corruption massive et un système démocratique de façade. L'économie leur a donné une bonne leçon même si, à l'heure actuelle, ils ne sont pas encore résolus à en tirer les conséquences.

Analysons ce beau rêve brisé des BRICS et remettons-le dans une analyse plus prospective, au-delà de l'écume des postures ostentatoires et de la misère intérieure qu'elles ont créée. Les BRICS, c'est comme les nouveaux riches, Rolex, Mercedes et comptes offshore, sur le dos d'une population qui n'a droit qu'aux miettes.

A terme, ces pays ne sont pourtant pas définitivement condamnés car l'être humain réagit toujours face à l'adversité. Cependant, il faudra une autre vision, un autre comportement moral et politique pour qu'ils finissent par avoir enfin leur place dans le monde, à l'égale proportion de leur importance.

D'émergents à BRICS

C'est dans les années quatre-vingt-dix que l'expression "pays émergents" prend cours dans les milieux financiers internationaux. La banque américaine Goldman Sachs introduit ensuite la notion de BRIC qui est un acronyme de Brésil, Russie, Inde et Chine. Depuis 2011, l'Afrique du Sud rejoint le club fermé et voilà que l'appellation se transforme en BRICS.

La notion de BRICS se distingue de celle de pays émergents par le poids économique et démographique important de ces pays, critères auxquels on doit rajouter celui de la capacité à peser sur la scène politique internationale. La précision est importante car, par exemple, le Chili ou la Pologne ont des performances économiques plus évidentes. Les BRICS sont membres du G20, ce qui les placent à la table des grands de ce monde. Ils ont également une place prédominante au FMI où ils sont particulièrement influents. Finalement, ne reste qu'une place forte où ils n'ont pas encore leur place, à l'exception de la Chine et de la Russie, le Conseil de sécurité de l'Onu. Cela ne saurait tarder car cette très vieille distribution des places née de la fin de la Seconde Guerre mondiale (pour les plus anciens du Conseil) est de plus en plus contestée.

Brics, une association internationale de corrompus

Faisons le point sur les BRICS, à travers leurs dirigeants. En Afrique du Sud, le Président Jacob Zuma est menacé d'une relance de poursuites pour plus de sept cents charges de corruption. L'affaire judiciaire débute en 2007 alors que l'actuel président était encore le leader du Congrès National Africain (ANC). L'inculpation repose sur les chefs d'accusation de corruption, fraude fiscale et racket pour signature d'un contrat d'armement de 4,8 milliards de dollars conclu en 1999.

A l'approche des élections présidentielles, le parquet général avait abandonné les poursuites pour vice de forme. L'affaire fut récemment relancée car les magistrats estiment qu'elle avait été abandonnée pour des raisons politiques et non judiciaires. Voilà que le président d'une puissante BRICS est dans la tourmente judiciaire, loin des déboires économiques dont souffrent les citoyens.

Pour le partenaire chinois, si le mot corruption n'existait pas, il serait inventé en la circonstance. Le système politique et administratif chinois est dévasté par une gigantesque corruption que même l'humour s'en est emparée dans le quotidien des blagues chinoises. Pour exemple, parmi des milliers d'autres, l'affaire récente des "Panama papers" a dévoilé le nom du beau-frère du président Xi Jimping comme l'actionnaire unique de deux sociétés écrans offshore. On peut s'imaginer que le président a eu la prudence de ne jamais être directement et nommément impliqué dans des affaires douteuses mais qui peut lui accorder le moindre crédit de confiance ?

Quant au président russe Vladimir Poutine, il est le champion des champions de l'esquive. Une affaire de corruption à milliards, ce n'est pas lui mais son entourage. Quelques meurtres d'opposants politiques, ce n'est pas lui mais des marginaux de son organisation politique. Toujours soupçonné, jamais pris. Il n'empêche que son régime est l'un des plus corrompus que n'ait connu ce pays, pourtant toujours dans l'excellence historique de l'exercice de corruption de ses dirigeants. Et pendant ce temps, la descente aux enfers se poursuit pour un peuple qui avait pourtant cru que le cauchemar de la misère des siècles passés était un lointain souvenir.

Quant au Premier ministre indien, Narendra Modi, il le déclame, avec lui c'est le retour à la pureté morale, la corruption sera éradiquée. Promis, juré ! "La corruption ronge l'Inde comme une termite", affirme-t-il. Mais il oublie de préciser que son accession au pouvoir est due à un parti politique dévasté par la corruption. Des accusations incriminent la ministre des Affaires étrangères de son propre gouvernement, Sushma Swaraj, ainsi que deux chefs exécutifs de puissantes provinces de l'Inde, affiliés à son parti politique.

Quant à Dilma Roussef, présidente du Brésil, elle vient de subir un vote de défiance des députés dans une procédure "d'impeachment" ayant comme chef d'accusation un "crime de dissimulation des données économiques" aux fins d'une élection présidentielle. La quasi-totalité des députés qui viennent de se prononcer pour sa destitution sont poursuivis dans des affaires de corruption, surtout le plus virulent d'entre eux, celui qui est promis à la succession. Paradoxalement, Dilma Roussef est l'une des rares à ne jamais avoir été entachée de soupçons de corruption mais la couverture scandaleuse qu'elle a fait valoir à son ancien mentor (l'ex-président Lula, visé par une poursuite judiciaire pour corruption) prouve qu'elle n'est pas plus saine politiquement que ses pairs.

La charrue avant les bœufs

Ce qui est arrivé à ces grands pays n'est pas étonnant et ce n'est pas la première fois que cela arrive. Les personnes de notre génération ont connu des dizaines de phases d'espoir suivies par un écrasant retour à la réalité. Et toujours pour la même cause, les pays concernés n'ont pas été consolidés par le solide ciment de la démocratie et de la morale publique.

Les vieux pays économiquement puissants (car ils le sont encore) n'ont pas été un modèle de vertu et ne le sont toujours pas d'une manière indiscutable. La différence est qu'ils sont passés par un processus lent et violent, fait de révolutions, de sang, de souffrance et de combats divers. Les États solides et leurs systèmes judiciaires ont connu une très longue histoire mouvementée. Les intellectuels, les écoles de pensées, les mouvements citoyens et les systèmes d'éducation ne sont pas apparus d'un claquement de doigts.

Les pays émergents n'ont pas appris la leçon et ont cru que les revenus pétroliers ou d'autres matières premières suffisaient à en faire des pays développés, sans aucune base transitoire construite patiemment et avec solidité. Ils décroissent aussi rapidement qu'ils ont émergé et il est certain que le chemin sera beaucoup plus long qu'il en avait l'air. Il est impossible de construire un pays viable avec un tel niveau de corruption et de violence politique. C'est tout à fait impossible

Une autre voie , un autre modèle ?

Pourtant, l'humanité est toujours ainsi faite qu'elle avance inéluctablement. Si ces pays se donnent un jour un autre objectif que celui de la corruption massive comme système d’État, il est certain que leurs atouts restent extraordinaires. Rien de ce qui nous a fait rêvé en ces pays n'est perdu. La démographie que l'on croyait être un boulet s'est révélée être le plus grand des atouts économiques. La formation s'est accélérée, les consciences politiques sont beaucoup plus éveillées qu'elles ne l'étaient auparavant et les infrastructures relativement avancées.

De nombreuses études économiques font état d'un rattrapage, malgré tout, de ces pays qui les placeraient enfin dans un rang qui est à la dimension de leur superficie et de leur population. Mais ces études prévoient un horizon à au moins une trentaine d'années. Et comme tout algérien, je sais que les études économiques reculent l'horizon tous les trente ans comme ce fut le cas des réserves pétrolières.

Seul l'acharnement pour construire un modèle d'éducation ouvert est la solution. Cela a toujours été le cas et sera probablement le cas pendant le reste du temps qu'aura l'humanité à vivre. Ce sont les hommes et leur comportement qui font l'économie, pas une matière première inerte. Et ce comportement doit impérativement aboutir à se débarrasser définitivement des régimes corrompus, militaires, religieux ou népotiques. Il n'y a pas d'autre issue.

Si nous devions transposer la leçon au cas algérien, la jeunesse ne doit pas avoir peur, l'avenir lui sourit car cette histoire c'est celle de leurs aînés dont il ne faut surtout pas suivre l’exemple. C'est d'ailleurs déjà un autre monde que le leur et j'en suis ravi pour elle.

Quant à "l'ancienne" Algérie, elle ne fut pas en mesure d'être une BRIC. Peu importe, la leçon est la même. A cent dollars le baril, elle a cru pouvoir placer un pouvoir douteux sur un fauteuil pour la promesse d'un avenir radieux. A trois fois moins le baril, nous avons toujours le fauteuil mais plus la croissance. La jeunesse s'en débarrassera dans le déversoir des souvenirs à oublier.

Sid Lakhdar Boumédiene

Enseignant

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Commentaires (2) | Réagir ?

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rezki AADI

ya si lakhdar boumediene avant d essayer de critiquer quelque chose il faut bien l etudier!.... comprendre le pourquoi de la creation des brics et leur but!... meme toi tu aurais profité de leur reussite, mais malheureusement comme l ecrasante majorité des algeriens tu est beaucoup trop influencé par la propagante de la prestituée occidentale!... qui nous aime beaucoup!... qui pense a notre bien etre!.... cherche a comprendre qui est a l origine des revolutions de couleurs.... des tentatives de destabilisation dans ces BRICS... dont la derniere est l attaque contre la presidente du bresil.... et tu comprendras ou est ton interet.... monsieur l enseignant, avant de parler du club des corrompu il faut d abord determiner qui est le club des corrupteurs.... je te conseille de lire le livre de j. hopkins. les confessions d un assassin financier. disponible sur internet. tu comprendra toute la politique occidentale et ses visées envers le reste du monde et surtout ses peurs de voir s afermir la puissance des BRICS!.....

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Bachir Ariouat

Encore une fois, à voir les personnalités sur la photo, ils se proclament tous êtres des représentants des peuples pauvres, où la presses est soumises au joug du pouvoir, les dictateurs sont des princes,

nous voyons bien que là, ou la liberté n'existe pas et le peuple est soumet au coups de pied au C.., la corruption et reine dans son milieux, elle nage dans le bonheur, partout les peuples se lèvent pour dénoncer la corruption, chez nous on lui déroule le tapis rouge, encore une fois nous avons ce que nous méritons.