Les ONG de défense des libertés dénoncent les accointances entre la FIJ et la Ligue arabe

Pourquoi la Fédération internationale des journalistes accorde-t-elle du crédit à la très autoritaire Ligue arabe ?
Pourquoi la Fédération internationale des journalistes accorde-t-elle du crédit à la très autoritaire Ligue arabe ?

Des ONG arabes mettent en garde contre un projet de «mécanisme régional spécial pour la liberté d’information» sous l’égide de la Ligue des États arabes.

Les organisations arabes des droits humains soussignées, dénoncent l’obstination de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) à aller de l’avant, conjointement avec l'Union des journalistes arabes, dans l’établissement d’un «Mécanisme régional spécial pour la liberté d’information dans le monde arabe», sous le parapluie de la Ligue des États arabes.

La Fédération internationale des journalistes prétend que ce mécanisme serait similaire aux "mécanismes internationaux et régionaux qui ont prouvé leur efficacité, à savoir, le mécanisme spécial des Nations-Unies pour la promotion de la liberté d’opinion et d’expression, ainsi que ceux de l’Union Africaine, de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe et de l’Organisation des États américains.

La Fédération internationale des journalistes a donné le coup d’envoi en 2014 à un «processus de consultation» au sujet de ce mécanisme. Ce processus rendu public récemment, appelle les observations suivantes :

Premièrement: ce processus ne précise pas que les mécanismes internationaux et régionaux qui ont inspiré le projet de la FIJ, soit le mécanisme des Nations-Unies ou celui de l'Union africaine ou de l'Organisation des États américains, sont chargés, principalement, de la promotion et la protection de la liberté d'opinion et d'expression sans aucune dissociation ou division des droits et libertés qui en émanent, tel que la liberté de l’information, qui fait partie intégrante la liberté d'opinion et d'expression.

Deuxièmement: le processus semble ignorer le principe de l’universalité du droit à la liberté d'opinion et d'expression et son rattachement aux autres droits et libertés, en particulier, le droit à la liberté de presse, le droit à la connaissance et la liberté d’échange d'informations ainsi que le principe de l’indivisibilité de ces droits.

Troisièmement: le processus passe sous silence l'importance de l’obligation de respect des principes d'indépendance, de neutralité et d'objectivité, et de l’éradication de la méthode des doubles standards, lors de l'examen des questions des droits humains, selon la résolution de l'Assemblée Générale des Nations-Unies 60/251, en date du 15 mars 2006 concernant le Conseil des droits de l'Homme.

Quatrièmement: le processus évoque la possibilité de mettre ce mécanisme sous l’égide de la Ligue des États arabes ou certaines des organisations placées sous sa tutelle, alors que cette dernière est assujettie à des décisions et instructions émanant de régimes politiques considérés comme étant les pires dans le domaine du respect de la liberté d'expression et d’information dans le monde, tel que montré par tous les indicateurs locaux, régionaux et internationaux

Il est important de rappeler, à cet égard, que la Charte arabe des droits humains, approuvée par la Ligue arabe en 2004, est contraire aux principes fondamentaux du droit international des droits humains, en ce qui concerne la liberté d'opinion et d'expression, étant donné que son article 32 permet de limiter la liberté d'opinion et d'expression, contrairement aux conventions internationales concernées , notamment l’Article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Il convient également de rappeler le caractère répressif des décisions et des principes approuvés par le Conseil des ministres de l'information de la Ligue des États arabes, et en particulier le document relatif aux "Principes de régulation de la diffusion radiophonique et télévisée par satellite dans la région arabe", adopté en 2008, qui est l'une des pires décisions prises par un organisme gouvernemental régional dans ce domaine.

Les organisations arabes de droits humains soussignées, après avoir pris connaissance du contenu de ce projet qui représente une menace réelle pour l'avenir de la liberté d'expression et d’information, étant donné qu’il ne reconnait pas les standards universels des droits humains et prétend s’inspirer des mécanismes internationaux et régionaux disposant de garanties structurelles, procédurales et juridiques qui assurent l'objectivité, l'impartialité et l'indépendance de leur décisions, contrairement au cas de la Ligue arabe.

1. Mettent en garde contre les risques que ce projet fait encourir aux journalistes arabes, car il ne qui ne remplit pas les conditions objectives permettant de contribuer à la protection des médias arabes, devenus, aujourd’hui, la cible d’agressions barbares et sans précédent dans les décennies passées. Elle condamne l’obstination à aller de l’avant en vue de le l’imposer.

2. Appellent les organisations de la société civile soucieuses de protéger le droit du citoyen arabe à des médias libres et respectueux des standards de l’éthique journalistique à se mobiliser, en toute urgence, afin de procéder à un échange de vue sur les meilleurs moyens et mécanismes efficaces et indépendants susceptibles de protéger ce droit dont la négation ou la restriction abusive ne peuvent qu’engendrer des dommages terribles à la liberté des peuples et à l'avenir de leurs enfants.

Il est à noter que la Fédération Internationale des Journalistes a entamé, depuis 2014, le "Processus de consultation" au sujet du "Mécanisme régional spécial pour la liberté de l’information dans le monde Arabe", sans consultation ni coordination avec les organisations arabes des droits humains reconnues pour leur indépendance et leur participation au combat contre l’autoritarisme.

Organisations signataires :

  • Centre du Caire des études des droits humains
  • Fondation Maharat, Liban
  • Association marocaine des droits humains-Amdh
  • Association Freedom Now-Maroc
  • Association marocaine du journalisme d’investigation-Amji
  • Association tunisienne femmes démocrates
  • Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme
  • Forum tunisien des droits économiques et sociaux
  • Centre de Tunis porc la liberté de la presse
  • Association Beity, Tunisie
  • Centre pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie
  • Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux
  • Association Vigilance pour la Démocratie et l’Etat civique, Tunisie
  • Association tunisienne de lutte contre la torture
  • Association tunisienne de défense des valeurs universitaires
  • Association des Tunisiens de France
  • Réseau Euro-Maghrébin Citoyenneté et Culture
  • Centre arabe pour la liberté des médias et le développement et la recherche
  • Ligue algerienne de defense des droits de l’homme (LADDH)

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Commentaires (3) | Réagir ?

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gestion

MERCI

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algerie

merci

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