"In challah" en supplique, le FBI s’implique !

Chez l'Oncle Sam, on est sourcilleux quand on entend parler arabe.
Chez l'Oncle Sam, on est sourcilleux quand on entend parler arabe.

Dans ce monde où tout semble aller à contre-sens de tout bon sens, chaque journée qui passe vous laisse perplexe devant les nombreux lots de surprises que les nouvelles du monde vous réservent.

Si les unes vous émerveillent, à l’exemple de ce geste fort du pape François, lequel prend dans ses valises 12 réfugiés de l’île grecque de Lesbos pour les accueillir et leur offrir une vie nouvelle et paradisiaque (sous le toit de Dieu et de son mandataire, comment ne le serait-elle pas ?) au Vatican, d’autres vous désenchantent et vous laissent incrédules face à certains préjugés coriaces et les conséquences désastreuses qu’ils peuvent avoir sur les instants paisibles du simple quidam inoffensif. À l’exemple de ce jeune étudiant Irakien qui se retrouve pointé du doigt, soupçonné de malveillance, et pour lequel un plan anti-terroriste est rapidement déclenché, police sollicitée et FBI mobilisé, juste pour quelques mots en arabe prononcés. Des situations dont malheureusement personne, surtout pas le teint basané, ne peut se prétendre être à l’abri, d’autant que le terme déclencheur d’une phobie hystérique est une simple formule ornée d’une dose de naïveté si vaste que nul espace terrestre ne serait capable de la contenir en totalité ! La formule élémentaire "In challah", cette supplique prononcée à tout-va, des dizaines, voire des centaines de fois par jour, par des centaines de millions de musulmans, aux quatre coins de la planète, vient d’être à l’origine d’une situation cocasse et effroyable à la fois, au pays de l’oncle Sam !

C’est l’histoire invraisemblable d’un jeune Irakien qui se retrouve débarqué manu-militari d’un avion alors qu’il discutait tranquillement au téléphone avec son oncle dans sa langue maternelle, en attendant le décollage de son vol retour pour Berkeley. Un dialogue des plus banals suivi d’un Inchallah final, comme cela est de rigueur lors de discussions entre musulmans. Un Inchallah naïf et spontané qui déclenche aussitôt une réaction d’affolement démesurée et insensée! Ce comportement de méfiance chronique absurde, de la part d’un voyageur, et la mobilisation qui s’en est suivi à l’encontre de l’étudiant, démontre qu’il nous reste encore beaucoup de chemin à faire pour que les uns s’imprègnent de la culture des autres, en intégrant certaines «distorsions» buccalo-phoniques sans y percevoir du danger en permanence.

Il ne suffit pas d’avoir inventé Internet et transformé la planète en un petit village, au sein duquel les gens communiquent gaiement et en direct d’un point du globe à un autre, pour qu’une harmonie universelle dénudée de toute méfiance s’installe entre le Sud et le Nord, entre l’Orient et l’Occident. Encore faut-il que tout le monde s’imprègne des codes les plus élémentaires qui régissent des sociétés éloignées du centre de gravité des planètes Facebook et Google ! Il est temps que «l’homme blanc civilisé» sache que cette formule Inchallah, à l’origine des déboires de cet Irakien, étudiant dans la prestigieuse Université de Berkeley, lequel venait de participer à une conférence de l’ONU avec Ban-Ki Moon (certainement sur un sujet lié à la paix dans le monde), est consacrée pour être prononcée à saturation par chaque individu né dans le monde musulman. Qu’il soit pratiquant un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie ; qu’il soit juste croyant mais non pratiquant, athée pacifique ou je-m’en-foutiste de la première heure par rapport au fait religieux ! La formule Inchallah circule dans l’ADN islamique, de l’extrême Orient aux dernières portes du Maghreb, jusqu’au seuil de l’océan. Une supplique que chaque citoyen intègre dès le berceau et les premiers bafouillages que bébé s’efforce à émettre devant le regard attendri de la petite maman! Inutile d’être spécialiste es-phonèmes pour affirmer que In challah et Hamdoullah font certainement partie de ces formules orales qui évacuent très tôt du gosier de l’homo-islamus le hameçon inertiel qui, selon Fellag, limite le spectre phonétique de «l’homme blanc» qui croit que l’Anglais, le Français ou l’Espagnol sont les seules langues dignes de l’homme épuré par l’évolution, et que toutes les autres ne sont que des patois pratiqués par des indigènes indissolubles dans le moule du Monde moderne! Mais «homme blanc», il faut que toi comprendre qu’Inchallah représente le composant primordial, la substance vitale, le constituant fondamental de la syntaxe même du vocable utilisé par chaque homme et chaque femme né(e) musulman(e) ! C’est en même temps le oui et le non, le jamais et le toujours, le brièvement et l’éternellement, le tout et son contraire, le yin et le yang du bloc Maghreb-Moyen Orient! Toi pas comprendre «homme blanc» ? Moi te donner leçon en trois exemples :

1- Attiré et troublé par une collègue de bureau, tu oses t’en rapprocher, et tout hardi tu lui dis : -on se voit après le boulot ma jolie? Elle te répond : - Inchallah ! Cela peut signifier "oui j’en serais ravie!" Mais cela peut tout autant vouloir dire «non, j’ai pas le temps ! Et puis d’abord, fiches moi la paix, toi le malotru, moche et mal enfanté !"

2- Tu demandes une augmentation à ton patron, lequel te répond : -Inchallah ! Telle réponse peut bien vouloir dire "oui tu l’as bien méritée, tu as bien travaillé !", comme elle peut sous-entendre «tu peux bien attendre espèce de bras cassés, jamais à l’heure, jamais satisfait !"

3- Tes enfants réclament une petite virée à Disneyland, le nouvel iphone ou une télé HD, et en père bienveillant, tu n’oses pas dire non et les envoyer balader ? Eh bien, un petit Inchallah à prononcer, te voilà sorti d’affaire et soulagé !

Capiche "Homme Blanc" civilisé ?

La formule Inchallah est propre au monde Islamique depuis des centenaires. Elle est peut-être bien antérieure à la venue au monde de Mahomet. Cela reste à vérifier ! Elle n’a donc rien d‘une profession de foi anti-Occident, d’un quelconque cri de guerre ou d’un mot de passe d’offensive pour tout sur Terre exterminer ! Il s’agit d’une simple supplique qui dépeint, à elle seule, toute la naïveté des musulmans avec ce penchant instinctif irréversible à constamment remettre sur le dos d’Allah chaque fait et geste présent, chaque projet et acte à venir. Notre quotidien est géré dans ses moindres détails par Allah le tout puissant ! Vous, c’est au nom du père du fils et du saint esprit à chaque prière, la Vierge Marie s’y étant mêlée. Nous c’est Inchallah, Hamdoulah par séries entières, par Mahomet révélées. Chacun ses croyances, les vaches seront bien gardées et les Vols jamais plus retardés !

En guise de petit rab illustratif ; de tous temps la formule In challah a été perçue comme une supplique à la carte dont la signification exacte est laissée à l’appréciation de celui qui la prononce et au discernement de celui à qui elle s’adresse ! Chez nous, nos vieux s’amusent d’ailleurs gaiement de l’innocence qu’elle sous-tend:

- Wa Na el Djouher (Eh tatie Djouhar) ! S’égosillait un jour un vieil homme de mon village perché sur une colline des montagnes de Kabylie.

– Achou a Saïd ? (Oui que veux-tu Saïd ?).

– Adhigh rebbi atsmethedh ! (Puisse Dieu précipiter ta mort !)

– Inchallah a Saïd ! Inchallah ! Tonitruait gaiement tatie Djouhar, en guise de réaction. Avant de rajouter sur le même ton de gaieté sarcastique «ts’khilekh inas i rebbi yaggui, milmi isyahwa akli wajdhedg, dhayen a3yigh dhi’dounith agui» (stp, dis à ce Dieu que je suis prête, qu’il me reprenne dès qu’il en a envie, la vie ici bas me fatigue !).

C’est dire, combien nos aïeuls avaient su décoder, à évidence, le dessein de toutes ces niaiseries ordonnées par le ciel. Niaiseries utilisées par des envahisseurs farouches pour confisquer des terres lointaines aux leurs, en dopant les tribus pacifiques du terroir de formules narcotiques pour les précipiter dans un sommeil profond duquel ils ne s’éveilleront jamais plus ! N’est-ce pas le cas de notre beau pays, l’Algérie, Grande Mosquée d’Alger en berceuse distinguée?

Au-delà de ces envolées amusantes, il eut été bien instructif de connaitre le profil intellectuel et social de la dame à l’origine des déboires de notre jeune Irakien. Sans telle information, l’on est en droit de se dire que le travail du journaliste enquêteur s’arrête un peu trop vite là où il devrait justement commencer. Bien qu’on ne peut qu’applaudir ces enquêtes journalistiques qui font connaître au monde certaines méprises et incitent à les combattre, il serait pour le moins utile, pour une meilleur marche du monde, de cerner le profil de ceux qui projettent la langue arabe dans un océan de peur insensée. Et tout cela est affaire d’éducation et de projet collectif, nœud Gordien d’une thérapie de masse de l’Occident et de l’Orient, l’un vis-à-vis de l’autre ! En lieu et place d’armes de destruction massives, n’est-il pas temps de laisser proliférer un arsenal de pédagogie accélérée à l’échelle mondiale? Combattre la pollution atmosphérique c’est bien, mais combattre la pollution intellectuelle serait tellement mieux !

En guise de top départ, M. Zuckerberg, faites donc du terme In challah le premier synonyme de paix sur la planète Facebook, en espérant qu’il se transforme un jour en pont de tranquillité, en joint de sérénité entre la naïveté de l’Orient et l’espièglerie de l’Occident ! Car sous un angle de vision ajusté, quelle est donc la différence entre ces deux blocs sociaux? L’Orient n’aime pas trop l’Occident, par la grâce d’un Allah utopique au nom duquel il se croit meilleur que "le grand Satan", pendant que "l’homme blan" le pille par la grâce du Bienfaiteur eurodollar tout aussi chimérique au nom duquel il se considère supérieur ! In challah assez d’utopismes ! L’Orient et l’Occident sont les faces d’une même pièce, celle de l’Homo Sapiens ! Nous vivrions tous dans le meilleur des mondes si la suffisance sénile de l’Occident s’estompait en même temps que la naïveté infantile de l’Orient !

En attendant, qu’en pensent Daech, le représentant d’Allah sur Terre, et Wall Street, le messager du dieu dollar sur la planète "Capital et Affaires" ?

Kacem Madani

Plus d'articles de : Débats

Commentaires (9) | Réagir ?

avatar
Kacem Madani

@ Kichi : Azul à yahviv !

Ah maintenant je comprends pourquoi l’œuf et la pincée de sel étaient utilisés comme éléments essentiels dans la thérapie du terroir, avec des formules dénudées de quelconque invocation d’Allah, mais essentiellement centrées sur adigh rebbi aka dh’waka… wa dhechfa, wa dh’dwa.. sla3naya n’sidhi valwa etc….. débitées en phase avec la pincée de sel qui tournoyait au-dessus de la tête et l’œuf utilisé en guise de boule de cristal dans lequel le diagnostic semblait apparaître en 3D !

Je me souviens, d’une vieille dont la spécialité était le « dhawri thamallalt » et à laquelle tout le village faisait appel dès qu’un bébé tombait malade. Si pendant le décryptage de l’œuf, la vieille accompagnait ses incantations de sourires, il n’y avait rien à craindre, bébé était sauf. Si par contre, son visage demeurait grave, il n’y avait plus rien d’autre à faire sinon préparer la djanazza ! J’ai été témoin, je devais avoir 4-5 ans, d’une scène pendant laquelle le visage de la vieille s’assombrissait au fur et à mesure de ses incantations concernant une cousine de quelques mois à peine ! Eh bien cette cousine décéda le soir même !

Quelques jours ou semaines plus tard, je tombais malade à mon tour, et qui vois-je arriver, en fin d’après-midi ? La vieille qui savait détecter la mort là où elle rodait ! Wa-yavava me suis-je dit, si elle ne sourit pas, dhayene thekfa dounith felli ! Ce fut ma première torture intellectuelle ! Une torture qui durait un peu trop longtemps d’ailleurs puisque avant l’entame du rituel, il fallait servir tout ce que le foyer comportait de délices pour cette vieille qui venait annoncer ma mort…

Quelle belle sensation de félicité envahit mon âme ce jour-là quand je la vit sourire enfin les yeux fixés sur l’œuf qui contenait ma destinée !

Tous ces Inchallah, Hamdoullah et Staghfir-Allah facturés en doses de hassanats ont noyé l’innocence et la force de nos anciennes croyances ! Evidemment, avec du recul, on se dit que tout cela était du simple hasard, mais du fait de les avoir vécues, il restera toujours un petit parfum d’ambiguïté et donc d’innocence…. ne serait-ce qu’en petits débris. Des petits fragments qui font couler en moi la sève du village où je suis né ! C’est aussi un peu ca l’exil et son royaume!

De faire émerger ces souvenirs me donne envie d’une bonne bière. Je vais me faire crocheter onques bouteilles en hommage de la vieille qui a prédit mon destin avec l’melh etsmallalt, sans Inchallah ni quelconque appel à rassoul-Allah !... lol

Thanmirth

avatar
Kichi Duoduma

Salut, a Dda Kacem Madani !... Il faut toujours dire “inchallah” de peur qu’il t’arrive la même chose qu’au coq du vieux mythe de chez nous. Le mythe explique pourquoi le coq ne peut pas voler dans les airs comme les autres oiseaux. Quand Dieu a crée toutes les formes de vie, il a fait savoir que tous ceux qui sont dotés d’ailes et de plumes pourront voler dès qu’ils atteindront un certain âge. Tous les oiseaux, bien sages, disaient entre eux : moi bientôt je pourrai voler, inchallah. Seul le coq a dit : « moi je pourrai voler bientôt, » sans ajouter “inchallah”. D’autres langues plus médisantes, disent qu’il aurait dit : « Moi, bla-rebbi que je vais voler ! » Et alors Dieu l’a maudit en lui interdisant le vol. Le mythe ne dit rien de l’autruche ou du kiwi et autres éémeus malheureusement, mais on ne peut que supposer qu’ils ont commis la même erreur de présomption envers Allah. C’est une leçon pour tous ceux qui savent en tirer bon usage.

visualisation: 2 / 6