Guemar II : cette fois, toute la vérité ou encore un mensonge ?

Un lot d'armes impressionnant découvert par l'ANP à Guemar.
Un lot d'armes impressionnant découvert par l'ANP à Guemar.

L’annonce faite par le site du ministère de la Défense d’une "opération de qualité [qui] a permis de récupérer six systèmes de missiles anti-aériens Stinger" est tout sauf banale.

Par Mohand Bakir

Ces armes individuelles anti-aérienne n’ont quasiment jamais été utilisées en dehors de la guerre afghane contre l’intervention soviétique. Tous les spécialistes soulignent les efforts que les Américains ont consentis pour récupérer ces systèmes après l’évacuation soviétique. L’opposition syrienne a sollicité, de ses soutiens occidentaux, une dotation en Stinger pour contrer la suprématie aérienne d’El Assad, cependant la suite donnée à ces demandes a été extrêmement limitée. Quelques armes signalées ici et là, et pour partie, peut-être, des systèmes chinois captés sur les troupes loyalistes. Rien à avoir avec les dotations massives des "Afghans" par la CIA.

Une arme dangereuse

Le Stinger (de base) FIM-92A dispose d’une portée opérationnelle de 3800. Cette distance d’interception pour le FIM-92F ou Stinger-RMP Block-II atteint 8000 mètres. Du type "tire et oublie", le missile est autoguidé sur sa cible grâce à un système infrarouge ; il atteint une vitesse de 750 m/s (Mach 2+) en moins de 3 secondes. Il ne s’agit plus de HabHab ! US ou Russe ? Le général Oudaï, dans les colonnes du Soir d’Algérie du 13 mars 2016, évoque l’éventualité que ce matériel soit en fait d’origine libyenne. Ce serait dans ce cas des 9K32 Strela-2 d’origine russe. Seulement, le MDN parle bien de "systèmes de missiles anti-aériens Stinger". Donc de matériel de conception US, qui équipe les armées de péninsule arabe et dont 70 000 unités, sous licence, ont été produites en Turquie.

Opérationnels ou vétustes ?

L’ancien général d’état-major de la 1ère Région militaire, doute de l’opérationnalité de ces missiles. Il se fait insistant sur la lourde et pointue maintenance que ce matériel exige pour être maintenu en état d’efficacité. Excluant que les groupes islamistes aient la compétence nécessaire à cette maintenance, la menace lui semble de ce fait toute relative. D’ailleurs, dit-il, "les Américains les considèrent (…) comme une arme dépassée, c’est pour cela qu’ils les vendent d’ailleurs". Cette version rassurante semble trop séduisante pour être vraie. Pourtant, une arme sous haute surveillance. A ce jour, dans les conflits dits asymétriques, le Stinger est resté particulier au soutien de la CIA aux guerriers "Afghans". Y compris El Qaida, qui a vu le jour dans le brasier afghan, n’a pas pu en garder ou s’en procurer. C’est dire le sérieux opérationnel de cette présence mais, aussi, sa signification stratégique.

Qui a décidé, là et maintenant, d’injecter cet instrument redoutable dans la guerre furtive et délocalisée de recompositions globale qui perdure depuis quelques années ?

"Chat échaudé craint l’eau froide"

La prise intervient à Guemar, là où s’était déroulé la première attaque islamiste en novembre 1991. A l’époque, Khaled Nezzar, alors ministre de la Défense, s’était rendu sur les lieux et, au lieu d’alerter l’opinion publique nationale, il avait menti et caché la gravité des faits pour permettre la tenue des législatives maudites de décembre de la même année. Guemar est-il voué à être le territoire du mensonge ? La prise de jeudi passé annoncée comme une banale statistique a pourtant amené de nombreux porte-voix des milieux militaires à monter précipitamment au créneau, pour banaliser l'information : Des armes récupérées ! Pourtant, il s’agit au plus vite de déterminer la provenance de ces Stinger. D’où viennent-ils ? D’origine russe ou chinoise, donc en provenance des arsenaux de Kadhafi dont l’Algérie s’est lavée les mains ? Ou bien, équipements parfaitement entretenus prélevés sur les stocks des pays du Conseil de coopération du Golfe ou des fabriques turques ? A l’exception de la première provenance, l’injection de ces équipements dans notre aire de sécurité nationale est, à ne pas s’y tromper, un casus belli. Mais, comme on nous a menti hier, il n’y a pas de raisons que l’on ne nous mente pas aujourd’hui.

M. B.

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chawki fali

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