Quand N’Gaous fantasme ! (Vidéo)

N'gaous s'est permis une pub maladroite et misogyne.
N'gaous s'est permis une pub maladroite et misogyne.

Pendant qu’aux USA Hilary Clinton se prépare pour l’investiture suprême, en Algérie, ses congénères sillonnent les corridors des grandes surfaces avec frénésie à l’affût d’un nectar vénéré.

Voilà où en était la femme ce 08 mars 2016, à choir au lieu de s’assoir confortablement dans le trône tapissé du sang et des débris de feu Ben Bouali. Voilà où en est N’Gaous l’auguste, à se positionner dans le bazar mal achalandé qu’est l’Algérie en tant que pôle de toutes les misogynies, à s’illustrer une fois de plus dans l’espace de la réclame jonchée d’inepties, à tester le crétinisme de ses consommateurs dans toutes ses superficies et enfin à prendre ô comble le pouls de la phallocratie. Voilà comment N’Gaous, la mamelle de l’Est rend grâce aux générateurs de son chiffre d’affaires en donnant le coup de grâce à leurs foyers.

La scène est intimiste, elle arbore un appât perfide, l’intérieur bourgeois si cher aux femmes puis lumières sur l’une d’elles, offerte en pâture à un machisme des plus ordinaires. Le ton est celui de la confidence, du paternalisme rampant, les abjections ne se déclarent pas, elles se susurrent, elles se distillent. Les acteurs flambent les limites de l’insipidité. On s’en fout, la sève qu’on vante est de miel. Les couleurs sont celles d’une tornade despotique ne souffrant aucun vent de fronde. Le message se gante de dirigisme et se centre sur le pivot du démérite enfin démasqué. Il la scie alors de ses Si, il la démantèle et somme chaque fragment obtenu de se prosterner, claquer des dents et quêter un éventuel salut. Un spot publicitaire hallucinatoire, glaçant, cauchemardesque, comme une nuit fangeuse qui s’amuse à virer tous ses astres, puis te prête secours en t’ouvrant les yeux sur ses fientes mais perverse qu’elle est, elle ne s’arrêtera pas là, elle s’ingéniera à te convaincre que tu marches dans ses lumières et qu’à la longue les révérences de son jour te nimberont. C’est outrageux, nauséeux, d’une violence morale sanglante dans une société où les dérives sexistes constituent la norme à suivre. Le machisme égraine les pages du Coran pour ensemencer des aires de néant. Les débats le concernant se heurtent contre l’impasse sémantique qu’est «le tabassage par ou sans méchanceté». Quant aux femmes, elles sont assujetties au joug «salutaire» de la foi et tous les autres qu’on dit de bon aloi et se contentent de moissonner des champs de bleuets en obtempérant à une omerta des plus absolues.

La femme ? Toujours cette cambrure qui doit se désâmer pour que prise et emprise continuent. Ses chaînes se rénovent certes et intègrent les nouvelles technologies, son champ de manœuvre s’évase aussi mais son espace public rétrécit et ses issues s’étranglent de plus en plus. Elle reste une image que tous les anathèmes strient. Le miroir fêlé qui déforme son vis à vis. La friandise qu’il est préférable de racler. La tendre face qu’il faut rabougrir pour que même la probité s’ennuie. Un solitaire qui fixe un gant. Une main qui prolonge un plâtre. Un bras incapable de signer son honneur. Un tapis qui se déroule en vase clos mais qu’on piétine à cors et à cris. Le moi qu’on exècre, le toi qu’on écroue, le tout qu’on ne déchiffre même plus, le rien qui ne s’appartient même pas, le viol qu’on revendique

L’homme ? Ah, mais il se démène lui aussi ! Toujours à se vautrer abjectement dans le marais patriarcal qui lui a été légué. Il ne se pose aucune question au sujet de cette hiérarchie brutale qui gaine les positions et proscrit toute discussion. Il y a vu le jour, il l’a subie, il l’a bien intégrée et compte mieux la reproduire. Désormais, l’espace public lui appartient, la sphère privée lui obéit. Ses viols sont soit légitimes, soit légitimés. Des tapis aux mailles de fer se déroulent à ses pieds. Préceptes religieux, us et coutumes, régimes phallocrates, allégeances infuses ouvragent pour lui. Son regard sur l’autre est conditionné par sa supériorité religieuse, celui qu’il accorde à la femme est faisandé par toutes ses prépondérances. Il est bombé d’avantages mythiques, symboliques, mais cumule les perfectibilités. Il est autorisé à transgresser les droits des autres mais ne possède même pas un. Il est mal dans son poil rêche et l’exprime en sombrant dans sa seule légitimité, ameuter le reste de sa famille et faire violence à autrui.

Que voulait l’honorable N’Gaous ajouter à ces vases d’ignominies ? Qu’espérait-elle professer à travers sa dernière hérésie ? Comment compte-t-elle sortir de ce bourbier ? En faisant juste profil bas face au tollé ou en s’amendant auprès de la gente humiliée ?

Mais je ne pense pas qu’une marque minée par le gain psychédélique soit un jour propice à un tel repentir.

Houria Mara

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Commentaires (1) | Réagir ?

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CHADLI DAHMANE

Il fallait dire sa colère et s'indigner. Mme Amara l'a fait et c'est son mérite mais les mots et les concepts qui ont été consacrés à cette Pub sont disproportionnés et presque inaccessibles. La publicité depuis la nuit des temps a fait du corps et de la voix des femmes un objet d'excellence dans la promotion des produits et services. J'avoue que j’aime cette publicité, non pas par machisme, mais par esthétique et par respect aux talents de leur concepteur. La Pub de Ngaous est primaire, elle ne méritait pas toute l’énergie que vous aviez injecté pour la détruire; elle s'est cassée elle-même à sa diffusion, bon courage et j'ai aimé

Chadli Dahmane