La crise financière et nous : 1. L’Algérie risque de perdre 15 millions de dollars par jour

Faut-il partager le ton optimiste, rassurant des autorités financières concernant les effets de la crise financière mondiale sur l’Algérie ? “L’Algérie ne sera pas affectée par la crise financière mondiale. Elle ne sera pas touchée. Elle dispose de 136 milliards de dollars de réserves en devises. Sa dette extérieure ramenée à 4 milliards de dollars est devenue insignifiante”, ont-ils martelé.

Mais, l’Algérie subit déjà un manque à gagner évalué à 15 millions de dollars par jour. Si la moyenne des prix du pétrole a été de 99 dollars le premier trimestre, 124 dollars le second trimestre 2008, celle du dernier trimestre risque d’être moins élevée. En tout état de cause, à très court terme, un manque à gagner est déjà enregistré. En une semaine, les prix du pétrole ont chuté de près 20 dollars. Un effet de la crise financière mondiale. Ils sont passés sous la barre des 90 dollars, contre un pic de 145 dollars le baril en juillet dernier. Hier, le baril de Brent, variété de pétrole de la mer du Nord, était coté à 85 dollars, un seuil jamais atteint depuis février 2008.

Plusieurs experts nationaux ne partagent pas l’optimisme des autorités. Un spécialiste des finances fait remarquer déjà que les prix du pétrole ne sont plus au niveau des cours de l’été 2008. Il souligne que des dangers pèsent sur l’économie nationale, conséquence de la crise financière mondiale. “Le danger le plus important est que la crise financière mondiale (persistante) risque d’avoir pour effet de réduire la demande sur le brut et, partant, de réduire les prix du pétrole. Ce qui induit une baisse des recettes exportations d’hydrocarbures qui constituent presque la totalité des entrées en devises du pays.” Une banque internationale a estimé récemment qu’en cas de récession en 2009, les prix du pétrole pourraient chuter jusqu’à 50 dollars.

Le second risque qui menace l’économie nationale est difficile à quantifier. Une perte de confiance concernant l’évolution de l’économie américaine risque d’entraîner l’effondrement du dollar américain. Ce scénario de dépréciation significative de la valeur du dollar qui peut se produire est cependant peu probable, selon ce spécialiste.

Concernant les placements des réserves de change en grande partie en bons du Trésor américain, le même spécialiste juge que la Banque d’Algérie les emploie de façon judicieuse. La question de leur rendement est un faux débat. La Banque centrale les place sous forme de titres sûrs à maturité longue (5-7 ans moins touchés par les variations de taux). La Banque d’Algérie n’a pas d’ailleurs besoin de liquidités, de les revendre (et donc de subir des dépréciations de valeur). Mais en cas de récession, leur rendement pourrait baisser, a averti hier le gouverneur de la Banque d’Algérie.

Le même spécialiste partage le discours des autorités financières sur le peu de connexions de l’économie algérienne avec l’extérieur. Elle n’est pas soumise complètement aux aléas extérieurs. Le remboursement anticipé de la dette a joué. La non-convertibilité totale du dinar et un contrôle de change strict font qu’il n’y a pas de grands flux financiers vers l’extérieur. En d’autres termes, l’économie nationale est isolée. Ce qui fait que jusqu’à présent, elle n’a pas été grandement touchée par la tempête financière.

En matière d’investissement, contrairement aux informations parues dans la presse, trois grandes banques internationales — Bnp Paribas, Banco Santander et HSBC — sont peu touchées par la crise selon le même spécialiste. Elles ont constitué un trésor de guerre et vont participer au vaste mouvement de concentration bancaire qui se dessine à l’échelle mondiale, incidence de la crise financière mondiale, en reprenant les grandes banques internationales en faillite. Elles vont donc investir. Tandis que les multinationales vont freiner leurs investissements à l’étranger se concentrant sur leurs activités en Europe et aux États-Unis, a-t-il estimé L’Algérie est donc touchée par la crise financière mondiale. Le renvoi aux calendes grecques de l’opération de privatisation du CPA en est une autre preuve.

Sce : Liberté

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Commentaires (16) | Réagir ?

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ahmed

le joyau de l'algerie etant l'agriculture, tant que les responsables algeriens ne s'occupent pas de ce domaine, qui j'en suis certain epargnera à l'algerie de recourir à l'importation de produits agro-alimentaire, notre pays ne decollera jamais. Prenant l'exemple de nos voisins marocains:l'exportaion de produits agricoles ne cessent d'augmenter d'année en année (meme le kosbor (coriandre) et le na3na3 (la menthe) sont exportés. le maroc innonde l'europe de ses produits. Ne sommes nous pas capable?

Une volonté politique!!!

Quant à la crise financiere mondiale, elle va laminer tous les pays qui n'ont pas une economie solide. On appelle pas une économie de bazard "économie".

De toute façon elle va toucher toujours les memes, je veux dire en algerie.

Attendons une nouvelle géneration de reponsables, dans un soixantaine d'années, j'espere!s'ils ne seront pas contaminés par le virus.

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Ghanima

C'est dans ce contexte de crise financiére mondiale que le Système ploutocratique Dirigeant de notre pays a choisi pour tripler le salaire des Députés qui n'en espéraient pas tant et qui ont vite atteint leur but final. Ils peuvent toujours continuer à se pavaner dans les hôtels cinq etoiles et les restaurants de luxe tant que c'est le peuple, encore lui qui paie la note, et qui subit de plein fouet les conséquences de la crise. C'est sans doute ce qu'il faut comprendre aussi dans les dernières déclarations rassurantes de Mr. ouyahia : "la crise boursière ne nous touche pas... Nous sommes parés à toute eventualité por aujourdhui et demain. " Il reste à savoir : de qui parle-t-il ?

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