Le Premier ministre Philippe Couillard abandonne 1800 syndiqués québécois

Philippe Couillard, le premier ministre du Québec.
Philippe Couillard, le premier ministre du Québec.

L’annulation de la poursuite du gouvernement du Québec contre Air Canada alors qu’il a gagné ses deux premiers jugements est une attaque antisyndicale indéfendable.

Quand il a annoncé la semaine dernière qu'il abandonnait sa poursuite contre Air Canada malgré deux jugements en sa faveur, le gouvernement du Québec posait un geste antisyndical en plus d’abandonner 1800 de ses citoyens à qui la cour avait jusqu’à maintenant donné raison. Non seulement l'économie n'est pas la matière forte de Philippe Couillard, mais le respect des syndiqués semble encore moins dans sa nature. L’ancien représentant du syndicat des employés d'Aveos, Jean Poirier, a utilisé les mots justes quand il a affirmé que le gouvernement du Québec venait de sacrifier 1800 emplois bien rémunérés qu'Air Canada devait maintenir à Montréal contre une lettre d'entente pour l'entretien des 45 avions de la C Series de Bombardier.

Le Québec avait intenté cette poursuite contre Air Canada en 2012, après la faillite du sous-traitant Aveos. Les avocats de la province accusaient l'entreprise de ne pas avoir respecté sa loi constituante qui autorisait sa privatisation, mais qui l'obligeait à maintenir des centres d'entretien à Montréal. La Cour d’appel du Québec avait donné raison au gouvernement du Québec en novembre 2015 quand il affirmait que les travaux d’entretien et de révision des avions d’Air Canada doivent être effectués à Montréal.

Cette décision validait la décision du juge de la Cour supérieure, Martin Castonguay, comme quoi Air Canada n'avait pas respecté son obligation de maintenir des centres de révision à Montréal et Winnipeg. Selon ce premier jugement, Air Canada avait contrevenu à la Loi sur la participation publique au capital d’Air Canada en se débarrassant des centres de révision à Montréal. Le jugement obligeait donc Air Canada à faire exécuter ses travaux d’entretien et de révision sur l’ancien territoire de la Communauté urbaine de Montréal.

Compte tenu de ces deux gains, il y a fort à parier que la Cour suprême aurait forcé le retour des 1800 emplois de qualité, conformément aux exigences de la loi de 1988 sur la privatisation du transporteur. Une victoire en Cour suprême aurait obligé Air Canada à respecter ses responsabilités légales, soit de faire l'entretien de ses appareils à Montréal. Les nouveaux appareils de la C Series, n’auraient été que quelques-uns des avions qui l’auraient été, occupant environ 200 des 1800 travailleurs qui auraient été réembauchés.

Le pire dans cette situation est que la commande d'Air Canada à Bombardier n’a aucune relation avec la cause des ex-employés d’Avéo qui était devant les tribunaux. Air Canada aurait pu négocier une autre entente avec Québec. Ces employés n'avaient pas à être sacrifiés. Après avoir été trahis par Air Canada, les ex-employés d'Aveos viennent de l’être par et Philippe Couillard. Comble de l’hypocrisie, Ottawa pourrait même changer la loi sur Air Canada qui l'oblige à faire l'entretien de ses appareils au Québec. Sous couvert d’une aide à l’industrie aéronautique québécoise, il s’agit d’une attaque antisyndicale qui vise principalement des emplois bien rémunérés au Québec.

En conclusion, le premier ministre Philippe Couillard doit revenir sur sa décision et contraindre Air Canada à rapatrier ses 1800 emplois. S’il ne le fait pas, l'ancien représentant syndical d'Aveos devrait, comme il en a émis publiquement l’idée, prendre le relais du gouvernement du Québec dans cette poursuite contre Air Canada. Il serait dans l’intérêt de tous les syndicats du Québec de l’aider dans cette cause qui montre ce que Philippe Couillard pense de la protection des lois et des syndicats au Québec. Deux jugements de cours ont chacun affirmé que ces 1800 personnes avaient été mises à pied illégalement et devraient être réembauchées. Il faut qu’ils aient justice.

Michel Gourd

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