Quand j'entends le mot "religion", je prends mon amezrag * !

Les religions continuent à se faire la guerre par d'autres moyens que les armes
Les religions continuent à se faire la guerre par d'autres moyens que les armes

Depuis des dizaines de milliers d'années, l'Homme s'est organisé dans son environnement, dans l'adversité, pour survivre, construire villages, communautés et nations, se développer et aboutir au monde où nous vivons aujourd'hui.

Dans ce long processus, les Hommes ont créé et développé des milliers de cultures et de langues différentes, façonnées en fonction de la géographie, du climat et des modes de vies multiples.

L'apparition du sacré et de ce qui est devenu progressivement l'aspect religieux de l'humanité, n'était et n'est encore qu'une partie parmi tous les autres aspects entrant dans la formation des peuples et de leurs cultures.

Des guerres de religions avaient certes engagé des peuples, dans certaines régions du monde, mais elles n'avaient jamais mobilisé toute l'humanité, avec l'obligation de se déterminer d'un côté ou de l'autre.

Le monde est pluriel et continuera de l'être pendant longtemps, malgré les conséquences prévisibles du rouleau compresseur de la société industrielle et de l’hyper communication, réducteur de la diversité.

Dans le contexte actuel d'activisme de l'intégrisme islamiste et de sa prolongation dans la voie du terrorisme et des massacres de masse à travers le monde, la riposte est bien en-deçà du niveau de mobilisation nécessaire pour réduire le danger.

En effet, la comparaison entre la coalition historique engagée pour combattre le nazisme, qui projetait de caporaliser le monde et d'imposer sa culture, et celle qui se constitue péniblement pour combattre l'islamisme, qui projette de détruire toute culture produite par les humains depuis des millénaires pour imposer la sienne (c'est à dire la culture arabe bédouine de Médine du 6eme siècle), ne permet pas d'atteindre les effets escomptés afin de minimiser les drames qui frappent des innocents partout dans le monde.

Que des hommes et femmes politiques continuent de tergiverser et de cultiver le flou à propos de la désignation de l'ennemi (on parle encore de djihadistes, de radicalisés, d'illuminés messianiques, et récemment de «l’hyper-terrorisme» et de «terreur de masse») pendant qu'ils commercent avec les États banquiers, tuteurs politiques et financiers des tueurs, peut être mis sur le compte des exigences détestables de la realpolitik.

Mais que des intellectuels, analystes et autres spécialistes en Europe, aux USA et ailleurs réduisent le débat à un conflit de religions et à une révolte des quartiers défavorisés (généralement habités par des populations issues de l'immigration de pays du tiers-monde à majorité musulmane), l'hypocrisie est d'autant incompréhensible.

Malheureusement, il ne s'agit pas de paresse intellectuelle. Cet acharnement à imposer une segmentation du monde sur la base d'un seul descripteur (les différences religieuses) et à noyer les différences culturelles sous le vocable dévalorisant de «communautarisme» (qui signifie selon eux «communauté religieuse» exclusivement), est plus que suspect. Dans ce non-dit, ils s'attribuent la culture digne d'intérêt pour eux (la culture judéo-chrétienne, les droits de l'Homme, la modernité, etc) et pour les autres (les pays du sud, le tiers-monde, l'Afrique et autres contrées, etc.) le magma religieux.

Ainsi, au lieu d'impulser un débat serein pour contribuer à éclairer le monde en vue d'une résistance large contre cette vision archaïque du monde que veut imposer l'islamisme politique, nos intellectuels sautent à pieds joints dans son terrain.

Des milliers d'années d'efforts, d'intelligence des peuples, d'adaptations continues pour composer un monde pluriel, risquent d'être anéanties par l'acharnement d'une idéologie mortifère et par la compromission des autres qui veulent confondre, par calcul, culture et religion.

Un esprit avisé avait dit il y a quelques années que "l'expérience de l'islamisme, c'est comme la mort, on ne la fait qu'une fois"… Dans cette voie, il n'y aurait même pas de possibilité d'un Nuremberg II.

Aumer U Lamara

Notes :

* "Quand j'entends le mot ''culture'', je sors mon révolver", phrase tristement célèbre attribuée à plusieurs responsables nazis : Goebbels, Goering et parfois à B. von Schirach.

** Amezrag : javelot ou lance, en berbère.

*** Procès de Nuremberg (Allemagne, novembre 1945 – octobre 1946) au cours duquel ont été jugés les principaux responsables nazis de la Seconde Guerre mondiale.

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Commentaires (9) | Réagir ?

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Kichi Duoduma

Salut, Dda Hend !

Je me demande ce que Frantz Fanon aurait écrit à propos des anciens colonisés, aujourd’hui devenus soit-disant “libres” et “indépendants”. Je crois que sa pauvre cervelle aurait pris feu, de petits nuages de fumée lui seraient sortis des oreilles et des narines et il aurait fini à Joinville (je suis sûr que tu te rappelles Joinville) et certainement pas en tant que patient ! A l’époque où il a écrit “Les Damnés de la Terre”, la situation, si effroyable qu’elle était, n’était pas aussi désespérée qu’aujourd’hui à mon avis. Je parle des chances des Damnés de la Terre d’alors de rattraper le retard sur le monde développé. Aujourd’hui, l’écart entre les damnés et les autres est encore plus difficile à réduire. La décolonisation a fait plus de mal que de bien et je ne dis pas que la colonisation était quelque chose de bien. C’est comme quelqu’un qui est touché par une flèche dans le bidon: ça fait plus mal pendant le processus de son extraction qu’au moment de l’impact. Les indiens enlevaient une flèche en l’enfonçant jusqu’à ce qu’elle ressorte de l’autre côté, en priant Manitou qu’elle ne touche pas un organe vital, car essayer de la retirer signifie un bousillement plus grave encore. C’est même moins douloureux de laisser la flèche dans ton corps que de l’extraire, mais tu sais bien qu’elle finira par te tuer bientôt, alors que vas-tu faire si tu la prends dans le buffet ? A part souhaiter que ce n’est qu’un mauvais rêve et que tu vas te réveiller dans quelques instants, pas grand-chose qui ne fasse pas mal, et beaucoup.

« Les zébreux ont compris ça bekri. Devant la magnificence pharaonienne ils ont réalisé que tnakète 3lihoum et qu’ils ne en rien contre ces dieux vivants. Alors ils se sont onanisé un dieu à eux tout seul. Sauf qu’ils se sont regardé et qu’ils n’ont rien vu parmi eux quelqu’un qui ait un qamum de dieu... » Tu sais bien que je répète souvent qu’au fin fond de son inconscient, l’homme sait que les dieux ne sont qu’un artifice qui lui permet de mieux appréhender le monde. Il crée ces dieux et projette sur eux tous les fantasmes de son groupe ethnique ou national. Ça il le sait inconsciemment, et c’est pourquoi il est quasi-impossible de convaincre un croyant que son dieu n’existe que dans sa cervelle, parce qu’il le sait déjà: Il croit parce qu’il VEUT croire, et ça toutes les preuves objectives ne peuvent le surmonter. Il croit parce qu’il veut absolument s’accrocher à l’identité qui est représentée par ce dieu. Ce n’est pas tout le monde qui est capable de penser comme un individu universel, bien dans sa peau en tant qu’individu-individu et qui s’est débarrassé de son “instinct grégaire”.

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Kichi Duoduma

Correction : Je voulais bien sûr dire que Fanon aurait fini à Joinville et certainement pas en tant que “psychiatre”.

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moh arwal

Dieu est. Point barre

Ce n'est pas un discours une pratique de blabla bla.

En arabe on dit : fi3i ma fi3i

Ce qui correspond en français à ceçi : tu l'as ou tu 'as pas.

Donc, trève de discours sur l islam politique qui n 'est rien d'autre que de la politique.

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