Laïcité, Benbitour répond aux lecteurs mécontents : "Ce n'est pas de la dérobade"

Laïcité, Benbitour répond aux lecteurs mécontents : "Ce n'est pas de la dérobade"

Par Dr Ahmed BENBITOUR
Septembre 2008.

En répondant directement aux trois premières questions et indirectement aux deux autres, ce n’est certainement pas une « dérobade » devant des questions fondamentales.
D’abord, il faut s’éloigner des réflexes qui estiment que le Chef doit décider de tout. Il y a des questions fondamentales qui doivent être prises par le consensus de l’ensemble de la société et non par un individu, fut-il le Chef de l’Etat.
Ensuite c’est pour une raison pédagogique de transmission de message en se concentrant sur les questions urgentes, en premier lieu. Et l’urgent c’est le design du sentier qui peut mener vers le changement de régime.

Face à une situation de crise aussi aigue que celle que traverse notre pays, il y a trois attitudes :
- la fatalisme : on ne peut rien changer ou presque. Donc ne bougeons pas. Acceptons notre sort ; c’est la malédiction,
- le complexe du persécuté, c’est la faute au « reste du monde », c’est la faute « aux autres », donc ne bougeons pas,
- la hiérarchisation des priorités, étudier et tracer les priorités pour décider de ce qui doit se faire en premier, ce qui doit suivre immédiatement et ce qui doit attendre.
C’est la méthodologie que je choisis, à savoir, la hiérarchisation des priorités.

Et sur ce point j’ai dès juin 2001 proposé un programme politique de sortie de crise par « l’unité dans la diversité ». Il a été publié dans la presse à l’époque.

Il s’agit d’un programme qui s’exécute sur 16 ans en trois étapes :
- une première étape de un an consacrée à l’endiguement de la crise,
- une deuxième étape de cinq ans consacrée à l’achèvement de deux transitions, la transition politique vers le multipartisme et la démocratie, la transition économique vers l’économie de marché.
- une troisième étape de dix ans consacrée à la consolidation des transitions.

Comme les questions posées dans la quatrième partie relèvent de la période de consolidation, leur traitement ne peut se faire immédiatement. Aujourd’hui, toutes les forces doivent se consacrer au changement pour donner la voix à l’ensemble pour s’exprimer sur les questions fondamentales pour la nation.
Voici ce que j’avais dit à cette époque sur la consolidation et que je répète aujourd’hui :

« Alors que la transition se caractérise par des conflits portant sur la nature et la forme des procédures et des normes et sur l’impact qu’elles auront sur les conduites ; son achèvement se caractérise par la stabilité.
Avec cette stabilité, le nouveau système démocratique doit être consolidé.
La consolidation, c’est la capacité du nouveau régime à prévenir les crises et à y faire face par sa stabilité et sa légitimité enracinée dans la société civile et dans l’économie.
Ce n’est qu’alors et parce que le nouveau régime aura démontré la solidité de sa stabilité, que pourront être traitées les questions politiques de l’unité dans la diversité, à savoir :

- la place de la religion et de la tolérance dans la société,
- les fondements culturels de l’unité dans la diversité : choix de société, langues, les limites de la citoyenneté lorsque glissant vers la laïcité,
- la fonction des forces armées dans leur rôle de défense,
- les formes de décentralisation de l’Etat,
- le système politique présidentiel ou parlementaire,
- la forme d’indépendance du pouvoir judiciaire,
- etc. » (fin de citation)

Cette approche reste valable. Elle explique, que pour des raisons pédagogiques dans la transmission du message, j’ai préféré consacrer la réponse sur la question urgente du changement. C’est sur quoi l’effort de tous doit se focaliser. Une fois le changement de régime acquis, une fois le régime démocratique installé, c’est le processus démocratique (et non les chefs) qui trouvera le choix des options dans l’intérêt présent et futur de notre nation.

Une telle réflexion doit se baser sur :

- les conditions historiques qui ont forgé la personnalité du peuple algérien,
- les caractéristiques actuelles de l’environnement national,
- le prix fort payé en sang et en ressources par le peuple algérien depuis deux décennies, pour la démocratie et l’économie de marché, sans pouvoir le comptabiliser comme un investissement sur l’avenir parce que il n’y a toujours pas de perspectives claires du sentier pour l’achèvement et la consolidation de la transition, c’est plutôt le sentier vers la trappe de misère permanente qui prévaut,
- des potentialités appréciables, mais comment passer à des capacités à la disposition des citoyens, c'est-à-dire des opportunités réelles ?
C’est le travail qui nous attend : comment passer à des opportunités réelles ?

Comme vous le voyez, il y a déjà plus de sept ans que j’ai répondu à la quatrième question : laïcité, démocratie, islamisme, autonomie de Kabylie, repentance.

Quant à la réponse à la cinquième question : pauvreté, corruption, harragas, émeutes, elle est bien développée dans la réponse à la troisième question, lorsque je parle de la situation du pays sans changement (relire cette partie).

J’espère que ces clarifications apporteront des réponses convaincantes aux participants qui ont commenté la non réponse directe à ces deux questions.

Mais encore une fois, travaillons avec la méthode de hiérarchisation des priorités.

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Commentaires (22) | Réagir ?

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vourourou

Mr B B, Je crois que vous avez sauté une étape cruciale: comment comptiez vous renversez le pouvoir en place pour pouvoir mettre à exécution votre plan de hiérarchisation des priorités?Car la plus hiérarchique des priorités est exactement celle là.

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chémouh

Le problème de notre pays c'est qu'il n'y'a pas une vraie populaire qui menée par des intelectuels tels que Mr Benbitour!! qui passe leurs temps à parler pour rien dire, pendant que le clous s'enfençe et l'algerien souffre le marasme economique et psychologique (maghboune est l'algerien, , , il à le mal de vivre!!!) bougez pour changer, et non pas parler!!on a besoin de tous ces plus au moins puissants comme zeroual, hamrouche, chadli, benbitour, , qui nous guident vers une revolution populaire avant que ce soit trop tard, et avant que fakhamatouhou s'enpart du troisieme mondat qui arrange bien ham ham et compagnie (les militaires) assassins de Bentalha et de Rais..... Rabbi yekheless!!!

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