Où sont les assurances de l’exécutif Sellal ?

Abdelmalek Sellal, le premier ministre.
Abdelmalek Sellal, le premier ministre.

Une demi-heure avant que les cloches de minuit sonnent pour annoncer les premières lueurs de l’année 2016, les équipes de l’entreprise publique Naftal se préparaient déjà pour les premiers cadeaux du nouvel an pour la population que les membres du gouvernement n’ont pas cessé de rassurer depuis les fameuses polémiques sur la loi de finances pour cette année.

Abdelmalek Sellal, le premier ministre, le ministre de l’Industrie et plus insistant le ministre des Finances déclaraient récemment avec assurance que la classe défavorisée, les citoyens à bas salaires ne seront pas touchés par les augmentations que prévoit cette loi. Lorsque ces citoyens se sont réveillés le vendredi matin, ce n’est pas ce qu’ils constatent avec l’ampleur des premières augmentations qui ont commencé dans les différentes pompes de l’entreprise qui commercialisent les produits pétroliers.

L’augmentation globale avoisine les 27%. L’essence super qui était facturé à 23 DA le litre est passé à 31,42 DA. Le sans plomb est vendu à 31,02 DA au lieu de 22,60 DA soit 8,42 DA d’augmentation sur un litre. Le gasoil quant à lui remplit les réservoirs des véhicules à 18,76 DA au lieu de 13,70 DA habituellement. Certainement, la parade que va trouver l’exécutif c’est de dire que ce ne sont pas les citoyens de bas salaires qui possèdent des véhiculent et donc ils vont être épargnés. Or, c’est exactement le contraire, car ce sont ceux-là même qui n’ont certes pas de véhicules mais utilisent les moyens de transport public qui vont répercuter directement et indirectement ces augmentations sur leurs tarifs. Les transporteurs et les différents opérateurs économiques n’ont que faire de ces augmentations puisqu’elles gonfleront les prix à la consommation que seul le citoyen ayant un bas salaire supportera justement.

Il est clair que cette forte amplitude reste liée au relèvement de la TVA sur les produits pétroliers de 7% à 17% afin de parer aux insuffisances des recettes fiscales et la crise due à la baisse des prix du brut mais existe-t-il que cette niche ? Peut-être que certains citoyens, conscients du gaspillage qui se pratique dans certains produits subventionnés, diront tant mieux, cela permettra à de nombreux citoyens de ne pas utiliser leurs voitures à tout bout de champ et d’autres de ne compter que sur jambes pour parcourir les petites distances car les tickets des nombreux moyens de transports sont jugés relativement moins chers.

Il faut dire que dans son ensemble le raisonnement revient exactement au même pour au moins deux raisons : la première est que l’Algérie est un pays à majorité composé de jeunes récalcitrants qui profitent du prix bas des tickets de transport pour vadrouiller car ils n’ont rien à faire pour cause d’inactivité. Ce n’est donc pas le cas des pères de familles qui se déplacent quotidiennement pour leur travail ou pour s’approvisionner des marchés. La deuxième est une conséquence directe de la première. En effet, combien même et c’est probablement ce qu’il va se passer, les citoyens vont fuir les moyens de transport pour ne compter que sur eux mêmes, cela constitue un manque de plan de charge pour les différents operateurs qui se traduira par un manque de recettes pour les impôts et donc le budget de l’Etat. L’objectif recherché ne sera certainement pas atteint. C’est un replâtrage qui n’aura servi à rien en définitive. Mais en supposant que le secteur du transport n’est qu’un demi-mal, est-ce que cette flambée s’arrêtera là ? Certainement pas.

La prochaine facture de l’électricité va augmenter de 10% pour toute famille qui dépasse une consommation moyenne trimestrielle de 125 KW/H. Dans le scénario le plus pessimiste, en convertissant les thermies en KW/H et en serrant la ceinture jusqu’à son dernier cran, une famille modeste consommera en allumage, chauffage et cuisine 1,5 KW/H par jour ce qui la ramène à prés de 135 KW/H et donc sortira de la fourchette arrêtée par la loi de finances pour 2016. Les produits de large consommation pour la plus part importés ont déjà subi une augmentation de prés de 40% liée à la hausse des principales monnaies d’échange par rapport au dinar.

Les transactions automobiles ne seront pas épargnées non plus. Le coût des véhicules connaîtra une hausse qui vacillera entre 2% à 4% selon les marques automobiles. Une augmentation qui sera dure à supporter par le consommateur avec déjà la taxe du véhicule neuf (TVN) qui a connu une hausse au début du dernier semestre 2015 mais la vignette s’envolera elle également à 10 000 dinars pour certains véhicules de moins de trois ans. S’agissant des véhicules compris entre trois et six ans, la vignette sera portée à 6 000 dinars.

Quant à ceux de 6 et 10 ans, le prix de la vignette sera autour de 4 000 dinars. Le secteur de la téléphonie de troisième génération (3G) connaitra aussi des hausses. L’accès à internet via les téléphones mobiles (3G) qui bénéficiait d’une TVA à taux réduit à 7% sera soumis à un taux normal applicable de 17%, occasionnant ainsi d’importantes augmentations des prix des abonnements à la 3G. Acquis aujourd’hui à 1 000 dinars, le forfait coûtera à partir de ce mois, entre 1 100 et 1 200 dinars. Le projet de loi de finances 2016 prévoit également d’instituer un droit de douane de 30% sur les importations de matériels informatiques. L’article 67 du projet validé par la chambre basse encourage par contre l’assemblage des kits complets en Algérie pour dit-on éviter de les ramener de l’extérieur sans aucune valeur ajoutée nationale.

Le Conseil des ministres du mercredi 30 décembre a utilisé les médias lourds pour faire un tapage médiatique autour du retour du crédit à la consommation qui, selon les termes utilisés, constitue une aide considérable pour le citoyen. Une journée après, les deux ministres de l'Industrie et des Finances signeront un arrêté qui définit la liste des produis éligibles à cet artifice en déclarant tout haut que ce procédé a été institué plutôt pour booster la production nationale "fabriquée" ou "montée". Or, si elle est fabriquée, l’expérience et la pratique ont montré la méfiance du consommateur algérien à leur égard. Maintenant s’ils sont montées, même s’ils utilisent et dans des proportions moindres de la main-d’œuvre algérienne, leurs lots de montage seront importés par le procédé de completely Knocked down qui drainera des devises de l’autre côté de la rive. En définitive, on verra certainement une ruée vers la Symbol qui fera le bonheur de Renault et des banques étrangères installées en Algérie qui n’attendaient que cela.

L’Algérien moyen sera en plus des autres soucis encore une fois endetté jusqu’au cou.

Rabah Reghis, Consultant et Economiste Pétrolier

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Malabar Mohend

Ils sont entrain de pousser le peuple dans son dernier retranchements, un peu de nif et courage de ce peuple et ces assoiffés du pouvoir finiront dans poubelle de la histoire ou peut-être bien devant les tribunaux pour répondre de leurs actes.

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Mehdi marekchi

Que la malédiction du tout puissant soit sur vous, vous qui nous gouvernez. J'aime mon pays et j'ai de la rancoeur envers vous

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