La djakapta et sa politique graveleuse chez tonton a bonne mine

Amar Saadani.
Amar Saadani.

George Orwell a dit "le langage politique est destiné à rendre vraisemblable les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l'apparence de la solidité à ce qui n'est que vent."

Des arrivistes s’attroupent et discutaillent politique dans des lieux ruinés par la typicité tendancieuse. Ils le disent avec certitude. Nous sommes heureux même si le baril de pétrole frôle les 20 dollars. Nous avons construit des châteaux ailleurs sans attendre l’angle de 60o. Tonton vous êtes vraiment généreux.

Dans ces lieux occultes les araignées tissent leur toile et les opportunistes attendent les élections. A l’approche des élections la djakapta propose à certains candidats de financer leur campagne ou un appui électoral moyennant l’obtention de marchés faisant l’objet d’appels d’offre. Le commerce du sable des plages est une source d’argent mis au service de la djakapta. La djakapta a un discours unique. Qui dit discours dit langue. Il y a un langage propre à la djakapta qui habite sous les toiles d’araignées. Cette façon de se dire, à la fois argot, langage codé et idiome secret. La djakapta s’utilise cette langue au téléphone, dans les lieux publics, en présence de non-djakapta. Cette langue est riche et subtile. Les conversations dans un milieu djakapta ne sont qu’un assemblage de phrases à demi-mots, de sous-entendus, de symboles, de monosyllabes, de silences diserts. Un langage politique trouble et prudent, presque codé, destiné à dissimuler des activités illégales, mais ne démontrant aucun fait de soupçon. La djakapta influence la vie politique en recourant à la violence (enlèvement et kidnapping) et en pesant sur les scrutins électoraux (trucage et falsification). La djakapta est responsable des kidnappings et des disparitions d’individus ces 10 dernières années.

Dans son langage râpé, la djakapta ne dira pas aux candidats qui espèrent devenir Raïs : "Pour être leader, vous êtes obligés d’être au moins une image de l’Emir Abdelkader, Zabana, Lalla Fatma N’soumer, Grandi, Roosevelt ou Mandela". La djakapta ignore les qualités de ces grands. Elle ne veut plus les citer même dans son argot.

Depuis 2010, après le coup des 220 voltes, les kasmates du FLN sont devenues des arènes politiques dans un contexte d'absolutisme à la djakpata. Aujourd’hui les kasmates apparaissent comme des agoras où les politiques du sac poubelle plein d’argent sale dialoguent stratégie et vision. Dans ces lieux incultes des militants fantômes sont constamment amenés à participer à des conversations démocratiques orchestrées par des hadjis hefafs ou escrocs. Ces hadjis sont des spécialistes du langage djakapta. Politiquement, les kasmates sont transformées en lieux où les corrompus rabâchent des conversations stériles qui n’embellissent plus notre révolution. Ces militants jouent aux musicologues fidèles quand ils reprennent des chansons lyriques qui ne riment ni avec notre histoire ni plus avec les circonstances du présent.

Un ex-FLN, transformé en philosophe de salons nous raconte. Au mont Saint Michel, à savourer une omelette chez la Mère Poulard, "omelette tu mangeras, roi tu resteras". On se presse chez la Mère Poulard. Princes, artistes, hommes politiques, personnalités de tous horizons conjuguent leurs louanges dans le livre d'or qui comporte plusieurs milliers de signatures des VIP.

A Lala Seti, aux hauteurs de Tlemcen, à savourer un couscous-méchoui chez le cousin de hadj Hefaf l’escroc, "coucous-méchoui tu mangeras, sultan tu deviendras". On se presse chez notre toton a bonne mine, maquignons, arrivistes, pompistes, opportunistes et aventuriers de tous les horizons pour gazouiller hypocritement "fakhmatouhou" et composer leurs flatteries en poésie populaire. Ventre pleins, ils chantent en chœur : "Nous avons assuré notre avenir et celui de nos enfants. Merci papa ! Nous avons créé un nouveau parti pour mieux marchander". Hier c’était un Vatican non loin de Mazouna. Aujourd’hui c’est un Saint-Siège à Sid Maalouf à Oran. Un maalouf jamais maar-ouf (inconnu).

Dans ce lieu mal saint et mal sain, la Djakpata de Philippe de Vilain paye les faux philosophes pour corrompre les esprits et rapiécer les conceptions spirituelles au profil des commerçants politiques. De ce lieu sort un prototype de personne qui enseigne aux jeunes le sophisme des escrocs. Les diplômés de l’école djakpata ne cherchent pas l’équilibre spirituel mais défendent des intérêts en semant la confusion dans les pensées des suivistes pour soutenir la lutte des clans. Ils se nomment philosophes et dialoguent avec eux-mêmes dans la démocratie de notre cousin Philippe le Vilain.

J’attire l’attention du lecteur. Il ne faut pas confondre soufisme et sophisme. Hélas ! Chez nous le soufisme est transformé en sophisme. En plus clair la période que nous vivons est d’une laideur étonnante. Les chefs incarnent le fiasco qu’ils produisent. Les cheikhs personnifient la décadence que nous vivons. Les intellectuels symbolisent la décrépitude qu’ils enseignent. Je ne comprends pas comment le peuple accepte ce fiasco. Il y aurait encore bien des choses à dénoncer si démocratie permet.

Je continue mes idées par les conseils de monsieur Ahossou le grand manitou de l’Afrique. Voici comment Ahossou s’adresse aux politiciens africains qui veulent devenir sultans «Prenez une assiette bien lavée. Mettez sept pincées de sel. Versez un verre d'eau sur le sel contenu dans l'assiette. Trempez votre doigt (l'index) de la main gauche dans de l'huile d'olive bénie que vous avez acheté de mon magazine situé au 7 Boulevard Magenta à Paris. Laissez tomber 6 gouttes séparément à la surface de l'eau. Quand l’angle de contact entre la première goute d’huile et l’eau est de 60o vous versez les cinq autres gouttes qui restent. Prenez un bain entre 4 heures et 6 heures du soir et lavez vôtre tête avec l'eau restante. Vous devenez intelligent pour gouverner en Afrique quand le peuple verra la lune sous un angle de 60o. Cette eau vous donnera la force et doit vous libérer des situations qui vous empêchent de devenir sultan !»

La ‘’Djakpata’’ tire son nom d’un célèbre serpent africain dont le venin ne laisse aucune chance de survie. La djakpata est aussi utilisée dans la sorcellerie africaine sous la supervision du cousin de Philippe De Vilain. Notre cousin est un grand-maître des mystères et secrets de la magie qu’il enseigne avec foi a monsieur Ahossou. Ce dernier l’utilise le nom djakpata pour montrer sa puissance.

Après la zerda chez hadj Hefaf, certaines personnes gonflées par l’argent sale se sentent déjà leaders alors qu’ils ignorent les bases de cette tâche. Heureusement qu’une grande partie de nous ne reconnait pas la magie et la sorcellerie de hadj Hefaf. Ceux-ci reconnaissent leurs limites et se sentent trop petits quand ils se mesurent aux géants ignorés par la djakpata.

Philippe De Vilain et ses acolytes claironnent la réussite et chantent l’Etat civile. Le journaliste Francis Kpatindé décrit un membre de la djakpata dans son pays «Autodidacte souvent drapé dans de grands boubous blancs, la tête enveloppée d’un turban immaculé, les yeux dissimulés derrières d’éternelles lunettes noires, un chapelet à la main, et le coran sous le bras, Bonkano n’était qu’un simple planton, lorsqu’il fit la connaissance du futur président Kountché en 1969»

Planton chez eux ou tamboureur et pompiste chez nous. L’histoire africaine est un malheur raconté par la famille des vilains. L’Afrique est la même !

En 1983 ce planton se transforme en homme d’affaires. Hypnotisé par sa richesse venue de l’informel, il a jugé qu’il pouvait lui aussi assumer les plus hautes charges de l’Etat. Il voulait devenir président de la République. Il tenta alors un coup d’Etat, sans succès. J’ai peur que mon cher pays suit le même chemin de Bonnano puisque Philippe De Vilain fait un travail de fond chez nous.

Depuis de départ des colons la majorité des pays africains a été dirigée par une djakpata sans vision politique à moyen ou long terme. Ce serpent qui dévore les hommes et détruit les nations n’est qu’une substitution des anciens colonisateurs. Philippe De Vilain et sa djakpata se préoccupent d’eux-mêmes. Ils ignorent les peuples dont ils prétendent représenter et défendre ses intérêts. Certains pensent que le système colonial a été purement et simplement prolongé sous une autre forme de gouvernance. D’autres affirment que la djakpata a créé le terrorisme. La djakpata combat le terrorisme. C’est le cycle du règne de l’informel.

Pour la djakpata l’indépendance est devenue une véritable dépendance. Une dépendance des anciennes puissances coloniales. Les Etats sont gérés à la petite semaine par les dirigeants à grosses têtes. Une tête plus grande que la lune. Des têtes enveloppées de graisse.

En conclusion: La djakpata a ses racines à Marseille. Je conseille aux jeunes de combattre hadj Hefaf et sa djakpata et choisir un leader aux sept qualités : Créatif et discipliné. visionnaire et détaillé. Motivé et commandant. Ambitieux et humble. Fiable et preneur de décision. Intuitive et logique. Intellectuel et émotionnel. L’Algérie ne manque pas d’hommes qui possèdent ces qualités. Prions Dieu pour qu’il protège notre cher pays de la djakapta et sa politique graveleuse de merci tonton.

Omar Chaalal

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