Benbitour vous répond : « Mon conflit avec Bouteflika »

Benbitour vous répond : « Mon conflit avec Bouteflika »

Question de Zahir : Au « Quotidien d’Oran » vous avez dit, “Je profite de votre question pour interpeller les responsables des institutions, des administrations, les élus pour leur dire: l’histoire n’a jamais pardonné à ceux qui se taisent face au mensonge en direction de leur peuple ! Le jour viendra où la vérité éclatera” Des années passèrent après, mais cette vérité, d’au moins ce qu’il me semble, tarde à voir le jour. A quelle vérité faites-vous allusions ? De celle que vous aviez vu, su et entendu lors de votre court passage a la tète du gouvernement ? Si c’est le cas, qui vous a menti et avoir menti au peuple ? Quelle était la part de Bouteflika dans ce mensonge !?

Question de Athali : J'ai connu votre père au port d'Alger, avec l'aimable participation des proches - Est-il encore de ce monde? Si la réponse est positive, Dieu le préserve ! .Si par contre il nous a quitté, sans nul doute Dieu l'a accueilli en son vaste paradis! Ce n'est pas de la flatterie, je n'ai pas eu l'honneur de vous serrer la main .Ceci pour dire que votre famille est très aimée et respectée .Alors, quand nous vous avons vu aux côtés de Bouteflika,on s'est posé des questions...Voulez-vous éclairer notre lanterne ? Merci

Question de Spring 1980 , Y. Nait Belaïd et Arezki : 1-Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à quitter le gouvernement de Bouteflika ?

Question de Réda : MR je suis pratiquement un jeune je ne vous connais pas, la presse vous a présenté comme un martyr, si j'ose dire, une chose et sure vous n'avez pas pus tenir. le coup. Ma première impression sur vous est que vous êtes un homme qui semblez manquer de détermination. Vous lâchez trop vite prise. Ma question est : vous n'avez pas tenu le coup la première fois, pourriez vous le tenir une deuxième?

Question de Nadir : Comment avez vous accepté de travailler avec Boutef alors que la plupart des démocrates algériens l'ont refusé car ils le savent homme clef du clan d'Oujda.

Question de Algérien : Ma question est très simple étant nommé chef de gouvernement savait il à ce moment la que BOUTEFLIKA était bel et bien l'homme du pouvoir? Ou bien avait il cru que c'était...un président élu démocratiquement? Merci

Réponse de Benbitour :

On ne peut pas parler de conflit avec le Président. Pour parler de conflit, il faut être dans régime démocratique et parlementaire. Donc avec la probabilité que le Premier Ministre, choisi dans la majorité parlementaire puisse venir d’une tendance politique différente de celle du Président et des orientations politiques différentes. Alors il peut y avoir conflit.
Dans notre Constitution, le Chef du Gouvernement est nommé et limogé par le Président. Il ne peut y avoir de conflit.
Notre Constitution a été adoptée dans une situation de transition. Elle contient une souplesse pour permettre un fonctionnement parlementaire si le Président le désire.
Clairement il y a une divergence fondamentale entre moi et le Président dans la conception que nous nous faisons du fonctionnement de l’Etat et de ses institutions.
Il est profondément autoritariste, ancré dans le passé, avec une grande capacité de manœuvre qui s’appuie sur les personnes au détriment des institutions. C’est la résultante de son expérience au pouvoir.
Je suis démocrate en faveur de la primauté des institutions sur les personnes, orienté sur l’avenir et la rigueur scientifique. C’est la résultante de ma formation et de mon expérience.
J’ai été appelé par le Président qui m’a proposé le poste de Chef du Gouvernement. J’étais assez réticent, mais sur son insistance j’ai fini par accepter.
Après huit mois de présence à la chefferie du Gouvernement j’ai du démissionner.
C’est à la suite de la préparation d’une Ordonnance au niveau de la Présidence de la République sans ma consultation au préalable. C’est une ordonnance qui avait pour but de changer de juré ce que j’avais mis en place de facto en ce qui concerne l’organisation et le fonctionnement des entreprises publiques.
Il y a là plusieurs éléments importants de divergence. Je cite les deux plus importants.
D’abord, les conditions du succès de l’opération de redressement du pays exigent une bonne gouvernance et une parfaite harmonie entre le Président et le Chef du Gouvernement. Si des décisions prises par le Chef du Gouvernement sont annulées par le recours à la loi ; alors qu’il suffisait d’en parler pour trouver un terrain d’entente, il devient impossible de travailler avec l’autorité et la sérénité nécessaires.
Ensuite, le recours à l’ordonnance prive le Parlement de débattre de questions fondamentales pour le pays.
Aujourd’hui, nous sommes à des dizaines d’ordonnances que le Parlement a avalé. De ce fait il a perdu toute légitimité de représentation du peuple.
Pour plus de détail sur cette question et sur mon expérience, se référer à la lettre de démission qui a été publiée dans El Moujahid le 27 août 2000 et au livre : radioscopie de la gouvernance algérienne, éditions EDIF 2000, que j’ai publié en novembre 2006.

Plus d'articles de : Forums

Commentaires (12) | Réagir ?

avatar
ali ou mouh

Mr Benbitour comment expliquez vous l'arrivée au pouvoir d'une personne comme Bouteflika quand on connait le parcours chaotique de celui ci (voir le livre de Benchicou) Je veux dire comment pouvez vous adhérez aux idées d'un homme qu'on sait dès le départ qu'il est faux. Merci pour votre reponse........... Azul

avatar
makhlouf

monsieur ben bitour, c'est formidable de voir en algerie des débats dzns ce sens, je pense actuelment que l'etat est completement bloque, l'anarché, le clientilisme... ont reussi a prendre part dans l'esprit des algeriens et cela est du, a mon avis, a l'histoire de notre pays avant la guerre de liberation (et quelle guerre) pendant et apres la guerre, et la seul et l unique cause de situation est le problemes identitaire. la construction d'un etat doit passe par recherche d'une identite par la quelle le peuple contruira son reve et son ideal, pour le moment avec tant d'année de retard, monsieur ben bitour, un deuxieme republique ne s'impose- t-elle pas ?

visualisation: 2 / 12