France : 18 ans de prison par contumace requis contre le jihadiste Salim Benghalem

Salim Benghalem
Salim Benghalem

Le parquet de Paris a requis lundi dix-huit ans de prison accompagnés d'une période de sûreté des deux tiers à l'encontre de Salim Benghalem, bourreau présumé de l'Etat islamique jugé en son absence pour son rôle dans une filière d'acheminement de militants islamistes vers la Syrie courant 2013.

Dressant un parallèle entre cet homme de 35 ans et Mohamed Merah, qui a tué sept personnes à Toulouse et Montauban en mars 2012, le procureur Arnaud Faugère a estimé qu'il constituait "une menace" pour la France. "On est sur une dangerosité maximale le concernant", a-t-il dit, rappelant que dans une vidéo de février dernier attribuée à l'Etat islamique, Benghalem menaçait "clairement" la France.

Comme Mohamed Merah, a-t-il souligné, Salim Benghalem est issu de la "voyoutocratie", s'est radicalisé en prison, et a effectué des séjours à l'étranger auprès d'Al Qaïda, avant, à la différence du "tueur au scooter", qui a commis un attentat sur le sol français, de partir faire le djihad en Syrie.

Des peines allant de six ans à dix ans de prison ont par ailleurs été requises à l'encontre de six autres membres présumés de cette filière, première jugée après les attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre dernier. Il a également requis une interdiction définitive de territoire à l'encontre du seul étranger, un Marocain soupçonné d'avoir joué le rôle d'"interface" entre la France et la Syrie.

Le procureur a distingué plusieurs niveaux de responsabilité au sein du groupe : les combattants restés longtemps sur place et chargés d'intégrer les nouvelles recrues - Salim Benghalem et Abdelmalek Tanem, 26 ans -, un "facilitateur" et les quatre autres, qui ont rejoint la Syrie et sont restés sur place d'une dizaine de jours à deux mois. Il n'y a "pas le moindre doute sur la volonté belliciste des intéressés au moment de partir", a estimé Arnaud Faugère.

"Partir en 2015, cela n'a sans doute pas la même signification. Mais partir en 2013 en Syrie, c'était déjà intégrer un groupe terroriste", a-t-il ajouté. "Dès 2013, les germes de ce qui va devenir l'Etat islamique étaient déjà là."

Alors que l'ombre de Salim Benghalem a plané au-dessus des débats, plusieurs prévenus ont tenté de se démarquer de cette figure de Daech, visée par un mandat d'arrêt international et inscrite depuis septembre 2014 sur une liste de "combattants terroristes étrangers" recherchés par les Etats-Unis. "Je me désavoue de tout le mal qu'il fait", a ainsi déclaré lundi à la barre Abdelmalek Tanem.

Salim Benghalem est soupçonné par la France d'avoir été l'un des geôliers de journalistes français en Syrie début 2014, aux côtés de Mehdi Nemmouche, auteur présumé de la fusillade qui a fait quatre morts en mai 2014 au Musée juif de Bruxelles.

D'après les déclarations de sa femme en garde à vue, il combat en Syrie et participe aux interrogatoires de prisonniers. Il aurait dit à son épouse vouloir mourir en martyr, et ne pas avoir l'intention de revenir en France. Le jugement devrait être mis en délibéré.

Depuis 2013, le contentieux lié aux départs vers la Syrie et l'Irak a été multiplié par six au parquet de Paris, avec 124 affaires pour 2015 au 2 décembre dernier, contre 26 en 2013, a fait savoir lundi le procureur. En octobre dernier, une frappe française aurait visé Salem Benghanem à Raqqa. Aucune confirmation officielle à cette information cependant.

Avec Reuters

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