Lettre ouverte au wali de Médéa

Médéa où tout reste à faire Monsieur le wali.
Médéa où tout reste à faire Monsieur le wali.

Le constat est immuable, la wilaya sinistrée dont vous avez la charge, avec son marasme et son malaise de vivre, personnifie désormais l’image d’une wilaya se laissant aller sans trop s’en faire, elle attendait sans rien attendre, ni de l’administration de votre prédécesseur qui n’a pas trouvé mieux, au lendemain de son installation, que d’anesthésier et de remettre à la case départ moult projets de développement et de relance économique non sans lancer une véritable chasse aux sorcières, ni de ses élus de l’APW et des APC, des bustes creux aux costumes demi-manches étincelant et aux chaussures saltimbanque, dont l’oblativité très suspicieuse était de se servir et de servir les copains et les coquins.

De sales affaires et de sales histoires se sont passées, dont les gorges chaudes des salons de coiffure et des taxis se sont fait écho, vraies ou fausses, elles interpellent bien des consciences.

Peut-on, dès lors, en vouloir à l’homme de la rue pour la rancœur qu’il nourrit à l’encontre de l’exécutif de la wilaya et de ses élus. La plèbe des lointaines contrées de la wilaya continue de se plaindre des aléas qui lui font la vie dure sans même l’espoir de voir un jour l’autorité répondre à ses doléances. Point de transport, point de routes, point d’abris-bus, point de santé, point d’eau potable, point d’aires de jeux, point de travail, point de chauffage aux écoles ... et la liste est longue.

Et dans l'air du temps, un wali s’en va, un autre arrive, autrement dit : «Le Roi est mort, vive le Roi.», chantaient naguère suzerains, vassaux et serfs, prêtant allégeance au puissant du moment pour ses grâces et ses faveurs. Monsieur le wali, gardez-vous de faire confiance aux blandices des flagorneurs de tout bord de la société civile, celle-là même qui en octobre 2013, a demandé le maintien du successeur de Abdelkader Zoukh, grand bâtisseur, l’actuel wali d’Alger, pour on ne sait quel mérite, quels services et quelles réalisations au profit de la wilaya dont il était responsable. Rien ne marque de sa griffe une quelconque réalisation architecturale, un quelconque projet au profit de ses administrés. Un règne de forfaiture, d’incurie, de dilettantisme, de gabegie et d’incompétence.

De mémoire de Médéen, jamais la wilaya et sa capitale Médéa n’ont été larguées à vau-l’eau comme elles l’ont été ces cinq dernières années. Médéa, censée être la vitrine de la région, offre un spectacle de désolation sous la supervision d’un chef de daïra au Bac plus dix : routes défoncées, trottoirs squattés, des immondices et autres saletés jonchant les places publiques et les ruelles de la ville, devenue l’espace d’un temps un immense dépotoir parking sauvage, absence de panneaux de signalisation réglementant le plan de circulation de la ville exaspérant davantage l’anarchie de la conduite automobile, absence de passage protégé pour les écoliers, les vieillards et les handicapés, la chaussée difforme et sans bitume, nids de poule et cloaques ternissant le quotidien du citoyen et du petit écolier lors des fortes pluies, la ville est partie, emportée sous la godasse crottée pour devenir un immense village. Médéa n’est plus ce qu’elle était : un havre de paix et de villégiature.

Monsieur le wali, trouvez-vous normal qu’une wilaya de la taille de Médéa ne possède pas, par le présent, une mercuriale des fruits et légumes pour approvisionner ses habitants en produits du terroir, obligés d’aller les en acheter dans une wilaya voisine.

Trouvez-vous normal que la seule zone industrielle de la ville n’arrive pas à susciter l’intérêt des hommes d’affaires et des sociétés pour venir y investir, faute de stimulants et d’encouragements de la direction des impôts ?

Trouvez-vous normal qu’un hôpital psychiatrique change casaque en devenant une caserne des forces publiques, et que ses malades mentaux, élisent domicile dans nos villes et nos villages avec le risque et le danger potentiel que cela comporte pour la quiétude, le bien-être du citoyen ? Un déshabiller Paul pour habiller Pierre bien étrange !!!

Le seul hôpital de la ville est submergé par la demande alors que bon nombre de ses spécialistes brillent par leur absence s’ils n'ont pas encore quitté leurs respectifs services.

L’hiver approche avec ses pluies et ses neiges, bon nombre de caniveaux et de regard d’eaux usées attendent que l’ONA puisse envoyer ses agents pour les désengorger, pour que demain le pire soit évité.

Trouvez-vous normal que la capitale de la wilaya ne dispose même pas de poubelles publiques, le prétexte fallacieux avancé par l’APC, qu’elles ont été brûlées ne convainc pas.

Monsieur le wali, les sans-abris, les sans-le-sou, les sans-travail et les pauvres de Médéa et des contrées lointaines de la wilaya placent en vous mille rêves et mille espoirs de voir enfin les prémices d’une réelle préoccupation de leurs problèmes multisectoriels et d’une prise en charge de leurs aspirations. Ce vœu pieux, sera-t-il exaucé ?

Brahim Ferhat

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Bachir Ariouat

S'il y avait qu'une willaya nous pourrions organiser une quête pour l'aider, malheureusement c'est toue l'Algérie qui est sinistrée, comme c'est un pays immense, comprenez.