La décision nationale : de la pensée de groupe à son meilleur !

Bouteflika et ses soutiens sont incapables d'imaginer une vision stratégique pour l'Algérie.
Bouteflika et ses soutiens sont incapables d'imaginer une vision stratégique pour l'Algérie.

En mettant, dans une magistrale fuite en avant, tous ses œufs dans le panier du programme du président de la République, le gouvernement algérien court encore plus vite à sa perte qu’il ne le faisait auparavant.

Avant la nouvelle donne énergétique, l'Algérie était déjà en crise permanente et minée de toutes parts. Maintenant qu’elle doit faire face à sa dépendance au pétrole dont le prix du baril est passé d’une manière durable à moins de 50 $, le pays court à la ruine. La meilleure preuve de cette déconfiture est qu’il faut actuellement 185 dinars pour acheter un seul euro tandis qu’il en fallait 165 au début du mois d'octobre et la chute continue. La situation est encore pire par rapport au dollar puisqu’il a perdu 30 % de sa valeur en un an. Les tâtonnements, l'indécision et les approximations du gouvernement algérien en matière de gouvernance économique et sociale le précipitent actuellement vers sa perte.

Puisque les décisions administratives prises dans le passé par Abdelaziz Bouteflika ont irréparablement miné sa crédibilité économique, non seulement auprès de son peuple, mais aussi de toutes les autorités compétentes en cette matière de par le monde, il a inventé une nouvelle manière de présenter ses lubies. Il est clair en voyant les prémisses de la constitution du nouveau groupe de sauvegarde nationale que les décisions qu’il prendra seront non seulement mauvaises, mais encore plus dangereuses que celles prises par le gouvernement Bouteflika avant lui. Si on regarde la trentaine de membres du nouveau système algérien qui a été mise en place à Alger le 22 octobre, on voit qu’il réunit non seulement des parlementaires et des ministres, mais aussi des hommes d'affaires importants qui ont tous en commun d’adhérer à la vision du président. Sous les objectifs avoués par Amar Saâdani, soit renouveler une partie des membres du Conseil de la nation qui doit fournir son soutien au président Abdelaziz Bouteflika, l’organisme présente une vision teintée de la réalité économique actuelle. Personne n’a une vision indépendante dans ce groupe. Encore moins d’individus oseront mettre le point sur la table quand une décision farfelue au niveau administratif, mais plaisant au niveau présidentiel sera présentée comme la voie magique de s’en sortir. Ce cercle de réflexion et de débat ne pourra engendrer qu’une pensée de groupe identique à celle qui a mené il y a quelques décennies à la crise des missiles de Cuba.

On peut voir partout des preuves de cette situation. Quand Amar Saâdani affirme que celui qui ne soutient pas le programme du président de la République est contre la volonté populaire, il met en place le décor dans lequel évoluera le groupe. Que ce soit les représentants du parti à la tête des structures parlementaires, les ministres FLN ou les gestionnaires et hommes d’affaires, ils ont donc tous en commun d’appuyer les vues du gouvernement en place. Amar Saâdani, le FLN et le SG s’enferment dans une pensée de groupe dangereuse. Comme personne n’osera contredire les directives de base d’Abdelaziz Bouteflika, tout ce qui sera décidé par ce groupe ne sera d’une vision édulcoré de la pensée du président et n’aura donc qu’une portée prédictive aussi limitée que la qualité de sa gestion des finances algériennes.

Amar Saâdani l’a affirmé dès le départ. Cette initiative a pour but de mettre en œuvre le programme du président de la République. L'initiative nationale du FLN n’est donc pas ouverte à tous, mais seulement à ceux qui pensent comme le président. Alors, pourquoi créer un organisme qui finira par dire ce qu’Abdelaziz Bouteflika veut qu’il dise? Il serait plus rentable pour l’Algérie que les membres de ce groupe annulent leurs réunions et retournent à leur travail essentiel au bon fonctionnement de la nation. Ils auront le loisir de lire le communiqué comme tout le monde et se seront évité tout ce lancinant épisode de tordage de bras qui mènera à ce qu’ils disent tous exactement ce qu’il y aura dans le communiqué final, qui doit d’ailleurs être déjà écrit. Le message fort qui sort de cet organisme est que le système est sclérosé et prêt à tout pour s’en sortir tant que ses privilèges ne sont pas touchés. En Algérie, la paralysie du président a d’égale que celle de son système politique ou les clans au pouvoir refusent toute transition. Comme exemple de bonne gestion, on repassera!

La situation pourrait cependant être toute autre si ce groupe intégrait des détracteurs de la pensée présidentielle. Tous les gestionnaires de projet vous diront que les équipent qui incluent des avocats du diable donnent immanquablement de meilleurs résultats que celles qui ne le font pas. Les flammèches qu’ils causeraient entre les acteurs pourraient bien raviver la flamme du nationalisme algérienne que l’autoritarisme débordant du gouvernement en place a enterrée sous des tonnes de cendres. Le pays dispose de ressources humaines qualifiées, cultivées et efficaces, mais ses dirigeants n’ont pas l’ouverture d’esprit suffisante pour les gérer d’une manière optimale. Historiquement, les changements dans les sociétés viennent de jeunes qui ont une vision claire du chemin à emprunter et la volonté de le faire.

Michel Gourd

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Mehdi marekchi

A le voir la tête en haut, attend t'il l'ange de la mort?.