Quel nom pour la Maison des journalistes et correspondants de presse de Tizi-Ouzou ?

Malik Aït Aoudia.
Malik Aït Aoudia.

Le 22 octobre prochain, le ministre de la communication, Hamid Grine, se rendra à Tizi-Ouzou pour inaugurer la maison des journalistes de Tizi-ouzou. Il la baptisera du nom du journaliste Mali Aït Aoudia, décédée le 30 juillet 2015.

Cette structure n’est pas à considérer comme une réalisation de l’administration, mais comme un acquis de la corporation après plus de deux longues décennies de revendication. Les plus anciens se souviennent, entre autres, de l'abnégation de feu Moh Achour (Belghazli Mohand Ouachour) au sein de l'association des journalistes et correspondants de presse de Tizi-Ouzou. Il ne serait que justice qu’elle porte le nom de ce journaliste assassiné par les islamistes.

Loin de moi une quelconque velléité de fomenter une guerre des mémoires, mais le choix de M Grine participe des logiques perfides du régime en place, avec son lot de mépris pour tout ce qui suggère un attachement à la liberté et l’esprit de résistance. Il a fallu Vingt ans pour que les journalistes et correspondants de presse de Tizi-ouzou puissent enfin avoir leur maison. Vingt ans de mobilisation, de combats, émaillés aussi par des déboires et des intrigues. Et, ce régime qui est resté tout ce temps impassible, que dis-je ?, défiant plutôt, vient redorer son blason en inaugurant un espace qu’il espère, à coup sûre, caporalisé et mis sous contrôle. D’ailleurs il l’appelle «Maison de la Presse», c’est dire que le combat n’est pas encore terminé.

Qu’est-ce qui pourrait expliquer le choix annoncé à grandes pompes par M. Grine ? Malik Ait-Aoudia, journaliste émérite qui s’est distingué dans le combat anti-islamiste par un travail, avec Séverine Labat, d’un indéniable courage face à l'internationale islamiste, n’est pourtant lié à Tizi-Ouzou que par l’origine, il n’y a aucun autre ancrage. Ce serait, donc, par régionalisme que Hamid Grine, a fait le choix d’honorer ce journaliste par le baptême d’une modeste maison des journalistes de Tizi-Ouzou. Aux yeux des gouvernants ce journaliste ne mérite-t-il pas une consécration plus nationale ? Et surtout, que son nom ne serve pas à occulter et à gommer celui d’autres journalistes qui sont tombés la plume à la main ?

La réalisation de cette structure est l’occasion de pérenniser la mémoire de ceux qui ont fait les lettres d’or du journalisme dans la région. Le plus légitime d’entre eux pour baptiser la maison des journalistes et correspondants de presse de Tizi-Ouzou (Maison de la presse ?) reste celui de Moh Achour, Mohand Ouachour Belghezli, ou alors le nom de Allaoua Aït Mebarek, directeur de la rédaction du Soir d'Algérie, décédé, avec deux autres journalistes, lors de l'attentat à la voiture piégée qui a visé, en février 1996, la Maison de presse Tahar Djaout. Mais sommes-nous dans un Etat qui se conçoit comme émanation de la société et le vecteur de sa mémoire ?

Mohand Bakir

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