Le voyage de la mort
Ce poème est dédié à Aylan Kurdi.
Ce jour-là, quand ils ont emprunté le chemin de la fuite
 il s'était blotti, comme un oiseau, dans les bras de sa mère
 Les couleurs du ciel étaient sourdes, étouffées
 les collines sèches, les vallons marron, gris, couronnés....
Ses yeux de "petit" voyaient au loin
 autre chose qu'une mort, un linceul, une guerre ou des charniers
Mais ses oreilles n'entendaient qu'un seul cri,
 celui du passeur : "allez-y"!
C'était l'hiver dans les cœurs, la peur, les cigales se sont tues
 Les alouettes, tristes, dispersées aux quatre coins d'une nature désolée
Personne n'arrive à comprendre d'où venaient cette chape-là de mélancolie,
 ces visages hagards,
 ces humeurs stressées
 ces mines défaites
 disparus dans la brume matinale
Sauf sa mère qui, elle, pleurait
 pleurait, pleurait, pleurait
 et les chuchotements taquins de la brise
 qui trayaient dans les pis d'un espoir sans filet
 un hymne à l'amour et à la paix
Et les vagues mousseuses qui ronflaient
 et la mer qui hurlait
la bêtise des maîtres honnis
 qui ne maîtrisent que l'art-bidon de réprimer
Ils étaient partis, tôt, sur les ailes de l'aventure
 armés de leurs rêves naïfs en un ailleurs des possibles
 avant que leur embarcation de fortune coule
Et l'âme de l'ange, rejetée par des ressacs houleux
 n'entre dans le temple hideux du silence,
 figée comme une statue de cire...
Que sa photo soit le portrait historique de leur déchéance
 ceux-là qui nous ont bernés par leur traîtrise
 Et d'autres, ceux de là-bas, qui brûlent nos maisons
Puis, construisent des barrières d'acier
 comme pour se protéger de la gale
 les desseins tout enveloppés d'hypocrisie
 en chantant, quelle horreur, les vertus de la démocratie.
Kamal Guerroua, poème dédié à Aylan Kurdi.


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hello
Thank you for this beautiful blog
merci