La deuxième étape d’une excursion linguistique en Algérie (II)

Alors que les dirigeants inscrivent leurs enfants dans les grandes écoles multilingues, ils obligent les enfants du peuple à n'utiliser que l'arabe.
Alors que les dirigeants inscrivent leurs enfants dans les grandes écoles multilingues, ils obligent les enfants du peuple à n'utiliser que l'arabe.

La première étape de l'excursion linguistique ayant permis d’avoir une petite idée sur ce qui se passe ailleurs, chez ceux qui ne veulent pas rater le train du développement et qui ne semblent pas avoir un problème linguistique ou identitaire aigus, cette deuxième étape qui sera courte pour l’excursion, va surtout noter les déviations d’un débat, pour la diversion, l’exclusion. Pour noyer le poisson.

Pour l’excursion linguistique, on pourrait peut-être ajouter que les Emirats arabes unis (EAU), ce pays où l’anglais est la langue coloniale, dispose de quatre lycées français, à l’instar d’autres pays arabes du Proche et Moyen-Orient. Et d’ajouter qu’aux EAU, il existe également une université francophone de type public appelée Université Paris-Sorbonne-Abou Dhabi.

Sinon, le multilinguisme est une richesse ; opposer donc les arabophones aux francophones relève d’un débat clos et faux. Je vérifie cela à l’université puisque des arabophones enseignent en français et inversement, selon les disciplines enseignées et puisque nos grands écrivains et des journalistes ont des affinités indépendantes de la langue d’écriture. Je le vérifie quand je constate que des intellectuels dont des écrivains, décédés ou encore en vie, jonglent avec les deux langues, l’arabe classique et le français et quand les recommandations de la conférence sur l’école ont été soutenues par des francophones et des universitaires parfaitement arabophones et connus qui se sont publiquement prononcés. Et je le vérifie, parce que tout simplement ceux qu’on appelait les francophones sont aujourd’hui minoritaires, aussi bien à l’université que dans d’autres secteurs d’activité, sinon en retraite pour beaucoup d’entre eux. Enfin, beaucoup de nos aînés ont libéré le pays, en usant d’une arme puissante, celle de la langue, celle de Victor Hugo notamment.

Concernant tout débat, il doit tout d’abord respecter des formes, pour pouvoir traiter sereinement le fond sur lequel il peut y avoir des désaccords, et c’est normal comme disent les jeunes. Apparemment, aucun homme politique n’a réagi au viol des formes du débat. S’accommoder des formes bafouées et ne pas les désapprouver, comme feindre d’ignorer les incessantes injures auxquelles est soumise madame Benghabrit depuis sa nomination, cela est injuste. Reprocher à la ministre une ou des imperfections, même vraies, et juste pour l’enfoncer encore plus, puis la rendre responsable d’un tintamarre, cela n’est pas juste. Attribuer également la paternité des recommandations sur l’école, uniquement à une personne, alors qu’elles sont le fruit des groupes de travail, lors de la conférence sur l’école, cela n’est pas objectif. Si une quelconque recommandation est contestable, il s’agit de la démonter par des arguments, pas par des réactions épidermiques. Je suis donc plus rassuré en écoutant des hommes de Science que des politiques.

En outre, pour revenir à la question des langues maternelles qui existent de facto et cette recommandation "chahutée", il est précisé qu’il ne s’agit pas d’enseigner la derja, mais d’enseigner en derja. Juste en début de scolarité, pour un accompagnement de l’enfant. Si cette mesure permet d’améliorer les compétences scientifiques et linguistiques de nos élèves, pourquoi la contester et s’en effrayer ?

Maintenir le statu quo ne nous fera pas avancer et ne fera que reporter un problème, pendant que d’autres nations avancent en Sciences. Dès lors, les jeunes continueront à parler, écrire comme ils l’entendent dans un système de communication fabriqué par eux-mêmes et incontrôlé qui va les amener à n’assimiler aucune langue, notamment l’arabe scolaire, dans cette école qui a arraché toute motivation à nos enfants. Et puis les enseignants algériens continueront, dans tous les cycles de l’éducation, à utiliser le dialectal avec leurs élèves, comme au niveau de la sphère arabo-musulmane. Et les "défenseurs" de l’arabité, ceux notamment dont les enfants ne sont pas scolarisés dans nos écoles publiques, ou ceux ayant deux pieds, un sur chaque rive de la méditerranée, et qui viennent nous causer constantes nationales et patriotisme, mais également les respectables académiciens de la langue arabe, continueront tous, chez eux, entre eux et dans d’autres lieux à s’exprimer spontanément, c’est à dire en dialectal. Enfin, quand pour faire mouche, pour mieux communiquer avec les algériens, nos hommes politiques les plus en vue, dont des chefs d’Etat, dans quelle langue alors se sont-ils alors exprimés ? Au passage, le taux d’alphabétisation relevé en 2014 est de 86 %.

Il y a donc un grand malaise. En dehors d’un dicton populaire bien de chez nous et connu par tous, un autre affirme qu’on ne peut cacher le soleil avec une main. (Fin)

Rachid Brahmi

Lire aussi : La première étape de l'excursion linguistique en marche en Algérie

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Bachir Ariouat

Les Ministres Algériens, il faut en premier lieu qu'ils apprennent à compter, ensuite il faut définir les limites du seuil de l'alphabétisation, si quelqu'un parle arabe kabyle chleuh, il es alphabétisé, effectivement, les Algériens ils sont alphabétisé, mais ils n'ont aucun méritent, puisque c'est leur langue maternelle, donc Mme le Ministre casse du grain pour ne rien dire tout comme l'auteur de cet article.

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salim ainez

dort peuple algérien dort.