Les neuf raisons de la chute du cours des hydrocarbures

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 48,53 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 21 cents par rapport à la clôture de lundi.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 48,53 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 21 cents par rapport à la clôture de lundi.

Le prix du Brent est coté la matinée du le 18 août à 48,56 dollars et le WIT américain à 42,11 dollars. En euros, le cours du Brent est coté 43,87 euros et le WIT 38,05 euros et le cours de l’euro est de 1,1069 dollars. Une appréciation du dollar aurait donné un cours plus bas. Selon Forex, le cours du dinar algérien a été coté à 105,41 pour un dollar et à 116,6866 pour un euro, une dépréciation inégalée depuis l’indépendance politique, près de trois fois depuis la dévaluation de 1994.

Premièrement : la crise de l'économie mondiale, dont le ralentissement des pays émergents, Brésil, Inde surtout de la Chine dont le ralentissement se répercute sur toute l’économie mondiale. La décision récente de la dévaluation de la monnaie chinoise peut être le signe précurseur d’une très grave crise mondiale future. Dans la mesure où l’on ne s’est pas attaqué aux fondamentaux de la crise à savoir la suprématie de la sphère financière spéculative sur la sphère réelle, la distorsion entre la dynamique économique et la dynamique sociale. A ce déséquilibre offre/demande, s’ajoute la surproduction par rapport à la demande où existe un écart de plus de 2 millions de barils, l’OPEP dépassant largement son quota de 30 millions de barils/jour (plus de 32mllions de barils jour).

Deuxièmement : l'introduction du gaz/pétrole de schiste américain qui bouleverse toute la carte énergique mondiale, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole à 8,5 actuellement ; il est même prévu en 2016 plus de 10 millions de barils par jour avec la décision récente (2015) du Congrès américain d’autoriser les exportations notamment vers l’Europe. Avec les dernières découvertes technologiques aux USA, le cours plancher moyen pour le pétrole gaz-schiste contredisant les prévisions de certains experts qui avaient prédit un coût croissant, tourne autour de 60 dollars en moyenne, et pour les grand gisements un prix plancher inférieur à 55 dollars et moins. Liée aux nouvelles mutations énergétique mondiales, la réduction de plus de 50%, du coût des énergies renouvelables qui à horizon 2020 pourront devenir rentables grâce aux économies d’échelle, sans compter le charbon avec le recyclage du CO2 dont les réserves mondiales dépassent les 200 ans.

Troisièmement : les rivalités au niveau de l’OPEP bien que cette organisation ne représente que 33% de la production mondiale commercialisée mondiale, 67% se faisant hors OPEP, de la rivalité Iran-Arabie Saoudite (plus de 35% de la production OPEP), qui ne veut pas perdre ses parts de marché. qui peut avec les Emirats, le Qatar, Oman, le Koweït, se permettre un cours plancher de 55/60 dollars, populations faibles et ayant d’importants fonds souverains. L’Arabie Saoudite (et horizon 2020 l’Iran) est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l'offre mondiale, en relation avec la stratégie des USA (n’existant pas de rivalités stratégiques) déterminant le prix plancher. Cette baisse des prix rentre dans le cadre d’enjeux géostratégiques notamment pour affaiblir la Russie et sert les intérêts stratégiques des États-Unis et de l'Arabie saoudite, assure Thomas Friedman dans le New York Times. L’Algérie, la carte énergétique mondiale ayant profondément changé depuis les années 1970, représente moins de 2% du quota OPEP, 0,7% des réserves mondiales de pétrole, 2% de gaz naturel, en voie d’épuisement du fait de la forte consommation intérieure et des subventions généralisées source de gaspillage, horizon 2030 au moment où la population approchera 50 millions d’habitants. Je ne parlerai pas du Venezuela qui est en semi faillite, la dette extérieure dépassant les 70% de son PIB. Ces deux pays ont une influence marginale au sein de l’OPEP.

Quatrièmement : la stratégie expansionniste russe à travers le géant Gazprom, qui a toujours profité de la baisse du quota OPEP pour prendre des parts de marché. Et ce à travers les nouvelles canalisations, le North et le South Stream (gelé temporairement) approvisionnant l’Europe (125 milliards de mètres cubes gazeux), la Russie ayant besoin de financement, les tensions en Ukraine n’ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été de 30% entre 2013/2014 et investissant récemment pour le marché asiatique à travers les canalisations. La Russie et l’Iran malgré des discours diplomatiques, privilégieront dans un proche avenir leurs intérêts propres, n’existant pas de sentiments dans la pratique des affaires.

Cinquièmement : du retour probable sur le marché de la Libye 800.000 barils/jour actuellement et pouvant aller vers plus de 2 millions de barils/jour, de l'Irak avec 3,7 millions de barils jour (deuxième réservoir mondial à un cout de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 8 millions de baril jour et surtout l'Iran, qui déversera à court terme plus d’un million de barils jour dès janvier 2016 et pouvant aller jusque quatre cinq millions de barils jour d’exportation dès 2017/2018. L’Iran qui verra ses avoirs débloqués d’environ 100 milliards de dollars, qui possède 160 milliards de barils de pétrole et 34.000 milliards de mètres cubes gazeux traditionnels (2e réservoir après la Russie) a besoin de financement pour reconstruire son économie totalement dévastée et qui ne respectera vraisemblablement pas son quota, idem pour l’Irak et un retour éventuel de la Libye. Signalons par ailleurs, les nouvelles découvertes dans le monde en Afrique, en Amérique latine, en Asie, notamment en offshore en Méditerranée orientale, 20.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région, et le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique.

Sixièmement : les perspectives, horizon 2017-2020 ont pour objectif stratégique de renforcer l’efficacité énergétique grâce à une transition énergétique maîtrisée, avec d’implorantes résolutions prévues lors de la rencontre avant la fin de l’année 2015 à Paris sur le réchauffement climatique notamment dans le bâtiment et le transport. Le réchauffement climatique selon un rapport récent de la CIA est une menace pour l’humanité, pire que le terrorisme, expliquant la position officielle actuelle du président américain et ce dès 2030 qui implique une économie d’énergie d’environ 20% à horizon 2020 et 30% à horizon 2030.

Septièmement : les tendances sont à un nouveau modèle de consommation énergétique car si la Chine et l’Inde avaient le niveau de vie et le même modèle de consommation actuel que l’Europe et les USA, il faudrait selon les spécialistes trois à quatre fois la planète actuelle, l’avenir de l’humanité reposant sur le carbone. Aussi une nouvelle division et spécialisation internationale avec la concentration de l’industrie manufacturière en Asie (Chine/Inde approchant 3 milliards d’habitants) nécessitera un nouveau modèle de consommation énergétique, reposant sur un bouquet énergétique dont les énergies fossiles classiques mais cette fois les relations clients-fournisseurs étant à leurs avantages, pour avoir des avantages comparatifs pousseront à la baisse les prix.

Huitièmement, l’occupation par les terroristes de champs pétroliers et gaziers les écoulements au marché noir notamment en Irak pour un baril entre 30/40 dollars.

Neuvièmement : l’évolution des cotations du dollar et l’euro, toute hausse du dollar, bien que n’existant pas de corrélation linéaire, pouvant entrainer une baisse du prix du baril.

Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités, expert international

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Bachir Ariouat

Voilà, une analyse qui me parait être sérieuse, mais il ne faut pas écarter, les alias politiques et catastrophiques naturelles.

Le monde occidentales actuellement mènent une politique agressive économique doublé d'agression militaire, à laquelle participe l'Arabie Saoudite et ses alliés.

Notre pays et me continent Africain entier va subir des assauts d'un peu partout, dont notre pays avec sa politique d'avoir les fesses assises sur deux chaises et voulant faire croire qu'il rempli un rôle sur le plan international et au niveau Africain, mais que dans les faits, il n'assume absolument aucun rôle, il dévolu sa part de responsabilité à d'autre pays de l'Afrique qui sont plus agressif sur le plan continental et qui se ressent sur le plan international.

Parler dans le vide cela n'apporte rien à l'humanité, laisser agir les autres à votre place, cela vous décrédibilise le pays et ses dirigeants, c'est d'autant plus grave, que la politique interne du pays, les dirigeants sont connus et reconnus à travers le monde qu'ils sont des mafieux, ils sont à acheter à un vil prix.

Nous ne produisons rien, nous fabriquons rien, le peu d'hommes capables de créer des richesses, ils son mépriser, chasser, détester, ils se sauve du peu, pour être remplacer par des nuls dictatures religieuses et militaires qui s'accordent entre eux.

Les richesses c'est pas ce qui nous manquerons dans l'avenir, nous avons une richesse inépuisable c'est le soleil.

Mais, est-ce que nous pouvons l'exploiter oui à condition que le peuple Algérien prend en main le destin de son pays.

Il chasse les religieux à la solde de l'Arabie Saoudite, les mafieux et corrupteurs et les militaires dictateurs qui sont à la solde de l'occident, que nous reprenions en main notre pays avec des hommes plus compétents qui aiment leur pays.