"Nostalgérie, l'interminable histoire de l'OAS" d'Alain Ruscio

La couverture de l'ouvrage
La couverture de l'ouvrage

L'idéalisation de la colonisation est de saison pour une partie de la société française. "Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS" écrit par Alain Ruscio, publié chez La Découverte, nous rappelle les dérives de cette organisation terroriste dont les héritiers s'emploient à rallumer les cendres.

Comme l’indique judicieusement le titre, l’histoire de cette organisation terroriste n’est pas terminée puisque nombre anciens membres ou sympathisants se sont recyclés dans à droite et à l’extrême droite en France. On peut citer les plus actifs encore : Pascal Buisson, Gérard Longuet, Claude Goasguen, Alain Madelin, Patrick Devedjian sans oublier le crépusculaire Jean-Marie Le Pen.

C’est François Mitterrand qui passe l’éponge sur les crimes de l’OAS en les réhabilitant en 1982 à la faveur d’une loi votée par le parti socialiste. Mais c’est le président Valérie Giscard-D’Estaing, soupçonné d’être une taupe de l’OAS au sein du gouvernement de De Gaulle, qui avait commencé le job pendant son mandat.

Alain Ruscio retrace l’histoire de cette organisation sanguinaire et nous éclaire sur sa seconde vie au sein de la classe politique française. L’auteur de ce nouvel ouvrage constate que plus d’un demi-siècle après l’indépendance de l’Algérie, il y a encore de nombreux nostalgique de l’Algérie coloniale qui parle «d’une Algérie heureuse». Un certain révisionnisme est même observé au sein de la classe politique mais aussi de la société, matérialisé entre autres par la fameuse loi de 2005 qui parle «des bienfaits de la colonisation».

La banalisation, voire l’idéalisation de la colonisation, couplée à l’échec des régimes qui ont pris le pouvoir en Algérie et dans d’autres pays africains, confortent ces nostalgiques dans leur vision de ce passé révisé sous leurs lorgnettes. L’auteur parle de blocage de l’histoire à 1962. Depuis une quinzaine d’années, dans des dizaines de villes françaises des monuments à la gloire de l’Algérie française sont érigés ; des assassins, comme ceux de Mouloud Feraoun sont célébrés et exaltés. Evoquant le lâche assassinat de cet immense écrivain, Alain Ruscio donne les noms de la tuerie du 15 mars. Six inspecteurs des centres sociaux se réunissent à El Biar. "Le 15 mars, un commando armé envoyé par Roger Degueldre, dirigé par deux chefs des commandos Delta, Jo Rizza et Gabriel Anglade, et comprenant Félicien «Kiki» Gardiola, «Petit Vincent», «Pierrot La Grue» et «Jeannot» Martinez y fit irruption et exécuta froidement six hommes désarmés, collés au mur : Marcel Basset, Mouloud Feraoun déjà cité, Robert Eymard, Ali Hammoutène, Max Marchand et Salah Ould Aoudia".

Bien des années plus tard, les terroristes ont continué à jeter leur haine contre l’Algérie et assumer leurs crimes. Jean-Claude Pérez se justifie dans une note du 6 avril 2011 parue dans Le Partisan, une feuille nihiliste niçoise : «… Mouloud Feraoun avait refusé de manifester sa solidarité avec la France (sic !) dans une cérémonie à Aumale. Mouloud Feraoun avait comparé nos jeunes combattants à des «vieillards impuissants qui se masturbent dans un coin pour faire croire qu’il leur reste un peu de virilité». Eh bien il s’est trompé. Il nous restait encore un tout petit peu de virilité et je suis sincèrement désolé qu’il en ait été en quelque sorte la victime».

Très documenté, le livre d’Alain Ruscio nous rappelle, à juste titre, les ignobles pratiques et les crimes les plus ignobles commis par cette organisation terroriste française à la veille de l’indépendance de l’Algérie. Ironie de l’histoire, aujourd’hui certains nostalgiques s’agitent pour lui faire redorer son blason. L’agitation autour de l’entretien la mémoire des criminels de l’OAS est un mauvais signe pour la société française qui semble avoir oublié que cette organisation a tenté d’assassiner un de ses présidents et surtout semé la mort sur les deux rives de la Méditerranée. Plus grave encore, il y a une frange importante de nostagiques de l'empire colonial pour lesquels l'Algérie n'a d'existence que sous la forme d'avant 1962.

Hamid Arab

"Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS", écrit par Alain Ruscio et publié chez La Découverte.

Plus d'articles de : Mémoire

Commentaires (3) | Réagir ?

avatar
algerie

hello

Thank you for this beautiful blog

avatar
algerie

merci

visualisation: 2 / 3