Algérie : quelques vérités amères

D'habitude réservés, les Mozabites ont manifesté à Alger pour dénoncer les semeurs de la mort dans leur région.
D'habitude réservés, les Mozabites ont manifesté à Alger pour dénoncer les semeurs de la mort dans leur région.

Cynisme, arrogance, brutalité, arrestations et calomnies, voilà la réponse du pouvoir algérien aux victimes d'une opération d'éradication qui demandaient paix, justice et protection de l'Etat par des moyens pacifiques.

Le Dr Kameleddine Fekhar, militant des droits de l'homme et ses compagnons qui agissent pacifiquement pour alerter l'opinion nationale et internationale sur la tragédie sanglante qui frappe leur communauté en l'absence ou à l'indifférence des services de l'Etat (certains parlent de complicité avec supports vidéos à l'appui.) ont été arrêtés alors que les auteurs des fetwas qui appellent aux meurtres, les assassins et leurs complices sont libres et nullement inquiétés. Ce sont là, les termes d'une réalité qui heurte tout entendement humain jusqu'au plus simple bon sens.

Mort et silence pour les victimes, liberté et plateaux de télévision quand ce n'est pas les salons du palais gouvernemental pour les bourreaux. C'est une constante de la politique du pouvoir algérien contre toute expression patriotique qui résiste à l'hégémonie de l'arabisme et de l'islamisme.

La force et l'arbitraire sont les deux institutions immuables et fondamentales de cette république arabo-islamique construite à partir d'Oujda... avec des tanks. Les lois qui en émanent prolifèrent loin de l'équité, du droit et de la légitimité.

Les familles des disparus et des victimes du terrorisme islamiste des années 1990 en savent quelque chose. Elles vivent encore dans leur chair cette injustice innommable qui leur est infligée par une fameuse réconciliation nationale qui culpabilise les victimes civiles et absout leurs bourreaux islamistes avec l'insolence de moult avantages matériels et financiers.

Que vise ce dispositif juridique antipatriotique sinon à valoriser la violence contre le peuple et à détruire systématiquement tous ses espoirs de paix, de justice, de progrès et de liberté ? Algérie meurtrie, dans quelles mains es-tu tombé ?

Pendant que les princes saoudiens et qataris chassent impunément des espèces protégées sur nos terres et fournissent des armes à feux et des discours incendiaires et racistes aux jeunes Chaâmbas sous les honneurs des dirigeants algériens, ces derniers, toute honte bue, tentent encore une fois de manipuler l'opinion en présentant la riposte patriotique et pacifique des militants mozabites comme une action de déstabilisation du pays liée à des intérêts étrangers.

La campagne de dénigrement et de calomnies cultivée contre les kabyles depuis leur sursaut en 1980 s'étend maintenant vers les amazighs du M'zab et bientôt sans doute vers d'autres communautés amazighes. Mais, les temps ont changé, le peuple n'est plus dupe. C'est une litanie qui ne berce plus personne, car les faits sont têtus et aujourd'hui visibles à tous.

En effet, il ne se passe pas un jour où la main et les intérêts étrangers ne transparaissent dans les décisions et les actes de l'oligarchie au pouvoir au vu et au su de tout le monde.

La déstabilisation du pays a commencé dès 1958 avec l'assassinat d’Abane Ramdane et le coup d'Etat contre le GPRA, elle persiste de nos jours sous la botte du même clan d'Oujda qui étouffe nos libertés pour dérouler le tapis rouge à l'avidité des puissances occidentales et à l'obscurité de la pensée wahhabiste. Qui l'ignore ?

Non, les agents travaillant avec l'intelligence ennemie ne se trouvent pas parmi les Amazighs du M'zab et à l'évidence, l'intégrité et le patriotisme du Dr Kameleddine Fekhar et de ses camarades ne souffrent d'aucun doute. C'est dans les rouages de l'Etat que pullule cette espèce inconnue dans tous les mouvements de protestations populaires qui ont marqué la longue lutte du peuple algérien contre la dictature. C'est de notoriété publique et ça s'appelle: crime de haute trahison!

Nos compatriotes mozabites ne comptent plus leurs victimes. Les agressions scandaleuses qu'ils subissent ont fait déjà des dizaines de morts et des centaines de blessés.

Une partie de la population algérienne, endormie par les artifices du discours officiel ou pliée sous le poids des soucis quotidiens affiche une indifférence feinte ou réelle qui est déplorable. Une certaine élite intellectuelle dite démocrate ou progressiste, souvent prompte à s'émouvoir au moindre drame extérieur détourne lâchement son regard des malheurs de son peuple en ces circonstances qui demandent toute son attention et son engagement. Des analystes de la dernière heure n'hésitent pas à profiter de la situation pour brouiller ou camoufler les vrais enjeux du conflit en vue de s'attirer les bienveillances du pouvoir avec l'espoir d'un poste ministériel à la clé, des vautours que le clientélisme du régime produit en série pour investir les médias afin d'assurer sa reproduction. Tout cela, jusqu'à quand? Jusqu'à quelles limites? A quel prix?

Instrumentalisée par la haine du Berbère et de l'ibadite, des jeunes Chaâmbas actionnés par des agents saoudiens s'acharnent contre les Mozabites, leurs biens et leurs saints avec une telle détermination et un tel enthousiasme qu'on a du mal à ne pas penser qu'ils sont mus par un sentiment d'impunité et des promesses alléchantes qui récompenseraient leurs sinistres exploits.

Le but est clair: faire de l'Algérie un pays arabo-islamique par l'éradication de tout ce qui ne rentre pas dans le moule de cette idéologie d'enfer au risque de provoquer une guerre civile qui emportera tout le monde.

Tous les responsables au plus haut niveau de l'Etat ont aménagé à leurs familles des situations de nantis à l'étranger, loin de la nocivité de l'arabisation, de l'islamisme et du besoin matériel, quant à eux, ils sont déjà prêts à les rejoindre à la moindre catastrophe. En attendant, ils amassent...et le pays se vide de toutes ses richesses. Qui l'ignore?

Les Kabyles, les Chaouis, les Touaregs font chaque jour l'expérience des attaques répétées du pouvoir et des islamo-baathistes contre leur identité, leurs cultures, leurs croyances et leurs langues.

Les Algériens non berbérophones ne sont pas en reste. On tente de les arracher à l'amour de leur terre en leur important une patrie lointaine qui n'est pas la leur et qui se refuse à eux. On les éloigne de leur histoire faite d'humanité, de fierté, de résistance et de lutte pour la liberté afin de les rattacher à celle de l'avidité, de la violence, des conquêtes, de l'esclavagisme et de l'asservissement des peuples. On leur enseigne une langue qui n'est ni celle de leurs mères ni celle de leurs aïeux qui bloque pour eux toute perspective d'épanouissement et d'émancipation intellectuelle. On les éduque dans une culture despotique, raciste, en les dépouillant de leurs repères identitaires pour alimenter les bataillons islamistes qui sèment l'ignorance, la haine et la mort. Qui s'en inquiète ?

Inféodé aux monarchies et aux dictatures du Moyen-Orient, le pouvoir algérien déploie tous les moyens pour livrer le pays à leur influence et à leur tutelle. Ne porte-t-il pas de ce fait un caractère antinational qui insulte le sacrifice de plusieurs siècles de lutte contre la domination étrangère dont il veut seulement en modifier les apparences? Y a-t-il vraiment sur la place des Algériens jaloux de leur indépendance? Où se terrent-ils ? On entend guère leur protestation, s'agissant des fameuses constantes nationales qui ficellent l'Algérie comme un paquet cadeau destiné à sceller notre allégeance aux despotes de l'Orient arabe.

Usant d'un instrument constitutionnel et juridique arbitrairement établi, d'un système éducatif qui ne permet aucun déploiement de la pensée hors du dogme sunnite et d'une langue arabe qui n'existe ni dans le champ social, ni dans le champ culturel et économique mais toutefois, imposée comme la voie obligée d'expression officielle dans tous les domaines de la vie sociale et politique, le pouvoir illégitime d'Alger s'entête depuis 1962 à dépersonnaliser le peuple algérien et à le plonger dans l'arriération, la dépendance et la soumission.

C'est contre tout cela que nous nous élevons et appelons à une grande mobilisation en faveur de nos compatriotes mozabites qui luttent pour leur dignité, leurs libertés et leur amazighité.

Les menaces qui pèsent sur eux sont graves et sont de même nature que celles qui planent sur toutes les communautés amazighes. Il est temps pour nous de réagir ensemble et de tisser les liens de solidarité nécessaire pour notre survie contre des ennemis sans scrupules qui ne lésinent sur aucun moyen pour nous anéantir et plonger le pays dans le chaos.

Mokrane Gacem

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Commentaires (12) | Réagir ?

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mokhtar hellal

La logique de houhou.... yachkour roho quand allez vous être objectif et cesser d'attiser le feu felblad. Grace à votre logique de borgne, le pouvoir réaffirme son trône sur notre peuple. La supériorité que vous revendiquez sur les différentes ethnies du bled s'acquiert par un comportement digne d'un démocrate impartial et non pas avec du folklore et la la violence raciste islamophobe et arabophobe.

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Cesser de jouer le rôle de ceux qui nous gouvernent, s'il vous plait, sauf c'est vous êtes parmi eux.

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Aksil ilunisen

J'ai bcp de respect pour le peuple Mzab!

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