Ghardaïa : Quoi de neuf depuis octobre 2014 ?

 La situation n'a pas changé à Ghardaia depuis un an et les nombreuses promesses faites par les autorités.
La situation n'a pas changé à Ghardaia depuis un an et les nombreuses promesses faites par les autorités.

Le 27/10/2014, sous le titre «Ghardaïa : un gouverneur militaire comme solution ?» nous commentions la désignation du chef de la IV région militaire dans les fonctions de superviseur d’un État de siège de fait à Ghardaïa. Neuf mois plus tard, nous voici revenu au même point. Il est intéressant de montrer que «l’analyse» du régime a fait du parfait sur place.

En octobre 2014, la mesure avait été annoncée "aux lendemains de la "défection" des éléments des URS, et du retrait de ceux des GIR de la gendarmerie», épisode unique dans les annales des appareils de sécurité en Algérie. Cette fois-ci, c’est aux lendemains d’une grave escalade de violence. En près d’une année rien n’a été réglé dans la vallée du M'zab.

A l’époque déjà se posait la question de la légalité de la mesure. Les comptes rendus de presse avaient rapporté la chose, mais rien sur le plan légal n’était venu l’expliciter et l’asseoir dans le champ du maintien de l’ordre ; encore moins convaincre de sa pertinence. Nous avions parlé de "fait du prince" à l'époque. Aujourd’hui, nous sommes toujours devant les mêmes interrogations. Au nom de quelles dispositions le général-major Chérif Abderrazak est-il chargé de pouvoirs de police ? Cherchez une réponse, vous n’en trouverez pas !

Dans le même article, fac-similé d’un procès-verbal de réunion à l’appui, nous dénoncions de graves dérives autoritaires et des manquements à "l’esprit républicains" de la part du Général-Major et du wali. Nous établissions que les "autorités" n’ont consenti une rencontre avec les dignitaires du Ksar N’Tghardaït qu’à la condition de coopter les participants. L’exclusion visait Kamel-Eddine Fekhar et ses camarades, des "énergumènes" dixit le général-major. Aujourd’hui, ces parias croupissent en prison !

Nous parlions d’"un républicanisme superficiel et douteux [à] géométrie variable". Le wali et le Général-Major s’élevaient contre les "communautaires" lorsqu’il s’agissait des doléances mozabites. Mais à contrario, ils se sont arrogé le droit de diaboliser "l’adhésion de citoyens algériens à des partis légaux (FFS, RCD) ou même à des mouvements d’opinion qui se prononcent pour l’autonomie régionale (MAK, MAC, MAM’zab…)". Pire, le wali a osé mettre sur un pied d’égalité les inscriptions subversives des islamistes (djihadistes, takfiristes, Daech) et le Z Amazigh, symbole renvoyant à l’Amazighité de cette terre et de ses populations.

Le même parallèle perdure en ce mois de juillet 2015. On le "retrouve" dans les arrestations qui touchent indistinctement de présumés assassins, recrutés dans les rangs des repentis-pardonnés, et de pacifiques défenseurs des droits de l’homme. Le but évident étant d’accabler des innocents dans le sillage d’une légitime condamnation d'assassins, executants ou comanditaires, ou d’absoudre des criminels dans le sillon de l’indispensable remise en liberté d’honorables citoyens dont le seul tort est de défendre leurs droits. Démentiel collusion avec l’islamisme assassin.

Enfin il y a cette illustration parfaite que ce régime et le système qui le nourrit ne sont plus qu’une nécrose qui gangrène la Nation algérienne et provoquent son dépérissement. En octobre c’était le général-major qui y allait de ses intimidations à l’endroit d’une communauté touchée par une violence raciste et génocidaire. En juillet, il laisse le relais aux Sellal, Ouyahia et on ne sait quel autre régent d’un régime qui a renoncé à tout patriotisme, pour dépoussiérer le décor révolu de la cour d’exception de Médéa, baptisée à l’époque cour de sûreté de l’Etat.

De leurs vociférations remontent de nauséeux relents des brulots de feu Kamel Belkacem contre l’éveil printanier d’avril 1980.

Mohand Bakir

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