Tunis : procès de 24 accusés dans l’assassinat de Chokri Belaïd

Chokri Belaïd
Chokri Belaïd

C’est dans une Tunisie encore sous le coup du meurtrier attentat du Marhaba de Sousse qu’a a commencé, mardi 30 juin, le procès de 24 accusés incriminés dans l'assassinat en 2013 de l’avocat et dirigeant de l'opposition de gauche tunisienne Chokri Belaïd, farouche adversaire des islamistes.

Près de 200 avocats, des journalistes ainsi que des policiers étaient présent au tribunal. Une affluence exceptionnelle, qui a fait que l'audience se tenait non pas dans l'une des salles du Palais de justice de Tunis, mais dans le grand hall au premier étage du bâtiment.

Le principal accusé dans cette affaire, l’assassin présumé de Chokri Bélaid, est censé avoir été neutralisé par les forces de sécurité tunisiennes. Les autorités en avait fait l’annonce en février 2014.

De sources proches des 24 accusés, les chefs d’inculpation se rapportent à l’incitation à commettre des crimes terroristes, à l’adhésion à des groupes en relation avec des organismes terroristes et au meurtre avec préméditation. Les accusés sont soupçonnés d’avoir constitué un réseau qui a assuré le soutien logistique du groupe qui a attenté le 6 février 2013 à la vie de Chokri Bélaid. Ces activités de soutien se déclinent en la fourniture d’informations, d’hébergement et des dons directs à des personnes ayant des activités terroristes. Elles s’étendraient même à la fourniture d’armes et d’explosifs à un organisme en relation avec des crimes terroristes.

L’assassinat de Chokri Bélaid n’a été revendiqué que tardivement. Au moment du ralliement, en décembre 2014, de djihadistes Tunisiens à l'EI. C’est à ce moment là qu’il a été revendiqué pour la première fois en même temps que l’assassinat du député d’opposition Hadj Mohamed Brahmi, assassiné en juillet 2013. Cette revendication n’a fait que corroborer les accusations des autorités et de l’opposition démocratique tunisienne à l’endroit de la mouvance djihadiste qui étendait ses ramifications des "ligues de protection de la révolution" proche d’Ennahda jusqu’aux groupuscules illuminés.

Au moment où s’ouvrait le procès, des dizaines de personnes manifestaient dans la rue en scandant "Tounes Houra, Houra, El Irhab, Barra, Barra" ("Tunisie libre, terrorisme dehors") un slogan qui en rapèle d’autres qui résonnaient dans les rues d’Algérie entre 1992 et 2001.

Pour Basma Khalfaoui, militante et opposante de Gauche, veuve de feu Chokri Bélaid, "Aujourd'hui, nous allons voir si justice sera faite ou non." Pour elle, "il y aura des indices sur la volonté ou pas de rendre justice".

Les camarades, proches et amis de Chokri Bélaid n’ont eu de cesse de dénoncer des "zones d'ombre" et de réclamer la vérité face à un establishment nahdaoui qui ne semblait pas trop pressé de faire la vérité sur les assassinats politiques. Aujourd’hui, la Tunisie est gouvernée par une alliance Nida-Tounes-Ennahda, une sorte de bloc entre conservateurs et libéraux dont on ne sait pas très bien jusqu’où il peut aller dans l’établissement de la vérité sur ces heures sombres de la transition tunisienne.

Ahmed Ilmathene

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