Le RCD se félicite de la mobilisation des jeunes à l’occasion des assises de la Jeunesse Libre qui ont eu lieu à Alger le 15 mai. Plus de 1000 d’entre eux, venus de différentes wilayate du pays, ont élu leur conseil national visant à mettre en œuvre les résolutions adoptées lors de ce congrès. Cette mobilisation reflète la détermination de la jeunesse algérienne à faire aboutir ses droits légitimes et à s’organiser librement face aux abus d’un régime aussi vieillissant que suranné.

S’agissant de la CLTD, le Secrétariat national estime que le travail de sensibilisation doit se poursuivre et prend acte, avec satisfaction, de la volonté des partenaires à multiplier les actions de mobilisation et à privilégier la décantation sur la scène politique.

Il est de la plus grande importance, pour le RCD, d’engager directement les citoyens dans une initiative qui les concernent en premier chef. Il exhorte les Algériens et les Algériennes, convaincus que l’issue pacifique et démocratique est la seule alternative à la crise que vit le pays, à soutenir les actions programmées à la rentrée sociale pour consolider ce cadre consensuel et créer un rapport de force en faveur d’une transition démocratique pacifique et ordonnée.

A cet effet, hormis les récurrentes manœuvres qui secouent le sérail à chaque fois qu’il faut se trouver un tuteur ou un parrain, le système, qui se succède à lui-même depuis cinq décades avec le bilan chaotique qui est le sien, n’offre et ne tolère ni proposition ni perspective. Sans vision ni consensus, il s’attelle à opérer un autre passage en force pour se pérenniser malgré les difficultés économiques et sociales qui pointent à court terme et une vacance du pouvoir devenue au fil du temps moins accommodante pour les clans qui squattent l’Etat.

Les derniers chiffres sur le déclin de plus de 45% des revenus du pays et les annonces de cession d’actifs par les compagnies pétrolières ne feront qu’aggraver les perspectives économiques dans une conjoncture particulièrement difficile pour les ménages.

La paupérisation gagne de larges couches de la population. Ce mois de Ramadhan et l’approche de l’Aïd exposent le citoyen à une misère sociale que les « Restos Errahma » et les couffins de la honte, feuille de vigne de l’échec économique et social du régime, souligne dramatiquement. La sphère économique, parasitée par une corruption systémique, est livrée à l’improvisation.

Les affaires de corruption telles que celles de Khalifa, l’Autoroute Est-Ouest et Sonatrach sont programmées dans le seul dessein de les évacuer irrémédiablement du débat public. Soumise aux interférences et aux injonctions politiques, comme le montrent ces simulacres de procès où on n’a pas daigné auditionner les notabilités du régime, la justice se délabre et s’abime dans l’incurie.

Le conflit dans la région du Mzab, qui rebondit de façon récurrente et exacerbe les tensions entre deux communautés qui ont vécu depuis des lustres dans une parfaite intelligence, inquiète au plus haut point. Nul doute que ces heurts sont la conséquence de la passivité des pouvoirs publics face à la violence diffuse dans la société, savamment entretenue par des milieux inféodés au pouvoir, et de l’impunité absolue dont jouissent les puissants du moment. Ils révèlent l’impuissance de l’Etat à garantir la sécurité des personnes et de leurs biens, tel que consacré par la constitution, et reposent avec acuité la problématique des limites de l’Etat national et des institutions factices, imposés à notre société au lendemain de l’indépendance.

Le RCD considère que la fuite en avant et la volonté de se détourner de la détresse qui règne dans cette région ne rassurent guère et ne sont pas, sans effet, sur la cohésion de la Nation et ce d’autant plus que le pouvoir s’est outrageusement tribalisé, réveillant les démons de la division, et une ouverture médiatiqueplus que dévoyée par la mise en place soudaine de médias notamment audiovisuels bénéficiant d’une ahurissante manne publicitaire et répandant en toute impunité la désinformation, la haine, le matraquage idéologique et l’apologie du terrorisme.

Le Secrétariat national du RCD estime que cette voie risque de compliquer davantage la sortie de crise. Il réitère sa position de principe sur la guerre de tranchées que se livre les différentes chapelles pour s’adjuger la caution et/ou le soutien de l’institution militaire et invite tout un chacun à la lucidité et à méditer les causes du marasme actuel. On ne peut indéfiniment confisquer la souveraineté du peuple algérien. La lettre du chef d’Etat-major de l’ANP pour féliciter un dirigeant de parti politique, au-delà de la violation du devoir de réserve et de la neutralité que lui commandent formellement "les lois de la République", n’est pas un acte banal. Il doit être appréhendé comme tel.

Aussi, le Secrétariat national du RCD s’interroge sur le timing et les motivations de la dernière visite du Président français. Si des questions de sécurité, de coopération régionale et de l’énergie semblent constituer des urgences pour le gouvernement français, les Algériens sont en devoir de connaitre les engagements de l’Etat algérien à ce sujet. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la France du Président Hollande, minée par la culpabilité postcoloniale, est incapable de se solidariser avec les luttes démocratiques des peuples des "anciennes colonies". Il est plus préoccupé par l’affairisme que par des considérations géostratégiques et lorsqu’il s’accommode de l’incurie de nos gouvernants – ou de leur alacrité selon les intérêts bien compris du peuple français - c’est que ces derniers se montrent, assurément, très complaisants dans le négoce et le détournement des richesses nationales.

Enfin, le RCD condamne avec vigueur les lâches attentats qui ont ciblé, le même jour, plusieurs pays dont la Tunisie voisine engagée dans la construction démocratique à laquelle aspire les peuples du Sud.

Le Secrétariat National du RCD

Alger le 26 juin 2015