Grèce : le courage et la fermeté de Tsipras

Le Système Financier cherche à acabler le Grèce.
Le Système Financier cherche à acabler le Grèce.

Le plan de communication des «majors» du système financier mondial vise à mettre sur le dos des Grecs tous les malheurs qui les accablent et à leur imputer les conséquences probables d’une défection de leur Etat. Il cherche à évacuer toute responsabilité du système, marchés financiers en tête, et à continuer à masquer les conséquences de l’architecture d’une zone euro dépourvue de mécanismes d’ajustements budgétaires. Ce plan de communication a atteint d’exceptionnels niveaux d’arrogance, parlant de «retraite à 53 ans», de «treizième et quatorzième mois» pour les fonctionnaires, ou tentant d’établir des classifications, Portugal-Irlande-Italie-Greece-Spain (PIIGA) qui n’expliquent rien et masquent tout.

Les causes de la situation Grecque remontent à la crise du système financière mondial de 2007 et au renflouement des banques en 2008. Elles largement structurelles. Les États pour sauver les banques, et relancer l’économie, se sont surendettés, sans pour autant mettre le secteur bancaire sous leur contrôle. Cette démarche a conduit, dans un climat économique morose marqué par la baisse des recettes fiscales d’une part, et l’augmentation du chômage d’autre part, conséquences de l’application, à l’échelle quasi-planétaire de politiques néolibérales, au gonflement de la dette publique d’un grand nombre de pays.

Dans le contexte Européen, où «l’orthodoxie monétaire» imposée par la doxa néolibérale a conduit les Etats à se refinancer sur le marché financier à des taux élevés et incertains, puisqu’ils ne peuvent emprunter auprès de la BCE, l’augmentation du poids de la dette est amplifié. D’autant que le zone Euros est aussi dépourvue de possibilités d’ajustements budgétaires ce qui accentue les inégalités et plombe les plus fragiles. L’explosion de l’inflation, dans des pays comme la Grèce, compromet leur compétitivité. Conséquence : le déficit de leurs balances extérieures s’aggrave et leur dette extérieure publique et privée devient intenable.

En 2009, le gouvernement grec, aidé par les préposés en maquillage de comptes de Goldman Sachs, annonçait en 2009 un déficit autour de 6% du PIB. Selon un article du New York Times, le conseil bancaire du gouvernement Grec était sur le point de lui vendre un outil financier pour lui permettre de reporter le poids de la dette à plus tard. Mais, le changement de gouvernement, en octobre 2009, dévoile l’amer réalité d’une économie bien plus mal en point. Un déficit de 12,7% du PIB et une dette publique de 300 milliards d’euros fin 2009 (113% du PIB) pour une économie qui n’est ni celle du Japon (197% du PIB), de l’Italie (127%), des Etats-Unis et de la France (92%), de l’Allemagne (82%). S’agissant du déficit, ils s’élèvent à 14% en Irlande, à 12% au Royaume Uni, entre 10% et 11% aux Etats-Unis et en Espagne… Cette annonce a donné lieu à une vague de spéculation sur la dette souveraine grecque détenue dans une large mesure par des investisseurs étrangers.

C’est face à cette stratégie, que le gouvernement d’Alexis Tsipras s’attèle à développer une communication audacieuse qui tente de remettre les pendules à l’heure et à confondre les décideurs des méandres financières responsables des malheurs des peuples. En n’offrant pas l’hideuse image d’un Tsipras couteau serré entre les dents, le gouvernement anti-austéritaire de Grèce fait le choix d’une réelle fermeté et d’une attitude offensive face à ses usuriers.

Ahmed Ilmaten

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