Sur invitation de Bouteflika, François Hollande à Alger

Bien curieux ce déplacement de quelques heures de Hollande à Alger.
Bien curieux ce déplacement de quelques heures de Hollande à Alger.

François Hollande se rend lundi à Alger pour un entretien avec Abdelaziz Bouteflika, président à la santé fragile d'un pays-clé dans les négociations de paix au Mali, mais dont l'économie souffre de la baisse des cours du pétrole.

Présentée comme une "visite exceptionnelle" par l'Elysée, il s'agira de la deuxième rencontre entre les deux dirigeants à Alger, où François Hollande s'était rendu en décembre 2012. Saluant une relation qui "n'a jamais été aussi sereine", Paris veut consolider un partenariat "de long terme, d'égal à égal" avec Alger en renforçant les liens humains et économiques qui se sont notamment traduits par la naissance d'une usine Renault à Oran en novembre et la participation d'Alstom à la rénovation du tramway d'Alger.

Ce voyage permettra aux responsables français de mesurer l'état de santé du président algérien de 78 ans, très diminué physiquement depuis un accident vasculaire cérébral qui avait nécessité en 2013 trois mois d'hospitalisation à Paris.

Ses facultés mentales et cognitives sont intactes et lui permettent de continuer à diriger le pays, assurent les proches d'Abdelaziz Bouteflika, reconduit en avril 2014 pour un quatrième mandat avec plus de 80% des voix, jusqu'en 2019.

"François Hollande ne se mêlera ni directement ni indirectement de la question de la succession de M. Bouteflika qui, à ma connaissance, n'est pas une question posée aujourd'hui", dit un diplomate français.

François Hollande doit aussi s'entretenir avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dont le gouvernement a été remanié le mois dernier, avec notamment l'arrivée de Salah Khebri à l'Energie et d'Abderrahmane Benkhelfa aux Finances, sur fond d'inquiétude liée à la chute des cours du brut et à l'instabilité chez son voisin libyen, en pleine guerre civile.

Les deux sujets devraient être au menu des entretiens, alors que Paris et Alger sont engagés chacun à leur manière dans la lutte contre le terrorisme.

Si le rôle de l'Algérie n'est pas déterminant pour l'instant dans la lutte contre l'Etat islamique et la secte Boko Haram, il l'est dans le dossier du Mali, où la France intervient militairement depuis janvier 2013. "Si l'Algérie nous apporte un accord sur le Mali, objectivement ça serait une bonne nouvelle", souligne une source diplomatique française.

Après des mois d'atermoiements, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), qui regroupe les principaux groupes rebelles touaregs du nord du Mali, a signé le 14 mai à Alger un accord de paix, tout en prévenant qu'elle exigeait de nouvelles garanties avant de signer un texte définitif.

Les séparatistes touaregs du nord du Mali se sont alliés en 2012 aux islamistes qui se sont emparés de la moitié Nord du pays avant d'en être chassés par les forces françaises.

Si l'Algérie rechigne généralement à s'immiscer dans les affaires des autres pays, elle fait partie de ceux qui essayent de pousser un accord en Libye, où le chaos provoque notamment la fuite en Méditerranée de milliers de migrants.

"Nous avons besoin des pays voisins de la Libye pour amener les factions libyennes à s'entendre sur la formation d'un gouvernement d'union nationale pour ramener la stabilité dans le pays", explique un diplomate français.

Autre dossier sensible entre Paris et Alger, l'interminable enquête sur la mort des moines de Tibéhirine, assassinés durant la guerre civile algérienne, en 1996. "Oui, la question sera évoquée, nous ne nous en désintéressons pas", assure l'entourage de François Hollande. "Nous souhaitons que la justice fasse son travail".

Reuters

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Aksil ilunisen

Les consultations medicales s'operent en France, et les consulations politiques s'operent en Algerie.

Curieux, s'abstenir!