Affaire Contant : le journaliste Achouri répond à Abdelkader Tigha

Affaire Contant : le journaliste Achouri répond à Abdelkader Tigha

Il y a quelques jours M. Abdelkader Tigha m'a cité dans Le Matin dans sa réponse à Rina Sherman, ex-compagne de feu Didier Contant, en des termes qui m'ont poussé à rédiger cette réponse en d'éclairer les lecteurs du Matin sur le rôle que j'ai joué dans l'enquête menée le journaliste français en Algérie.

Au mois de décembre 2003, Didier Contant était venue en Algérie dans le cadre d'un reportage pour les magazines français "Le Pélerin" et le "Figaro-Magazine". On s'est rencontré à Blida au cours d'une réception donnée par l'association des victimes du terrorisme Djazaïrouna. Au cours de notre entrevue, M. Contant a sollicité mon aide pour mener des investigations journalistiques sur l'enlèvement et l'assassinat des sept moines trappistes de Tibéhirine en mars 1996. Le projet d'enquête de Didier Conant faisait suite à une récente déclaration de Abdelakder Tigha dans lquelle il avait accusé l'armée algérienne d'avoir joué un rôle majeur dans l'enlèvement des moines. En décembre 2003, nous avons commencé l'enquête voulue par Didier Contant. Dès le départ, nous avions convenu que l'enquête en question allait être cosignée et qu'elle allait être le prélude à une collaboration plus riche dans le cadre d'un ouvrage à paraître bien plus tard. L'enquête devait paraitre dans les colonnes du Figaro magazine. Contrairement à ce qu'affirme M. Tigha, à l'époque je n'étais pas journaliste à l'APS mais responsable régional à Blida du quotidien francophone Liberté. Autre contre-vérite: M. Tigha présente Mourad El bey comme chef de bureau de l'APS au moment des faits, or ce dernier était simple journaliste au bureau APS de Blida. Effectivement, notre enquête nous a mené au domicile de M. Tigha à Blida. Nous avons été reçus par son épouse début 2004. Outre moi même et Didier Conant, une femme journaliste avait assisté à cet entretien à notre demande. Donc nous n'étions pas deux, comme l'a prétendu M. Tigha, mais trois personnes à s'être rendus chez lui pour discuter avec sa femme. Voilà ce dit M. Tigha sur cette entrevue dans sa réponse à la compagne de Didier Contant : "Madame, votre compagnon s'est rendu chez moi en Algérie avec un journaliste algérien qui s'appelle Mohamed Achouri du bureau de l'APS du département de Blida. Le chef du bureau de cet APS est mon voisin de palier qui s'appelle Mourad BEY qui habite le même immeuble que moi, à l'étage au-dessous. Non seulement mon voisin mais c'était aussi un ami mais qui a préféré ne pas se mêler à cette visite. Achouri Mohamed s'est présenté à la porte de mon appartement avec Didier Contant et comme ma femme ne parlait pas français, c'était Achouri qui posait les questions en arabe. Imaginez quelle était la première question de celui-ci et devant Didier Contant ? Eh bien celle là : « Madame vous étés voilée, vous êtes des islamistes ». C'est comme, il ne savait pas lui-même en tant qu'Algérien qu'une femme seule et que deux hommes se présentent chez elle, elle devra au moins se voiler et c'est la coutume dans notre pays. Peut-être, Achouri a pensé trouver ma femme en bikini ? Sa question était bien dirigée pour convaincre Didier Contant que ma famille était tous des "islamistes". Deuxième question du même Achouri et cette question était la plus stupide que poserait un journaliste à une femme qui a un courage et une patience étonnante que celle de ma femme. La question était la suivante : « Ton mari te frappait touts les jours ? » Eh oui, pour faire croire à Didier Contant que j'étais un monstre qui frappe sa femme. Une question, comme vous le voyez vous-même, n'a aucune relation avec ma vie professionnelle, juste pour me salir et dire c'est un "Tigha" violent envers même sa femme alors que j'ai une femme courageuse et qui m'attend toujours depuis déjà sept ans après mon départ de l'Algérie". Or en 2004, ce même Tigha avait donné un tout autre compte-rendu de cet entretien sur le site Algeria-Watch Il avait alors affirmé que les questions posées à sa femme portaient sur "son implication dans un trafic de drogue et de voitures à l'époque ou il était au CTRI et non pas sur les penchants idéologiques de sa famille ou son comportement à l'égard de son épouse comme il le prétend maintenant. Alors M. Tigha laquelle de vos deux versions est à prendre en compte? En réalité aucune, car dans les deux cas vous avez menti. Notre entrevue avec Mme Tigha a porté sur la parcours de son mari pour présenter à nos futurs lecteurs la véritable personnalité de celui qui prétend détenir la vérité sur l'affaire des moines. Du reste nous avons effectué une centaine d'entretiens avec les amis de M. Tigha, ses anciens collègues et ses proches, et nous nous sommes rendus dans des lieux qu'il fréquentait régulièrement à Blida et à Mouzaïa notamment l'Hôtel Palace. Le choix de cet établissement a été rendu inévitable dès lors que la majorité des personnes interrogées sur le passé de M. Tigha nous ont orienté vers cet endroit, présenté comme son repaire au temps où il était encore au CTRI de Blida. Du reste, la plupart de nos interlocuteurs n'ont pas hésité à mettre en doute la probité du personnage qui cherche aujourd'hui à se refaire une virginité en lançant des accusations à tort et à travers. D'ailleurs M. Tigha vous avez omis de citer votre second repaire, à Mouzaïa celui-là, que nous avons visité également et ou vous retrouviez au bord d'un oued avec vos compagnons pour consommer de l'alcool clandestinement. Concernant notre rencontre avec M. Birane Mohamed, qui avait accompagné M. Tigha dans sa fuite à l'étranger, elle a lieu d'une manière tout a fait fortuite à Mouzaiïa chez les patriotes de cette localité qui nous l'ont présenté en prenant le soin d'évoquer son rôle dans la fuite de M. Tigha. En fait, cette information était à l'époque (en 2004) un secret de policchinelle dans la région, tout le monde savait que Birane Mohamed avait accompagné M. Tigha à l'étranger. Pour ce qui est de notre entrevue avec le frère de M. Tigha, ancien chef de la Police judiciaire à Blida, et dont M. Tigha ne veut pas en révéler la teneur arguant qu'il y va de la sécurité de son frère, je tiens à affirmer que cet entretien a duré dix minutes et notre interlocuteur a dit clairement ceci: " je n'ai aucune relation avec mon frère Abdelkader". Il semble que la famille Tigha excelle dans les retournements de veste puisque l'ex chef de la police judiciaire, qui a quitté les rangs de la police en 2000, a troqué son uniforme contre un kamis afghan et une barbe hirsute.

Au sujet de la disparition tragique de Didier Contant, je tiens à dire que tous ses amis d'Algérie lui ont rendu un vibrant hommage à l'imprimerie Manguin de Blida, dont la propriétaire avait hébergé le défunt durant son séjour dans notre pays, en présence de Mgr Tessier. Au cours de cet cérémonie, j'avais déclaré que je faisais partie de ceux qui réfutent la thèse du suicide. D'abord en raison de la personnalité de Didier: il était plein d'ambitions et projetait notamment de s'installer en Namibie avec sa compagne Rina Sherman. Ensuite, je tiens à révéler que deux jours avant son prétendu suicide, Didier Contant m'avait téléphone depuis Paris pour m'informer de sa venue prochaine en Algérie et m'avait même demandé de prendre des rendez-vous en vue d'un reportage sur la Basilique de Notre Dame d'Afrique d'Alger. Je dirai que si Didier Contant n'est pas parmi nous aujourd'hui c'est parce que il était détenteur d’une thèse qui dérangeait! Pour terminer, je tiens à dire que depuis 30 ans, j'exerce tout simplement mon métier de journaliste et mon crédo est le suivant: ni plaire ni blâmer mais rapporter des faits, rien que des faits.

Mohamed Achouri

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Bellouga

En fait vous avez « enquêté » pour discréditer Thiga et non pas pour vérifier ses accusations sur le rôle de l'armée.

D?ailleurs ça n?a pas l'air de trop vous préoccuper puisque vous ne parler de sa femme, de ses amis ou de « sa famille qui excelle dans le retournement de veste », mais jamais des mis en cause.

Et le fond de l'affaire cela ne vous intéressait pas ?

Vous n?en parlez pas.

La thèse de Didier Constant, le pigiste, vous la connaissez ?

Oui puisque vous deviez cosigner ensemble l'enquête.

Vous pouvez dire qui elle dérangeait ?

Non, en fait vous avez enquêté sur tout sauf sur l'affaire elle-même.

C?est quoi votre métier, tayaba ta3 el hamam ou guide pour pigiste en mal de notoriété ?

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MohandB karmani

On ne peut pas consommer clandestinement de l'alcool puisque ce dernier n'est pas interdit en Algérie et ce, même si on le fait en pleine nature! Par contre si c'est le fait d'un débitant qui vend sans registre de commerce, là, oui, le débit de boisson est illégal.

de plus, consommer de l'alcool n'est pas un défaut (sauf si on en abuse) et n'est illicite que pour les musulmans: et tous ceux qui ne sont pas musulmans? Alors de grâce, même si je suis d'accord avec vous sur le reste de votre réponse, cette insinuation de consommation d'alcool de la part de cet individu ne vous rend pas service et est surtout en porte-àfaux toital avec votre devise finale.

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