Le dernier acte de Bouteflika

Abdelaziz Bouteflika assure ses arrières et ceux de son clan.
Abdelaziz Bouteflika assure ses arrières et ceux de son clan.

La nouvelle mouture de la Constitution semble bien prête pour la présenter à l’approbation des deux chambres parlementaires.

Par Youcef Rezzoug

La seule fausse nouveauté est le retour à la limitation à deux mandats à l’occupant de la magistrature suprême en introduisant un réaménage de l’article 74. Une disposition qui a été violée, rappelons-le, pour permettre à Abdelaziz Bouteflika de briguer un troisième mandat puis un quatrième.

Tout le simulacre d’un dialogue national et le carnaval desdites personnalités nationales défilant à El Mouradia et reçues par Ahmed Ouyahia, proche collaborateur du Président de la République, qui se prenait comme à l’accoutumée au sérieux, n’est en réalité qu’une opération de réparation d’un viol.

A l’approche de passer de vie à trépas, Bouteflika veut se refaire une virginité en organisant une grande messe, qui s’apparente à "aaresse beghal" (*) (des noces de mulet) où les députés et les sénateurs auront pour rôle de tenir la bougie. Il a déjà commencé aussi à liquider les dossiers mettant en cause sa famille et son clan dans des affaires de corruption et même de "haute trahison". Pour les mettre à l’abri d'éventuelles poursuites et de les protéger de probables révélations, il programme à la hâte pour cette année judiciaire les procès Khalifa, Sonatrach et de l’autoroute Est-Ouest. Il avait bien dissou BRC, société algéro-américaine, en 2007 en achetant au prix fort par la Sonatrach les parts de Dick Cheney, l’ancien secrétaire d’Etat à la défense sous l’administration Bush, pour camoufler l’implication de Hamèche, en tant que chargé de marketing au niveau de la socéité pétrolière algérienne, Chakib Khelil et son frère.

Même les journalistes du quotidien Le Matin poursuivis dans cette affaire, liée aux tours Chaabani, l’actuel siège du ministère de l'Energie et le bâtiment mitoyen abritant des appartements de haut standing, ont été graciés. Le dossier est donc clos ! Et l'affaire de Djezzy où des soupçons sérieux de corruption, des commissions, des rétro-commissions et des actionnaires anonymes dont les noms ne sont jusqu’aujourd’hui non-révélés, pesés sur l’attribution de la licence, de subir le même sort. Deuxième affaire pliée par le clan. Pour ce faire, Bouteflika n’a pas lésiné sur les moyens en mettant le prix fort pour racheter Djezzy trois fois le prix initial, la somme déclarée officiellement à la soumission pour l’achat de la licence, et même celle-là a été payée en partie par les banques algériennes. Le clan du président a poussé "le ridicule" d'ailleurs jusqu’à "recruter" le chargé de la communication de Djezzy Hamid Grine, comme ministre de la Communication.

Les trois derniers mandats de Bouteflika n’ont finalement servi qu’à cela : "recoudre l’hymen" en effaçant les viols et en liquidant les affaires gênantes ainsi qu’à enterrer les scandales l’impliquant, lui, sa famille et son clan. Et pour couronner le tout et s’assurer une impunité, il n’a pas hésité à brader notre Sahara en passant un deal avec les sociétés multinationales et les puissances étrangères pour l’exploitation du gaz de schiste.

Dans la foulée de l’adoption de la Constitution corrigée, il lui reste le dernier acte à accomplir : celui d’inaugurer la Grande Mosquée, qui a coûté à l'Algérie des milliards de dollars. C’est lors de cet "évènement" qui ressemblerait à une "hadjet al wadaa (le pèlerinage des adieux)", comme le dernier pèlerinage du prophète Mohammed, qu’entendra la voix en off de Bouteflika annoncer à son peuple : "Laked akemaleta lakoum dinakooume (je vous ai transmis toute votre religion entière)".

Y. R.

(*) Aaresse beghal (noces de mulet), une pratique qui a existé dans certaines régions d'Algérie au cours de laquelle on célèbre des fausses noces pour amasser de l’argent.

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Commentaires (12) | Réagir ?

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Aksil ilunisen

Des hetres humains en parfaite et rayonnante santé physique et psychique ASSUMENT la responsabilité de GERER une nation, PAS un vieux au soir de sa vie, handicapé psycho-moteur, cardiaque et cloué a une chaise roulante.

Allons! Allons ayez un minimum de pudeur, vous les tireurs de ficelles! Vous avez osé mettre sur pieds d'argile un systeme qui n'est ni une Aristocratie, ni une Monarchie, ni une Democratie; mais plutot une organisation para-militaire "dignes" des mafias italiennes.......... Surtout ne croyez pas que votre theatre va durer lontemps. Chaque chose a son temps, et tot ou tard, votre arnaque va aussi aboutir a sa fin.

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moh arwal

D' une fourberie à l'autre ainsi font font les petites marionettes de l'occident.

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