Les cybercafés, partenaires officiels de l’éducation nationale

Les cybercafés antichambre des écoles.
Les cybercafés antichambre des écoles.

"Il est tout à fait vrai que dans ce beau monde, supposé être celui de l’éducation, du savoir, de la science et de la formation, il y ait des gens compétents, assidus et correctes mais, dites-moi seulement, combien représentent-ils, par rapport à ce qui a été décrit ?

Dans ce pays, via l’abondance et l’excès en toutes choses, "Bakhasna ebkoulechi" on a tout banalisé, la religion, les diplômes, l’argent, l’effort et le travail. Plus rien ne semble conserver sa valeur intrinsèque ou effective. Ainsi, l’Education nationale est arrivée au summum de son déclin et de sa décadence. Son âge d'or, celui des années 1970/1990 notamment, n’est plus qu’un bon souvenir. Et lorsque je parle d’éducation, j'entends par là les écoles, les lycées mais, aussi et surtout, les universités, classées au plus bas des classements.

Je suis ahuri de voir une myriade d'écoliers, de lycéens, qui fréquentent les cybercafés, pour passer commande et d'une façon commerciale, à des "bouhouth", c'est-à-dire, des exposés de recherche, réclamés par leurs profs.

Ils se pointent chez le prestataire du cyber, lui facilitent les intitulés des sujets demandés, choisissent la langue, le nombre de pages requises et même, les photos qui y doivent figurées.

Pour les documents qui ne se trouvent pas déjà emmagasinés dans le serveur du cyber ; on leur demande d’attendre quelques minutes, ou prendre carrément un poste, jouer en ligne ou tchatcher, le temps de récupérer leurs commandes .Documents, dûment téléchargés, imprimés et bien souvent façonnés sous forme de fascicules, avec ressort, plastique et page de garde. En somme, une prestation complète avec un effort "0" de la part de l’écolier ou de l’étudiant.

Des exposés dont on ne change que la 1ere page, celle qui porte bien évidemment, les données propres au sujet, le nom et prénom de l’élève, supposé avoir réalisé personnellement ce travail, la classe, l'établissement et l'année scolaire, sans rien toucher au texte téléchargé, ni même la police des caractères.

Certains profs, qui ont des activités extrascolaires ou sont trop fainéants pour préparer eux-mêmes leurs cours, recourent eux aussi, aux téléchargements intégraux et sans aucune modification, au moins, pour personnaliser un petit peu leur travail et mériter leur paye. Un raccourcie déconcertant, pour économiser du temps et des efforts, même si parfois, ceci soit incompatible avec les plans de leçons officiels et sème la confusion dans les esprits de leurs élèves.

Le prof reçoit ces documents, en fait acte et y attribue même des notes, pour des cyber-exposés, dont il sait pertinemment l'origine.Parfois le gentil prof, se donnant encore la peine de corriger ces textes téléchargés, demande gentiment à l’élève, d'enlever des morceaux ou d’en réécrire d'autres, car le camarade d'en face a téléchargé le même document. Certains "profs", qui dispensent des cours du soir dans des locaux ou des garages, afin de "doper" leurs salaires mensuels, ont réussis à faire entrer l'école algérienne, au monde de l'informel.

Les directions de l'éducation au niveau des wilayat, les ex-académies comme on les appelle. Ces institutions, peuplées d’un "sang nouveau", de gens se proclamant de "l’arabité", ne veulent pas jouer le jeu de la transparence, du diagnostic des problèmes, avant que ceux-ci ne prennent des proportions incontrôlables et donc, de l'efficacité tout court.

Le monde de l’école et du lycée est devenu hélas, un espace d'embauche, de rembauche, d'affectation, de réaffectation par complaisance, à la tête du client, de sa région, de son "Aarch", de sa tribu et surtout, de ce qui l'épaule, qui se trouve derrière. Un espace où prolifère donc, l'incompétence l’ignorance toute crue, les torsions de bras, via des grèves insensés qui n'en finissent plus, au lieu d'être une espèce où s’échangent, l’intelligence, le savoir et nos valeurs communes.

Certes. Question infrastructures, le ministère de l’Éducation nationale a mis le paquet mais, question organisation et staffes dirigeants, il n'a pas changé d'un iota, voire même, il a complètement dégringolé.

Un ami qui venait de rentrer au bled avec sa femme et ses trois enfants me raconte. Ils vivaient légalement en Espagne, jusqu'à ce qu’ils décident de rentrer sous le coup de la crise, qui frappe de plein fouet ce pays. Arrivés ici au mois d’août, en septembre, le papa passa des moments terribles, pour pouvoir scolariser ses mômes, il fit intervenir tout le monde, des incessants aller et venue à l’académie, aux écoles, qui affichaient complets, il eut un terrible tracas. Il me raconte une chose insolite ; au moment où il se trouvait dans l’académie, pour voir si quelqu’un pouvait encore l’aider à faire scolariser ses enfants à l’école qu’il voulait, son mobile sonne, c’était l’assistante sociale de Barcelone qui venait de l’appeler, pour savoir si les enfants, qu’elle nommait un par un, sont bel est bien scolarisés.

La famille, elle aussi, a complètement désisté son rôle de guide et d'accompagnateur, un rôle complémentaire à celui de l’école, pour ne pas dire son égal.

L’université du copier/coller, n’est plus à l’abri de cette maladie et cet état d’esprit contaminé et contaminant, des thèses sont tout simplement usurpées, plagiées par certains doctorants, sans vergognes et qui peuvent encore se regarder dans des glaces.

Dans nos universités, l’étudiant négocie les notes avec certains profs, des étudiants qui travaillent et n'assistent, même pas donc aux cours, arrivent comme même, à bouc leur année, avec d'excellentes notes, des 15, 16 et des 18, qui ne surprennent plus.

Des chercheurs qui cherchent encore et toujours, sans rien trouver, qui glissent des pseudos- publications, rafistolées dans des revues scientifiques fantoches et dont la rigueur scientifique est à discuter...et j’en passe et j’en passe !

La formation professionnelle se retrouve elle aussi dans cette configuration de "planche à diplômes et d'attestations". Pour aider les postulants aux projets Ansej ou Cnac et afin d’être pourvu d’une attestation de qualification professionnelle, le jeune se voit parfois et selon le centre, attribuer tout bonnement ce document, sans formation effective, bien souvent, drôle d'approche par compétence.

Il est tout à fait vrai, que dans ce beau monde, supposé être celui de l’éducation, du savoir, de la science et de la formation, ils y ait heureusement des gens compétents, assidus et correctes mais, dites-moi seulement, combien représentent-ils, par rapport à ceux qui ont été décrits ?

Dans ce pays, via l’abondance et l’excès en toutes choses, "bakhasna ebkoulechi", on a tout banalisé, la religion, les diplômes, l’argent. Plus rien ne conserve sa valeur intrinsèque ou effective. Manger "halal", c'est bien ! Travailler "halal", c'est encore mieux.

Mourad Chaalal

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Khalida targui

meme les etudiants qui ont de l'argent donent leur memoire à faire

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albert smail

Le procédé est facile : Les responsables de l’échec désignent les enseignants comme bouc- émissaires !!

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