La vraie démocratie et le "code de la famille" vont-ils ensemble ?

Les Algériennes ont joué un immense rôle pendant la guerre de libération
Les Algériennes ont joué un immense rôle pendant la guerre de libération

Chaque année, la célébration de la journée mondiale de la femme donne lieu, en Algérie, à un débat ambivalent.

Contrairement à celui qui se déroule en France, où le principe d’égalité est sacré – on parle de différence de salaire pour le même poste –, en Algérie, l’écart des positions est insurmontable. En fait, entre un discours religieux rétrograde, selon lequel la femme a tous les droits, et un discours progressiste soutenant l’inverse, les divergences semblent – et c’est le moins que l’on puisse dire –inconciliables. De son côté, le régime politique irresponsable fait tout pour ne pas mécontenter les conservateurs. Et pourtant, la femme algérienne mériterait un statut plus respectueux si l’on examinait ses sacrifices pour la libération du pays.

De toute évidence, bien qu’elle ait été absente sur le terrain politique pendant la période coloniale, après le déclenchement de la guerre d’Algérie, la femme algérienne apporte, autant que faire se peut, sa pierre à l’édifice. En effet, en novembre 1954, sur un effectif de 1010 combattants, 49 sont des femmes. Malgré les conditions scabreuses, plusieurs d’entre elles font leur preuve au maquis. Sans oublier leur participation à la gestion des organisations de masses, telles que l’UGEMA (Union générale des étudiants musulmans algériens), etc.

Hélas, à l’approche de l’indépendance, l’armée des frontières, commandée par Houari Boumediene, évince le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), l’instance légitime de la révolution algérienne, et instaure, dans la foulée, la dictature. Du coup, le statut de la femme est tout bonnement relégué à l’arrière-plan. À vrai dire, après le coup de force de l’été 1962, les institutions de la République s’élaborent en dehors du peuple, de façon générale, et n’accordent aucune place à la femme, de façon particulière. «Sur 194 membres, la première Assemblée constituante compte 10 femmes, toutes anciennes combattantes. Elles ne sont que 2 sur les 138 membres de la deuxième assemblée [février 1977]. Au parti, aux syndicats, aucune n’a un poste de responsabilité», note la combattante Djamila Amrane, aléas Danielle Minne, dans "Les femmes au combat".

Louisette Ighiahriz, militante torturée pendant la guerre.

Louisette Ighiahriz, militante torturée pendant la guerre.

Dans les années 1980, en dépit du changement au sommet de la hiérarchie, la situation n’évolue guère. Pire encore, la crise économique provoque la montée de l’islamisme radical. Bien qu’il ne s’exprime pas avec la même férocité, ce courant se manifeste également au sein du parti unique. Du coup, pour calmer cette opposition, l’Assemblée nationale, sous la houlette de Rabah Bitat, adopte, le 9 juin 1984, «le code de la famille», dont les dispositions réduisent la femme à un statut infamant. En dépit de son caractère anticonstitutionnel –le texte fondamental affirme sans ambages l’égalité des citoyens devant la loi dans son article 29 –, ce texte passe comme une lettre à la poste.

Cependant, malgré les contradictions soulevées par les défenseurs de l’égalité effective des droits entre les deux sexes, le régime fait la sourde oreille. Or, si, durant le règne du parti unique, le maintien de ce code pouvait se comprendre du fait que la vie politique soit uniment suspendue, il n’en est pas de même après l’ouverture politique, survenue certes au forceps, en octobre 1988. Hélas, il faut attendre l’année 2005, soit 21 ans après la promulgation du code de la honte, pour que celui-ci fasse l’objet d’une réforme. Bien que les premières annonces aient laissé présager une avancée substantielle, le courant conservateur gagne à nouveau la bataille en réduisant la réforme à un simple pétard mouillé. «La montagne a accouché d’une souris», pourrait-on dire. Ainsi, la femme juge, qui peut valider ou invalider un mariage, ne peut décider de se marier toute seule. C’est à son tuteur qu’incombe la mission de la marier.

Toutefois, si la situation de la femme algérienne n’évolue pas, c’est parce qu’elle ne bouscule pas l’ordre établi. N’est-ce pas la rue qui a consacré la victoire de la cause féministe, en France, dans les années 1970 ? Or, en Algérie, voire en Afrique du Nord en général, la femme ne lutte plus. Du coup, son absence sur le terrain, lors des révoltes nord-africaines, explique sa mise à l’écart. Profitant de ce vide, certaines femmes politiques, à l’instar de Louisa Hanoune ou de Khalida Messaoudi, contribuent à la pérennisation de ce système nihiliste.

Mais, est-ce que l’espoir est pour autant mort ? La réponse est évidemment non. Le combat pour les droits fondamentaux ne fait que commencer en Algérie. Et si la femme veut vivre sans carcan dans son propre pays, il faudra qu’elle prenne son destin en main. En ces temps où chacun va de sa solution miracle pour sortir le pays de la crise politique, la femme algérienne doit impérativement investir l’arène, et ce, il ne serait-ce que pour rappeler le statut de la honte faisant d’elle une mineure à vie.

Pour conclure, il va de soi que le code de la famille, qui a été voté pour ne pas mécontenter les fondamentalistes, n’a plus raison d’être. D’ailleurs, peut-on concevoir une démocratie effective dans un pays où 50% de sa population est humiliée ? Par conséquent, le vrai changement doit commencer, dans le premier temps, par corriger cette injustice. Pour y parvenir, les femmes algériennes doivent imiter leur aînée, Clara Zetkin, pour avoir rassemblé les femmes dans une grande manifestation, à Copenhague, un certain 8 mars 1910.

Boubekeur Aït Benali

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Commentaires (9) | Réagir ?

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massi fettous

dieu à crée ADAM et lui EVE comme campagne et non comme ennemi pourquoi ce pouvoir hanté par satan veut créer la zizani dans les foyers pour nous faire oublier le gaz du schiste, la pomme de terre à 100 DA les piments à 200DA les oranges comme vitamine c aux enfants qui coute 160 DA

et nous faire oublier chakib khellil et les 440 voleurs alons svp je frappe ma femme mais je l'aime je frappe mes enfants mais je les aime celui qui laisse sa femme faire se qu'elle veut est la preuve qu'il

l'aime pas, une femme de bonne famille ne se mari jamais avec un homme qui n'est pas jalou alors ce pouvoir veut nous faire oublier la jalousie et laisser nos familles comme un troupeau sans berger

je rentre le soir si je ne trouve pas ma femme ou bien mes enfants je saute au lit et faire dodo et je ne cherche pas à comprendre, si je rencontre ma femme dans la rue avec quelqu’un je fait comme je n'ai rien vu si je trouve ma fille ivre morte je fait mine de rien c'est ce que veulent nos députés des millénaires des romains jusqu'aux français aucun d'eux n'est arrivé à changer notre culture et ces gigolos mal élus veulent nous pervertir alors Monsieur pour moi, même si je doit être condamné à mort ou aux travaux forcés je n’abandonnerais pas ma culture

à mes frères à l'ALGERIE entière des montagnes de DJURDJURA jusqu'aux fins fonds du desert,

montrons notre courage, montrons que nous aimons à ces pseudos députés et beni oui oui qu'ils se taisent mon père m'a dit si tu aime ta femme et tes enfants ils ne faut pas les laisser faire ce qu'ils veulent si non se sera ta perte et leur perte

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klouzazna klouzazna

Le poids des traditions de certaines coutumes "injustes" a mené vers ce type de situations ubuesques, et le seul remède est l'éducation à l'intéieur même des familles... en transmettant le bon coté de ses traditions (le salut, le pardon, le partage, l'aide... ) et en corrigeant leur mauvais coté !!!

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