Le scandale Petrobras se rapproche du parti présidentiel brésilien

Petrobras, source d'un énorme scandale au Brésil.
Petrobras, source d'un énorme scandale au Brésil.

Le scandale de corruption au sein du géant pétrolier étatique brésilien Petrobras s'est dangereusement rapproché jeudi du Parti des travailleurs (PT, gauche) de la présidente Dilma Rousseff, dont le trésorier Joao Vaccari Neto a été interrogé par la police.

La police fédérale a indiqué à l'AFP que Joao Vaccari Neto avait été libéré en début d'après-midi, après plusieurs heures de déposition, après avoir été conduit sur mandat d'amener au siège de la police de Sao Paulo M. Vaccari Neto a été mis en cause par plusieurs suspects du scandale, selon lesquels il captait des sommes illicitement détournées de Petrobras pour le PT, au pouvoir depuis 12 ans.

Nous voulons avoir des informations sur les dons en argent que M. Vaccari a demandés, légaux ou illégaux, à des personnes qui ont passé des contrats avec Petrobras, a déclaré Carlos Fernando Lima, procureur régional de la République, lors d'une conférence de presse à Curitiba (Parana, sud) où est centralisée l'enquête. Le procureur a toutefois jugé encore très prématuré de déterminer le rôle exact de M. Vaccari.

L'avocat du trésorier du PT, Me Luiz Flavio s'est déclaré dans un communiqué satisfait que le trésorier du PT ait pu éclaircir les faits après la publication d'innombrables choses erronées dans la presse ces derniers mois.

Une fois de plus il réitère que le PT, n'a pas de caisse noire, ni de comptes à l'étranger, qu'il ne reçoit pas de dons en argent et seulement des contributions légales au parti, en absolue conformité avec la loi, a ajouté l'avocat.

Opérateur du PT

M. Vacari Neto a notamment été décrit comme l'opérateur du PT au sein du système de corruption de Petrobras, par un ancien directeur de Petrobras, Paulo Roberto Costa, et l'entrepreneur Alberto Youssef. Tous deux sont détenus et ont passé un pacte de collaboration avec la justice en vue de futures remises de peines. Les déclarations de M. Costa à la police ont révélé l'existence d'un cartel des principales entreprises de construction du Brésil qui se répartissaient des contrats surfacturés pour Petrobras.

L'équivalent de 3% de ces contrats était selon eux destiné au paiement de pots de vin pour le PT et d'autres partis de la coalition gouvernementale, ainsi qu'à des intermédiaires à l'intérieur et à l'extérieur du géant pétrolier (80.000 salariés).

Un ancien gérant de Petrobras, Pedro Barusco, impliqué dans l'affaire et collaborant lui aussi avec la justice, a estimé que le PT aurait reçu illicitement entre 150 et 200 millions de dollars de Petrobras, entre 2003 à 2013. M. Vaccari aurait à lui seul obtenu 4,5 millions de dollars et les pots de vin auraient duré jusqu'en février 2014, selon ce témoignage recueilli en novembre et rendu public jeudi.

Le parquet fédéral évalue à ce stade de l'enquête à environ 4 milliards de dollars le total des sommes détournées de Petrobras ces 10 dernières années.

Le trésorier du PT a été interpellé dans le cadre d'un nouveau coup de filet policier. Près de 200 agents fédéraux, appuyés de 25 inspecteurs des impôts ont exécuté, 62 mandats judiciaires dans les Etats de Sao Paulo, Rio de Janeiro, Bahia et Santa Catarina.

Trente-neuf personnes, entrepreneurs et ex-directeurs de la compagnie pétrolière sont à ce jour poursuivis dans le dossier Petrobras. Sans compter les politiques, dont le nombre exact et les identités sont toujours couverts par le secret de l'instruction.

Le PT a réagi à ces développements en réitérant dans un communiqué, n'avoir reçu que des dons (d'argent) légaux et qui sont déclarés à la justice électorale.

Les nouvelles déclarations d'un ancien gérant de Petrobras, diffusées aujourd'hui, suivent la même ligne que celles déjà faites par les suspects collaborant avec la justice. Leur principale caractéristique est de tenter d'impliquer le parti dans les accusations, mais sans présenter de preuves ni même d'indices d'irrégularités. Elles ne méritent aucun crédit. Et les accusateurs seront obligés de répondre en justice des mensonges proférés contre le PT, a contre-attaqué le parti présidentiel.

Commission parlementaire

Le scandale Petrobras, dont l'onde de choc a entraîné mercredi la démission de la présidente de la compagnie, Graça Foster, s'annonce comme l'un des principaux défis du second mandat de la Dilma Rousseff, réélue de justesse fin 2014. Le nouveau président du Congrès des députés, Eduardo Cunha, a annoncé jeudi à Brasilia l'ouverture d'une nouvelle enquête parlementaire sur l'affaire Petrobras.

M. Cunha est membre du Parti du mouvement de la démocratie Brésilienne (PMDB, centre), le principal et mais très indiscipliné allié parlementaire du PT au sein de la coalition au pouvoir. Il incarne la frange de PMDB la plus frondeuse envers le PT et la présidence, au point que son élection dimanche a été interprétée comme un cuisant revers pour le PT qui avait proposé son propre candidat.

La création d'une nouvelle enquête parlementaire sur Petrobras ravit l'opposition que le PT soupçonne de travailler en coulisses à la préparation d'une procédure de destitution de Mme Rousseff au cours de son second mandat. Le conseil d'administration de Pétrobras doit se réunir vendredi pour nommer une nouvelle direction à la tête du groupe profondément ébranlé par cette tempête politico-judiciaire.

AFP

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