Hydrocarbures en Algérie : cacophonie pour les projets Galsi et Nigal

Les projets Galsi et Nigal pas près d'être réalisés.
Les projets Galsi et Nigal pas près d'être réalisés.

Nous assistons à une véritable cacophonie concernant le projet Galsi entre 2009/2015.

1.- Je les cite : Les travaux de construction du gazoduc Galsi devant relier l’Algérie à l’Italie et dont les études sont terminées démarreront en 2010" - (ministre de l’Energie -APS- 01 juin 2009). Ensuite, "le projet Gaslsi se déroule normalement" -(le ministre de l’Energie – APS 08 mars 2011)». Ensuite les travaux de réalisation du projet Galsi seront entamés une fois la rentabilité économique confirmée" (ministre de l’Energie – Forum du quotidien Chaab/APS- 20 février 2013).Et enfin le 28 janvier 2015 la décision finale de l’investissement ( projet Galsi) a été reportée à avril 2015, les partenaires étant en train d’étudier la possibilité de construire cd projet transcontinental ( PDG par intérim de Sonatrach5» Pourtant, le 26 novembre 2011 à la télévision française France 3 j’avais attiré l’attention des autorités algériennes de la possibilité d’une non rentabilité du projet Galsi du fait de surcoûts. Que de pertes de temps et d’argent au détriment de l’Algérie ?

2.- Devant relier directement l’Algérie à l’Italie via la Sardaigne pour un investissement de 2/3 milliards d’euros, le coût en 2014 du projet GALSI dont la mise en service initialement était prévue pour courant 2014, dépasserait largement 4 milliards de dollars. Rappelons qu’un accord intergouvernemental relatif à ce projet a été conclu en novembre 2007 entre l’Algérie et l’Italie. Ce gazoduc doit relier Hassi-R’mel à El Kala dans sa partie “On shore” sur une longueur de 640 km. Dans sa partie “offshore”, le projet reliera El Kala à Cagliari en Sardaigne sur une distance de 310 km. Le niveau de participation de Sonatrach est de 36%. Une fois concrétisé, il devant acheminer, directement en Italie, un volume annuel de 8 milliards m3 de gaz. Dans le cadre de l’arrêté du 15 décembre 2009 relatif à la programmation pluriannuelle des investissements de production d’électricité, publié au Journal Officiel du 10 janvier 2010 français, il était prévu que pour la Corse, les nouvelles centrales thermiques fonctionnerait au gaz naturel, dès lors que le raccordement de la Corse au gazoduc Algérie-Italie via la Sardaigne (Galsi) serait réalisé.

3- Or, contrairement à la majorité des élus corses qui sont favorables au projet Galsi, il semblerait que la majorité des élus de la Sardaigne s’oppose pour l’instant à la réalisation de ce projet du moins dans le tracé traditionnel pour des raisons écologiques et autres et du fait de l’autonomie de cette région, le gouvernement central italien ne pouvant rien faire sans l’aval des élus locaux. Contrairement aux affirmations officielles algériennes, pour le maire de la Sardaigne, dans une émission à la télévision française France 3, je le cite "jamais le projet Galsi ne passera en Sardaigne dans son tracé initial" (voir documentaire d’ une heure a été diffusée le 29 novembre de 20h30 à 21h45 sur la télévision française France 3 Corse consacré au projet Galsi).

4.- Le projet Nigal pourra-t-il permettre d’accroîitre les capacités d’exportation ? Dans ce cadre, se pose le problème de la rentabilité de ce projet où suite au mémorandum d’entente qui avait été signé en janvier 2002, entre Sonatrach et la Nigerian National Petroleum (NNPC), réunis à Abuja au Nigeria, les ministres du Pétrole et de l’Energie d’Algérie, du Niger et du Nigeria avaient également signé le 3 juillet 2009 un accord pour construire un gazoduc baptisé Trans Saharan Gas Pipeline (TSGP),de 4128 kilomètres (dont 2310 km pour le territoire algérien) qui devrait servir à alimenter l’Europe en gaz ( 20/30 milliards de mètres cubes) puisé dans le delta du Niger au sud du Nigeria. Avec un coût prévu initialement à 7 milliards de dollars, il aurait dépassé actuellement les 15 milliards de dollars, une étude de l’Institut français des relations internationales IFRI donnant 20 milliards de dollars. Ce projet financé pour partie par l’Europe avec la crise d’endettement, outre les tensions géostratégiques au niveau du Sahel, est-il réalisable d’autant plus que comparé au prix actuel son coût est trop élevé et se pose la problématique de sa rentabilité.

5.- En résumé, la demande extérieure des hydrocarbures pour l’Algérie d’une manière générale sera fonction d’une reprise ou pas de l’économie mondiale, de l’évolution du cours du dollar, des investissements dans les énergies substituables, d’une entente entre les USA et l’Arabie saoudite qui détermineront l’évolution du prix international. L’Algérie est une économie totalement rentière, 98% des exportations en devises étant le fait de Sonatrach. Toute chute des cours entraine des conséquences financières, sociales et politiques du fait de la dominance de l’Etat providence. Rappelons la chute des cours en 1986 avec toutes les ondes de chocs politiques, économiques et sociales entre 1988/1994 (rééchelonnement) et de près de 45% des recettes en devises de Sonatrach après la crise de 2008/2009. Comme se pose cette question stratégique: quelles sont les réserves prouvées du pétrole et du gaz, sachant que l’Algérie habitera 50 millions d’habitants dans 25 ans, les coûts d’exploitation, le bilan devises des investissements de Sonatrach réalisés à l’étranger ? Le temps en économie ne se rattrape jamais, cela implique, face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales, un nouveaux management tant du Ministère de l’Energie que de Sonatrach et surtout réhabiliter le Conseil National de l’Energie, seul habilité, selon la Loi en vigueur, à définir la stratégie énergétique.

Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités, Expert International en management stratégique

Voir aussi

- "Pour un nouveau management stratégique de Sonatrach" – revue HEC Montréal Canada novembre 2010(52 pages)

- Notre interview à la télévision française France 3 sur le projet Galsi 26 novembre rediffusée 27/28/29 novembre 2011

- Ouvrage collectif revue internationale Stratégie "AGIR" n°50, sous la direction du Saint-cyrien, le général Eric de La Maisonneuve ancien chef d’état-major de l’armée de Terre française . "La Méditerranée, enjeux et avenirs", septembre 2012 Paris France ( 250 pages) Claude Nigou-Jean Dufourcq-Didier Billion- Gérard-François Dumont- Abderrahmane Mebtoul (Sonatrach face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales)

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Marie

Le projet <a href="http://fr. wikipedia. org/wiki/GALSI" rel="dofollow">Galsi</a>

est incompréhensible. C’est pas étonnant que ce soit une véritable cacophonie. Je ne sais pas si le dispositif Pinel fonctionne chez vous. La <a href="http://www. simulation-pinel. fr/" rel="dofollow">simulation Pinel</a> peut vous permettre de voir si vous êtes éligibles ou non.

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sarah sadim

"face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales, un nouveaux management tant du Ministère de l’Energie que de Sonatrach et surtout réhabiliter le Conseil National de l’Energie, seul habilité, selon la Loi en vigueur, à définir la stratégie énergétique. " Voilà la rationnalité et le pragmatisme économique, tout est dit dans votre belle conclusion, sauf et sans Bouteflika l'imposteur.

Il n'y a plus un conseil national de l'énergie, organe de souveraineté nationale depuis que ce maudit nain est au pouvoir.

Il a été remplacé par Boutef-FAMILIA?

Merci d'avoir rappellé que l'énergie n'est pas un marché des "haricots" à Oujda ou Tlemcen.

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