Quelques observations sur la rente des hydrocarbures en Algérie

La rente pétrolière épargne au pouvoir tout effort de construction d'une véritable économie.
La rente pétrolière épargne au pouvoir tout effort de construction d'une véritable économie.

97/98% des exportations sont le fait d’hydrocarbures à l’état brut et semi-brut.

1.- En tant que jeune conseiller au ministère de l‘Energie et ayant à eu à diriger le premier audit sur Sonatrach en 1974, j’avais émis un grand espoir en la nationalisation des hydrocarbures décidée le 24 février 1971, qui s’est traduite dans les faits par la signature d’une ordonnance, le 11 avril de la même année, promulguant la loi fondamentale sur les hydrocarbures, définissant le cadre dans lequel devrait s’exercer l’activité des sociétés étrangères en matière de recherche et d’exploration des hydrocarbures. Depuis nous avons assisté à différentes lois sur les hydrocarbures qui a vu l’élargissement du partenariat étranger dont le véritable tournant a été la loi du 28 avril 2005 modifiée et complétée par la loi du 19 août 1986. Ensuite nous avons la loi n°91-21 du 4 décembre 1991, puis la loi du 28 avril 2005, modifiée par l’ordonnance du 29 juillet 2006 et la dernière en date celle du 20 février 2013. Quel constat et propositions à faire après ces années de nationalisation ? Il faut éviter de raisonner à prix courants de peu de signification, la parité du dollar et le pouvoir d’achat mondial ayant évolué, devant donc déflater pour avoir le montant réel aux prix de 2015. Par exemple un baril de 20 dollars en 1980 équivaut à prix constant à plus de 90 dollars prix 2015. Uniquement entre 2000/2014 Sonatrach a pu engranger 760 milliards de dollars selon les bilans officiels de Sonatrach ayant permis une importation en devises de 580 milliards de dollars, la différence étant les réserves Alors que la majorité des grandes sociétés au vu du prix actuel font des coupes dans leurs investissements, Sonatrach selon le PDG continue au rythme projeté avant la crise : se posera alors la rentabilité de ses investissements en cas d’une baisse de longue durée ? Car l’on confond souvent chiffre d’affaire de Sonatrach avec le profit net qui implique de déduire toutes les charges et les profits des compagnies étrangères. Un baril à 60 dollars, donnera un chiffre d’affaire d’environ 45 milliards de dollars mais un profit (taux de 40% par exemple) de 18 milliards de dollars, sous réserve d’une stabilisation des coûts.

2.- Les tensions au Sud concernant ce sujet montrent clairement outre qu’il n’y a pas d’intermédiation sociale et politique crédible entre l’Etat, où, nous assistons sur les plateaux de télévisons à une pollution du paysage médiatique, tout le monde devenant par enchantement expert en énergie. Nous assistons à un débat biaisé où les plateaux de télévisions publiques invitent des politiques du sérail et des cadres de Sonatrach ou experts affilés, étant juge et partie sans contradicteurs, entendu des connaisseurs de la question. Dès lors ce monologue n’a fait qu’accroitre la méfiance des non-initiés. Personne n’a le monopole de la vérité, ni les cadres actuels du Ministère de l’Energie et de Sonatrach,(qui a des cadres brillants et que j'ai côtoyés tout au long de ma carrière), ni les opposants à cette nouvelle énergie d’où l’importance du dialogue. Il s’agir ni d’être pour, ni d’être contre mais engager un débat productif, au profit exclusif de l’Algérie, tenant compte des nouvelles mutations énergétiques mondiales, Pour avoir passé plus de 40 ans dans ce secteur et participant régulièrement aux rencontres internationales sur l’énergie, je puis affirmer que c’est un sujet complexe qu’il s’agit d’analyser avec précaution, rentrant dans ce cadre les données tant techniques, économiques que géostratégiques. A ce titre pour éclairer objectivement l’opinion publique, pour un dialogue serein, sans passion, j’ai sollicité des experts de différentes spécialités de renommée mondiale, pour leurs avis sur les impacts environnementaux, sociaux et économiques du gaz de schiste, notamment ceux de la fracturation hydraulique la maîtrise technologique notamment en Algérie et si les techniques d’extraction sont équivalentes à celles du pétrole-gaz traditionnel. Ce sont des experts en énergie de tout horizon, américains, européens et également de hauts cadres algériens ayant travaillé pendant des décennies sur le terrain dans ce domaine, loin des bureaux climatisés, dont certains ont à leur actif la direction de grandes sociétés et la publication de nombreuses contributions. Les contributions reposeront essentiellement sur des arguments purement techniques et scientifiques. La presse algérienne sera destinataire prochainement d’une synthèse des contributions que nos amis tant étrangers que nationaux ont bien voulu me transmettre.

3.- En ce mois de janvier 2015, 97/98% des exportations sont le fait d’hydrocarbures à l’état brut et semi brut, l'Algérie importe la majorité des besoins des entreprises qu’elles soient publiques ou privées ainsi que la couverture des besoins des ménages : c’est ce que on appelle le syndrome hollandais. Mais il faut éviter la sinistrose, car nous avons assisté grâce à cette ressource éphémère à d’importants investissements dans ce secteur et dans d’autres qui font vivre aujourd’hui l’Algérie. Mais il faut également éviter toute autosatisfaction source de névrose collective. L’objectif stratégique étant la transition vers une économie hors rente dans le cadre des valeurs internationales. Le poste services au niveau de la balance des paiements, en grande partie accaparé par Sonatrach et à un degré moindre par les infrastructures (sans compter les transferts de profit) est passé est passé de 2 milliards de dollars en 2002 à plus de 12 milliards de dollars fin 2013/2014, témoignant d’une déperdition de la ressource humaine locale au niveau de cette société stratégique (faiblesse de l’accumulation du savoir-faire technologique et managérial). Il s’ensuit qu’il ne pourra pas avoir une véritable démocratisation de la société algérienne tenant compte certes de son anthropologie culturelle, sans une démocratisation de la gestion de la rente des hydrocarbures devant aller vers un MIX énergétique. Evitons ce débat biaisé, devant s’attaquer à l’essentiel et non au secondaire, notamment sur les transferts illégaux de capitaux où les 90% relèvent de surfacturations produit des importations relevant de la dépense publique. D’où l’importance d’un large débat national sur la gestion de cette rente qui irrigue tous les segments de la société, de la rentabilité des investissements et des réserves de change, placées à l’étranger, produit de cette rente.

Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités, Expert International en management stratégique

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Commentaires (7) | Réagir ?

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R A M E S S E S II

Tanemirt @Da Raveh:

On essaye d'expliquer un peu les dangers de l'injection dans le forage des puits pour extraire des gaz de schiste. Au moi pour avoir un peu la conscience tranquille, on essaye aussi de passer le message aux Fakakirs de l'autre coté pour qu'ils comprennent que la vie n'est pas seulement argent, il y a autre chose.

Je suis dans l'industrie depuis une quinzaine d'année, j'ai travaillé avec des Allemands, des Danois, des Finlandais, des anglais, des Français, des Espagnols, des Belges, des Chinois, des Italiens, des polonais, des Hollandais, et même des Américains dans des projets à l'international, dans le domaine agro-alimentaire, pharmacie, chimie, biotechnologies, et même actuellement en sidérurgie, j'ai accumulé une certaine expérience malgré toute les difficultés rencontrées.

Je suis écœuré par les invitations envoyées à des experts internationaux, au lieu de voir ce que nous pouvons faire pour notre pays (la diazpora) , Monsieur Mebtoul, s'il trouvera un expert en énergie qui lui certifiera que l'exploitation du gaz de schiste n'est pas dangereuse pour l'environnement, l'eau, l'air, la couche d'ozone, la radioactivité, ... par contre il trouvera ceux qui vont lui dire ce que le pouvoir d'Alger voudra entendre, que le gaz de schiste c'est du miel.

Tout simplement, dans les méthode actuelles, (parce que, on teste l'injection du Propane aussi) aucun ne pourra vous garantir l'étanchéité de la roche, parce que l'injection, s'est quoi réellement, elle crée des FISSURES de 1 à quelques mm, qui sont de 100 à 150 m sur les cotés du Tube horizontales perforé, sur 50 m vers le haut et base en verticale, voila le secret de la fracturation et des fois on utilise aussi des explosifs dans le cas du schiste très solide, ce qui engendre des mini séismes.

Le Cluster Well, avec 10 à 20 PIPES sous terre, et les strates, sont peut être étanche sur la verticale mais pas sur à l'horizontal, et les sels qui accélère le vieillissement des tubes d'acier et les ciment d'étanchéité, c'est pour cela les Cies Pétrolières à la fin du forage d'un puits sont OBLIGEES, je ne sais pas si c'est le cas en Algérie, de refaire le Tubing et la cimentation de la partie haute du Puits, du moins la partie en contact avec l'Albienne.

J'ai compris le message de Monsieur Mebtoul, il n'est qu'un sous traitant ou même un peu de diversion pour essayer sortir le pouvoir d'Alger du piège qui s'est refermé sur lui. L'Algérie a engagé 70 Milliards de $ aux États Unis, contre des contrats dans le schiste, c'est pour cela la Sonatrach s'est fait piégée, si elle arrête le Schiste, elle perd 70 Milliards cash, voila le neoud du problème???????????

Sinon, pourquoi ce carnaval communicatif, et cette agitation schisteuse, on est pas encore à sec je pense. Le problème n'est pas dans le gaz de schiste lui même, il est dans la COMMUNICATION du pouvoir d'Alger.

Si on a explique aux gens, si on a fait participer et expliquer aux gens du Sud, ils ont raison dans 5 ans, il y aura des millions de déplacés à cause du gaz de schiste, pourquoi, en connaissant mon pays, on a même pas de déchetterie pour nos ménagers, et les déchets des hôpitaux, je ne voit la Sonatrach s'occuper des déchets hautement toxique, et des déchets radioactifs, même au Dakota du Nord, ils n'ont pas de centre de traitement des chaussettes radioactives, alors que dire à Ain Salah, ou il a neigé une fois;

La crainte est dans la façon dont il sera extrait ce gaz, je sais que Sonatrach recèle des compétences qu'on a d'ailleurs marginalisées, n'est ce pas Mass Mebtoul, le DOUTE réside dans la compétence des nos ministres, surtout celle de l'environnement, j'ai des doutes sur le niveau intellectuel de nos ministres, surtout comme un "voici les boites noires", il faut de la jeunesse et surtout injecter de l'intelligence dans les structures de l'Etat sinon prochainement, on assistera à quoi?

L'armée va intervenir pour sécuriser les zones d'exploitation et elles seront déclarées zones militaires, et de là, commencera une autre épisode de notre Algérie. Même l'outarde, on ne sait pas la protéger alors que dire du gaz de schiste!

RMII (Maitre Ingénieur - Industrie)

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rabah Benali

Bonjour

A chaque lecture de notre docteur national "économie pétro-rologique" au Bouteflekistan, je me félécite un peu plus d'avoir achevé mes études d'ingénieur en 1973, tourné la page Sonatrach en 86, quitté le pays et surtout ne pas avoir eu à croiser le chemin de "professeurs pétro-rologues. " qui machent de l'eau en boucle et en continue.

Avoir dirigé les services d'audit du ministère de l'énergie dans les années 70 et persister 45 années plus tard à macher de l'eau pour expliquer le pourquoi du comment de la tragédie algérienne sans appeler un chat un chat, relève de la haute performance démagogique et de la malhonnêteté intellectuelle.

Pour ceux qui l'ignorent, dans les années 70, période de réalisations de la majeur partie des principales installations pétrolières actuelles Sonatrach, les services audit du ministère de l'énergie (ou d'ailleurs toutes autres institutions et services que chacun peut imaginer !!), étaient plus instrument de surveillance policier que conseiller orientateur décisionnel économique.

A l'époque, les "Bouchlagham d'Oujda et de Tlemcen" déjà à la manœuvre surveillaient étroitement les bougres d'équipes techniques Sonatrach que nous étions, équipes chargées de faire le boulot à savoir; veiller à la bonne exécution des projets de réalisations mis en œuvre et confiés aux multinationales.

Les décisions stratégiques étant jardin privé exclusif du cabinet noir (à l'époque le fameux conseil mafieux dit "conseil de la révolution"), la corruption était exclusive niveau cabinet noir. C'était le temps entre autre des Messaoud Zeggars and Co Ltd (voir entre autre le livre Histoire secrète du pétrole algérien de Hocine Malti).

Donc avoir dirigé les services d'audit dans les années 70, n'est ni une référence ni une peformance en soit compte tenu des résultats aujourd'hui connus et avérés.

Il n'y a surtout pas de quoi en être fier.

Notre "expert pétro-rologue" nous recommande toujours (je cite) "ne pas tomber dans la sinistrose" au beau milieu du sinistre actuel. !! C'est aussi un conseil d'expert auditeur !!.

"Solliciter des experts de différentes spécialités de renommée mondiale, pour leurs avis sur les impacts environnementaux, sociaux et économiques du gaz et huile de schiste" est une démarche noble et utile en soit. Mais nous adresser par voix de presse ces avis à nous troupeau de panurge est pûre démagogie démagogique malghacho/Tlemcenienne modèle 62.

Comme ce qui aurait dû être fait dans les années 70, les rapports d'audit et conseils d'experts auraient dûs être adressés à l'époque au cabinet noir mafieux décideur pour réctifier le tir et éviter la tragédie actuelle et non pas pour surveiller et terroriser les honnêtes excutants chefs de projets en tête, charger de mener les projets à bon port malgré le climat politico - social les plus stupide de la planéte instauré et dans lequel ils étaient obligés d'évoluer à l'époque.

Aujourd'hui, ces avis d'experts sur le danger des hydocarbures de schiste doivent être adressés et surtout soutenus pour bonne exécution au berger pas au troupeau.

Le troupeau sait l'ampleur de la tragédie. Il sait qu'il survit grace à 97/98 % de la rente pétrolière. Il sait que boutchektchika ne peut plus faire ses besoins tout seul. Il sait que la vache nourricière est aux mains des multinationales (elles de fafa en tête). Il sait, il sait, il sait…..

Le technicien algérien le plus naif et le plus inexpérimenté (même arabisé à 99, 99 %) sait que le gaz et l'huile de schiste, au stade actuel des technologies dans le domaine, est un danger

mortel à éviter pour le moment.

Donc au lieu de lui faire macher de l'eau encore et encore, le peuple algérien doit passer à l'essentiel. Il doit crever définitivement les pneus de la charette de la momie et la jeter à la mer le personnel de maintenance compris.

Rabah Benali

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