Islam en France : réformer d’abord la Grande Mosquée de Paris

La Grande Mosquée de Paris construite en 1926 comme cadeau au sultan Moulay.
La Grande Mosquée de Paris construite en 1926 comme cadeau au sultan Moulay.

La Grande Mosquée de Paris a été construite en 1926 par le gouvernement français à la demande du Maréchal Hubert Lyautey, alors gouverneur du Maroc depuis 1912, et conçue par l'architecte M. Tranchant de Lunel.

Rappel historique

C'était un cadeau offert pour services rendus au sultan Moulay Youcef (père de Mohamed V) pour avoir mobilisé les Marocains, par des prêches dans les mosquées et les souks et la mobilisation de milliers de harkis, pour combattre les libérateurs Rifains (*) conduits par Muhend Abdelkrim El Khettabi. Pendant qu'Abdelkrim mobilisait le peuple marocain en armes pour mettre fin simultanément à la colonisation espagnole et française, Moulay Youcef mobilisait l'islam pour sauver son trône et les colonies françaises et espagnoles au Maroc.

Lors de l'inauguration de cette mosquée (**), le 16 juillet 1926, par le Président Gaston Doumergue et Moulay Youcef, la République du Rif venait juste d'être écrasée par l'action conjointe des armées françaises et espagnoles sous le commandement respectif du Maréchal Pétain, vainqueur de la guerre de 1914-1918, et du général José Sanjurjo. Près de 800 000 hommes avaient été engagés, avec l'aviation et des armes chimiques (le terrible obus n°20 qui a servi à gazer des villages rifains entiers).

Depuis cette date, et particulièrement depuis les indépendances politiques du Maroc (mars 1956) et de l'Algérie (juillet 1962) cette mosquée n'a cessé d'être l'objet d'une âpre lutte d'influence entre le Maroc et l'Algérie pour son contrôle et par conséquent le contrôle de la commuanuté musulmane d'Afrique du Nord en France. La cause principale de toutes les guerres de leadership actuelles entre les différentes associations et comités islamiques en France vient de cet enjeu que représente cette mosquée.

Revenons à 2015

Après les massacres commis par les islamistes au journal Charlie Hebdo et les prises d'otage du début janvier à Paris, les autorités françaises, comme les différentes associations musulmanes qui s'étaient exprimées publiquement, rappellent l'urgence de réorganiser la représentativité de l'islam en France.

Tout le monde en convient que la population de religion musulmane en France n'est pas suffisamment, ou convenablement représentée. Des chiffres sont avancés par plusieurs sources (non vérifiables) de l'existence de 5 millions de musulmans en France. Alors les appétits s'aiguisent et la compétition est déclenchée pour le "contrôle" de cette comunauté. La concurrence traditionnelle entre les trois pays d'Afrique du Nord se trouve désormais compliquée avec les influences grandissantes des pays arabes (Qatar, Arabie Séoudite, Yémen, …), par l'apport de capitaux colossaux et l'instrumentalisation des capacités de nuisance des islamistes violents. La situation actuelle du djihadisme en Syrie/Irak ne fait qu'exacerber le problème.

Que faire ?

Afin d'instaurer la paix civile et d'éviter de tomber dans les pièges tendus par les islamistes qui oeuvrent à opposer les communautés entre elles en vue d'instaurer dans le monde le "grand califat islamique", il est plus que jamais nécessaire de mettre fin aux anciennes pratiques et manipulations du passé colonial et aux influences étrangères.

Par conséquent, l'existence dans sa forme actuelle de la Grande Mosquée de Paris constitue, de notre point de vue, un frein réel pour l'émergence d'une représentativité musulmane républicaine, construite par la base, sur des processus associatifs démocratiques et transparents, au sein de la République française.

Pour cela, la République devrait commencer par mettre fin à la dynastie des Boubakeur de père en fils depuis des décennies (Hamza Boubakeur, Dalil Boubakeur, le fils de Dalil qui se préparerait probablement à la succession du père), rappelant que trop l'instrumentalisation du passé, et qui ne fait donc que retarder l'émergence d'un islam compatible avec la République.

Les jeunes générations de Français, quelle que soit leur religion, n'ont pas à subir aujoud'hui et demain, le passif d'un passé révolu.

Pour cela, la transformation de cet édifice de Paris, joyau d'architecture, en musée des arts d'Afrique ne ferait que grandir le prestige de la France laïque, garante du respect de toutes les religions de ses citoyens, dans le respect de la République.

Aumer U Lamara

Références :

* Abdelkrim, Une épopée d'or et de sang, Zakia Daoud, Ed. Séguier, 1999

* La Guerre du Rif, V. Courcelle-Labrousse N. Marmier, éd.Tallandier, 2008.

* Muhend Abdelkrim, Di Dewla n Ripublik, Aumer U Lamara, éd. L'Harmattan, 2011.

** L'Etoie Nord-africaine (ENA) avait dénoncé à l'époque la construction de cette mosquée.

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Commentaires (11) | Réagir ?

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Massinissa Umerri

Ooops, j'ai oublie' de vous donner votre TORA (mode de vie en altitude) :

- On brule le fumier au printemps - comme en Mars 1947 (Abane) - pas les batiments parisiens.

- On sacrifie le Coq/u a la fin de l'automne, offerts au morts (Toussaint, comme en 1er Novembre '54) - Pas les charlots parisiens ou new-yorkais.

- On fait tout ca chez soi. Mais faut-il deja avoir un chez, ou pire UN SOI !

Mon Dieu (Dyhia), l' identity-politics est dangereuse ! Comme des allumettes entre les mains de petits gamins... tout petits meme, parfois sur des auto-tomponeuses meme. Ca craint !

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