Douze victimes perdent la vie sous les tirs de kalachnikovs, 20 au total suite à la prise d'otages d'un magasin Kacher et l'assaut des forces de sécurité. Des journalistes, des citoyens et des policiers tombent devant la barbarie. Le choc est immédiat et la compassion est internationale.

Il y a quelques mois, c'est un autre français, celui-là n'étais pas journaliste, tomba dans un guet-apens en Algérie. Le 24 septembre 2014, l'alpiniste Hervé Gourdel a été décapité par un sombre groupuscule "Djound Al Khalifa", dans la montagne de Djudjura et quelques jours après son atterrissage touristique en Algérie.

Les deux faits sont loin, l'un de l’autre, dans le temps et l'espace sauf que les deux actes portent, et sur plusieurs aspects, une même signature. Les victimes sont françaises et les bourreaux sont "islamistes", en tous cas c'est la revendication principale des auteurs et rien ne justifie le doute jusqu'à présent. Ce n'est pas la première fois dans son histoire récente que la France, ou ses citoyens soient victimes d'attentats ou d'attaques terroristes sur son territoire ou dans le monde, étant l'engagement de la France dans plusieurs conflits dans l'aire islamiste et surtout son a priori intransigeance sur la caractère laïque de la République française. Pourquoi a priori ? Car dans les faits, la France n'est pas si intransigeante que cela puisse paraître et elle était même, dans certains cas, complaisante voire complice avec l'islamisme et ses propagateurs et cela a des conséquences !

Le leader de la «Révolution islamiste», première de ce genre, Khomeini, n'a-t-il pas préparé sa conquête de l'Iran en France, dans les châteaux de la République et protégé par les policiers de la République? La France, de ce point de vue est le premier responsable de l'émergence de l'islamisme et son corollaire le terrorisme international. L'hydre iranienne, dont se méfient aujourd'hui la France et l'Occident est de création française. Passons au foyers de l'islamisme et du terrorisme aujourd'hui. Les Saddam, Kadhafi, Al Assad et autres Chadli, dictateurs en leurs temps et promoteurs invétérés de l'arabo-islamisme n'étaient-ils pas des "amis" de la France au moment où des Kurdes, des Kabyles, des chrétiens, des démocrates et des militants laïcs de ces pays se faisaient massacrer ? N'est-ce pas la France qui a réhabilité, soutenu et accueilli en grande pompe ces personnages honnis de l'humanité ? Tout le pétrole récolté et tous les contrats signés avec ces monstres pendant ces années de faste ne peuvent racheter la sécurité aux Français ni consoler la famille Charlie.

Revenant sur le territoire français même où des terroristes islamistes pullulent. Il y a des centaines de jeunes français partis faire le djihad dans des contrées lointaines et des actes islamistes (imposition du voile et interdiction du porc dans des écoles et autres institutions) sont commis au quotidien. Il ne sert à rien de justifier cela par des «origines» incertaines. Ces jeunes djihadistes sont d'abord et avant tout français. Ils sont nés en France, ils ont grandi en France, ils ont été à l'école française et ils n'ont rien vu d'autre, avant le passage à l'acte, que la France et ses couleurs. Question d'une importance capitale, comment la France peut-elle renvoyer l'image des Lumières et de la Liberté au monde entier alors que ses enfants, ses propres enfants, sèment la terreurs au sein de leur pays et contre leurs propres citoyens et d'ailleurs ? L'abandon des banlieues françaises où des millions d'émigrés étaient entassés pendant les "Trente glorieuses" a eu son revers de la médaille et les ZEP et autres ZSP n'ont rien à envier aujourd'hui à Kaboul ou à Bab El Oued. Les dernières manifestations de "soutien" aux terroristes Kouachi en Algérie et partout dans le monde arabo-musulman confirment cela.

Un grand défi politique et idéologique attend la France, pas seulement sécuritaire, afin qu'elle se rehausse à la place qui est censée être la sienne. Pour que la France se conforme à son triptyque qui fait figure de sa devise, elle doit revoir profondément son école, son modèle social, médiatique et d'intégration et surtout reconstruire sa politique internationale sur des bases plus humaines que mercantiles. Ce n'est pas en soudoyant le Qatar et en soignant Bouteflika qu'elle y arrivera.

Ahviv Mekdam