Chez moi, Charlie s’éloigne !

Bouteflika envoie son ministre des A.E. à la marche de Paris et interdit les manifestations à Alger.
Bouteflika envoie son ministre des A.E. à la marche de Paris et interdit les manifestations à Alger.

La liberté d’expression est un guetteur qui empêche la démocratie de somnoler. Mais cela dans une vraie république où Charlie y veille.

Chez moi, je ne suis et je ne peux être Charlie. Car, Charlie existe seulement dans un pays où la liberté d’expression et de ton constitue une tradition bien ancrée. Mais au pays de Tayyebet el hammam, offense honteusement présidentielle, le ton libertin de Charlie ne s’accommode ni d’une casquette hautement galonnée, ni d’une brosse bassement soumise ni encore de quelconque dogme religieux.

Normal alors que la démocratie de chez moi, somnole dans un fauteuil roulant, portée par le képi militaire, appuyée par la brosse maffieuse et épiée par la fatwa religieuse. Aucune règle, en l’absence d’une vraie république, ne constitue une garantie pour justement protéger le ton libre. Pis, on fait appel à l’allégeance aveugle et à la caresse docile dans le sens du poil pour réguler l’écrit et l’expression. Le chef et sa bande offensent comme bon leur semble t-il et la réplique est interdite. Les voix récalcitrantes sont punies, dans des cas emprisonnées ou elles ont fuit, sans qu’il ait de riposte forte et digne de la part de ceux qu se réclament protecteurs de la plume et de l’expression. De tout le temps des journalistes, mêmes des politiques, voire des personnes anonymes sont tués, poussés à l’exile ou traînés devant les tribunaux pour une virgule ou pour un mot.

Bien sûr que je trouve hypocrite que le soutien devant ces faits, soit sélectif. Chaque clan soutient les siens et enfonce les autres. Cela renseigne sur une société disloquée et déstructurée. Et la vraie république ne se bâtit pas sans une harmonie et une dynamique sociales. C'est-à-dire le vivre ensemble solidaire et respectueux dans la diversité et la différence. En effet le droit à la différence quand il est garanti, constitue un gage fondamental pour la libre expression. Mais quand ce droit est combattu par l’arme, le dénigrement et le déni, c’est la parole émancipée de toute contrainte qui est étouffée dans l’œuf.

Alors que cesse le mensonge des uns et des autres. Ceux des officiels qui ont marché à Paris pour une valeur dans laquelle ils n’ont jamais crue. Ou ceux qui évoquent le prophète pour perpétuer une idéologie qui prône l’exclusion, voire l’élimination. Les premiers, depuis qu’ils sont devenus officiels, ne jamais cessé de combatte en utilisant tous les moyens, la libre expression. Les seconds, depuis qu’ils sont devenus les fous de Dieu, n’ont jamais toléré une pensée contraire à la leur. Le tribut payé est lourd. Mais en débit des sacrifices consentis, la leçon n’a pas été retenue. L’on persiste à mater l’opinion libre et à exclure l’autre avis.

Chez moi, on est loin de Charlie, distant de la règle républicaine et retiré de tout bon sens humain. Car, le ton libre est concédé pour soi en même temps qu’il est interdit pour autrui. Encore, les lois s’appliquent sur les faibles au même moment qu’elles protègent les puissants…Le mensonge ne fonde pas la libre expression, pis, il l’asphyxie. Et tout le monde sait que la quasi-totalité des politiques, de la presse et des médias existants chez moi, versent, et à outrance, dans le mensonge. A l’image de toute la société. A l’unisson donc, l’on aide la démocratie à s’endormir profondément dans sa chaise roulante, toujours coiffée de sa casquette militaire, nourrie par la finance rentière et douteuse, bien gardée par le dogme religieux et constamment entretenue par la médiocrité. Et ça fait un bail. Charlie ne s’accommode pas de mentalités hypocrites et rétrogrades.

Zoubir Zerarga

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Commentaires (3) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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urfane

Excellente analyse Mr Zerarga mais il faut aller plus loin pour espérer un début de commencement de réveil de cette léthargie socio-culturelle. Vous même avez du mal à nommer les choses par leur noms. Lorsque vous parlez de dogme c'est, par peur, pudeur ou je ne sais quel empêchement, pour ne pas nommer l'islam qui, dans les sociétés où il règne (en maître absolu) empêche toute émergence d'un paradigme novateur et moderne. Les sociétés occidentales ont depuis longtemps franchi ce "rubicon" d'où le fossé actuel qui nous sépare d'eux et surtout le dialogue de sourds qui n'en finit pas.

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