Tout changer pour changer ! Que fera Bouteflika ?

Depuis des semaines des rumeurs persistantes évoquent un prochain remaniement ministériels.
Depuis des semaines des rumeurs persistantes évoquent un prochain remaniement ministériels.

Remaniera, remaniera pas ? En voilà un suspense haletant ! En attendant, on se met à supputer.

Sur les intentions du président, on laisse entendre qu’il s’apprêterait à remanier le gouvernement. Il utilise, régulièrement, le spectre du changement "imminen" pour faire pression sur les ministres, affirme-t-on. Une arme à double tranchant, à manier avec précaution, car pendant ce temps-là, l’administration lève le pied ; elle se demande à quoi sert d’honorer les demandes du gouvernement, puisque dans quelques jours, voire quelques semaines ou plus, on ne sait pas qui sera là, et que le prochain gouvernement aura d’autres priorités.

Sur la date. On nous affirme que cela se fera après la tenue du Conseil des Ministres consacré, entre autres dossiers, à la signature de la loi de finances pour 2015.

Remanier, mais avec quel premier ministre ? Pour beaucoup, ce sera avec Abdelmalek Sellal qui, pour la circonstance, sera reconduit dans ses fonctions, car l’homme, dit-on, continue de jouir de l’estime du Président de la République. Il est toujours cette personnalité chaleureuse, consensuelle et conviviale. Il est aussi l’homme politique qui n’a pas d’agenda personnel qui soit contradictoire avec celui du chef de l’Etat.

On laisse dire aussi que la liste des membres partants et des nouveaux arrivants est fin prête. Il suffit juste que la présidence de la République en fasse l’annonce officielle.

Rappelons, très justement, que dans le cas d’un remaniement, le gouvernement n’est pas, forcément, en déficit de confiance ; il a encore les moyens politiques de gouverner, son chef en l’occurrence le premier ministre reste le même et seuls quelques ministres seraient concernés par le départ. Parmi les partants, les noms de Mohamed Tahmi, Hamid Grine, Mohamed Aïssa, Mounia Meslem et Sid-Ahmed Feroukhi ont été cités plus d’une fois. Au premier, on reprocherait sa gestion tatillonne du football, son incapacité à juguler la violence dans les stades ou encore son manque d’intérêt pour le sport à l’école. Au ministre de la communication ses attaques répétées contre la presse et à celui des Affaires Religieuses, ses prises de position iconoclastes concernant la liberté des cultes ; au ministre de la Solidarité Nationale, c’est son bilan qui apparaît comme mitigé au regard de certains et aussi la gestion du couffin du Ramadhan dont, indirectement, elle subirait les dommages collatéraux. Quant au ministre de la Pêche, c’est son bilan négatif qui l’accablerait.

Peu importe, en réalité, les noms des ministres partants puisque les Algériens se soucient beaucoup plus de l’impact de la crise qui s’annonce et de la politique économique et sociale qui va être menée, que des hommes, qui vont la conduire. On dit aussi qu’un nouvel organigramme pour le gouvernement a été arrêté ; il est question de revenir à la configuration ancienne avec de grands ministres. Des secteurs comme le Transport, les Travaux Publics, la Jeunesse et les Sports fusionneront. Il est question, également, d’un grand Ministère de l’Economie et des Finances. Le Commerce sera ainsi intégré tout comme le Tourisme et l’Artisanat. Le Ministère de l’éducation, de l’enseignement et de la formation professionnelle auxquels on adjoindra la recherche, ne feront plus qu’un. Le ministre de la Communication sera supprimé dès lors qu’un porte-parole du gouvernement sera désigné parmi les ministres. L’appellation «Ministre d’Etat» sera, quant à elle, abandonnée tout comme la «filière» des walis. On reparle aussi du Ministère de la Ville, voire d’un Ministère de l’écologie, de l’environnement et du développement durable. Et en période de crise la création d’un ministère de la planification et de la prospective paraît de plus en plus pertinente dès lors qu’elle semble faire consensus. L’autre proposition, récurrente celle-là, concernerait le nombre de ministres. On dit vouloir aller vers un gouvernement des plus resserrés qui doit comme première mesure, réfléchir à réduire le train de vie de l’Etat.

En effet, l’équipe ministérielle serait réduite, au plus, à une vingtaine de membres dont les plus importants travailleraient avec un ou plusieurs secrétaires d’Etat, sachant que ces dernières fonctions ont une place moins importante dans le protocole, comparativement aux ministres délégués. En ces temps difficiles, il n’y a pas de petites économies même s’il faut se l’avouer, l’austérité dont se prévoit le premier ministre n’existe que dans le discours.

L’ancien président du FCE, Réda Hamiani, a tout à fait raison de répéter que «cette crise est venue nous rappeler que le monde de l’économie n’est pas fait que de dépenses publiques ; il est fait aussi, et surtout, de compétitivité et de concurrence, souvent très dures. Aujourd’hui, plus que jamais, a-t-il ajouté, il est nécessaire d’encourager les PMI/PME qui ont un rôle important à jouer, puisqu’il faut dire que chez nous, l’Agriculture et l’Industrie ne sont pas au rendez-vous pour apporter une contribution à la richesse du pays !».

Interrogeons-nous une fois encore : le remaniement, permettra-t-il d’aller dans le sens des orientations émises lors du dernier conseil des ministres par le chef de l’Etat consistant à protéger des effets de la crise, les couches les défavorisées de la population ? Il faut l’espérer, on peut toutefois en douter si, d’aventure, ce remaniement ne serait que superficiel. Et la montagne accoucherait d’une souris, comme on dit, sachant que ce gouvernement a été chargé, à l’origine, d’une longue opération de charme ; il est habitué à jeter, avec sourire et générosité, des milliards de dinars aux wilayas ; il ne s’est jamais, réellement, intéressé à la gestion car pris par sa politique de «pompier». En principe, le remaniement permet de créer ou de corriger une équipe qu’on espère cohérente. On dit qu’Abdelmalek Sellal, le premier ministre, a fait état, par le passé, de sa volonté de remanier son équipe. Pour corriger des erreurs de casting et d’intégrer de nouvelles compétences a-t-il affirmé à son entourage.

Le pays regorge de compétences, les partants seront remplacés, haut la main, par meilleurs qu’eux, plus soucieux des autres, plus inventifs, républicains, moins addicts au pouvoir, à l’argent et aux dorures de la République. Les rentrants sauront y faire en matière de TIC, d’agriculture, de travaux publics, de transports, de développement local et de gestion des crises, comme celle qui prévaut à Ghardaïa, pour ne citer que ces domaines et tant d’autres, négligés par le gouvernement actuel à savoir "les Algériens de l’étranger", "le service public" qui a été zappé sans explication aucune ou encore le secteur de «la jeunesse» géré, actuellement, comme dans les année 1970, par Abdelkader Khomri.

Aujourd’hui, l’intérêt général serait que tous ceux, du pouvoir ou de l’opposition, qui accepteraient de mettre en œuvre les mesures annoncées par le président de la République, pour atténuer, un tant soit peu, cette crise qui s’annonce douloureuse pour les années à venir, même si les experts disent que l’Algérie peut tenir le coup deux années, voire plus, affichent leur disponibilité.

Dans une précédente contribution, nous avons appelé à "l’Union Sacrée face à la crise !", estimant que le pays, en ces moments difficiles a besoin de toutes ses énergies. Bien entendu, ce n’est pas facile, car cela revient, pour chaque Parti acceptant de faire partie du prochain gouvernement, à brutaliser son aile la plus conservatrice pour «décréter» une petite pause dans son pugilat avec le pouvoir et aider, ainsi, le pays à s’en sortir !

Il appartient, maintenant, au président de la République d’oser des ouvertures en direction de l’opposition, même si pour certains de ses membres les plus radicaux, il n’est pas question de "se brûler les ailes" en acceptant de participer à un gouvernement qui se trouve dans une situation extrêmement difficile. Dans l’urgence d’aujourd’hui, on pourrait admettre qu’il existe des choses plus urgentes et plus importantes que celles consistant à exiger une période de transition ou des élections présidentielles anticipées. Au premier ministre, quel qu’il soit, il incomberait de faire le choix des hommes capables de l’accompagner dans sa mission de redressement de l’économie nationale. Qu’il prenne garde cependant, aux politiciens hors-sol, carriéristes sans expérience autre que politique et dont on voit les plus «brillants» spécimens truster le devant de la scène médiatique, l’éloquence au poing et l’aveuglement de l’ambition en guise d’armure, se manifestant à qui de droit !

Remaniera, ne remaniera pas ? Au président de la République de décider ce qu’il doit entreprendre, à l’aune de cette nouvelle année. En attendant, le manège des "premiers ministrables" continue de tourner : Les réseaux sociaux se sont emparés des noms des ministres de l’Industrie Abdeslem Bouchouareb, de l’Habitat Abdelmadjid Tebboune et de l’Energie Youcef Yousfi. On prétend que le premier nommé a le vent en poupe, le deuxième a été primé pour son bilan de réalisation de logements et le troisième remarqué pour son passage éphémère à la tête du gouvernement en remplacement de Sellal désigné alors, directeur de la campagne électorale du président. Toutes ces rumeurs sont, peut-être, parvenues aux oreilles du président qui doit s’en amuser. Il pourrait même prendre plaisir à "jouer au chat et à la souris", tout comme l’ancien président François Mitterrand, avant de signifier son arbitrage en sa faveur, avait infligé à Michel Rocard un déjeuner élyséen à suspense où il n’avait d’yeux que pour Pierre Bérégovoy, comme si c’était lui son choix ! L’ex-chef d’Etat Français expliquait alors, que "la nomination d’un premier ministre ne relevait pas de l’amitié, ni de la confiance, ni de la fidélité, mais de l’analyse d’une situation claire qui donnerait une petite prime pour… Michel Rocard".

L’analyse de la situation politique et économique de l’Algérie, est-elle, suffisamment, claire au point où le président de la République donnerait une petite prime pour … Ahmed Ouyahia ? A moins qu’il ne sorte de sa manche la carte d’un illustre inconnu ou, allez savoir, il demanderait à Abderrahmane Hadj Nacer, l’ancien gouverneur de la Banque Centrale, de former un gouvernement, sachant que l’homme, compétent, intègre et n’appartenant à aucune chapelle politique, en est capable !

Se dirige-t-on vers un gouvernement de dépenses publiques ou un gouvernement d’austérité ? Le temps le dira, car à l’aune de l’année nouvelle les algériens pris, déjà, à la gorge par les difficultés de la vie et une hausse générale des prix des produits de large consommation, n’attendent rien du nouveau gouvernement. Ou si peu.

Cherif Ali

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Commentaires (9) | Réagir ?

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khelaf hellal

On en a rien à branler de ces changements sans fin, ça fait des années (Quinze ans) qu'il change pour changer. Aprés chaque essoufflement il en vient à remonter son rocher de condamné comme dans le mythe de sysiphe. C'est l'absurdité de tourner en rond pour donner l'impression qu'on avance. Le système se mord la queue, il se consume dans lui-même, sa fin est inéluctable.

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salah hababak

C'EST RIGOLO

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