Imzad au CCA de Paris : une parenthèse enchantée

Des membres du groupe Imzad.
Des membres du groupe Imzad.

Pour ce dernier samedi de l'année 2014, la salle de spectacles du Centre culturel algérien à Paris s'est révélée exiguë pour contenir les dizaines de personnes venues applaudir le groupe Imzad, une formation musicale aux sonorités cueillies telles des perles dans le ciel de l'Ahaggar.

Emmaillotés dans la blancheur de leurs tenues traditionnelles affublées d'une musette à franges, Bay, Hacen, Moussa, Ahmed, Fares, Hassen et Mohamed ont partagé un moment de communion et d'évasion avec leurs compatriotes établis en région parisienne. Nombreux sont ceux qui découvrent pour la première fois ce groupe original et aux individualités pétries d'un talent brut.

Le groupe a égrené avec maestria une douzaine de titres dont Imidiwen, Tisnante n-ayetma, Emasli wan Imzad, Akal nawa,,,, ou encore Oulh n'Ahaggar. Du très bon son entraînant et agréable à souhait que les spectateurs ont beaucoup apprécié au point de se déhancher aux premières notes des guitares électriques ou aux roulements envoûtants du Djembé.

Les Imzad font de la musique magique et épurée ; une musique puisée dans le terroir ancestral où les étoiles servent de repères géographiques et identitaires, et où le désert fait office de réceptacle d'une culture et des traditions plusieurs fois millénaires.

La thématique abordée dans leurs textes écrits et chantés en targui évoque essentiellement l'amour entre les peuples et les êtres, la paix dans le monde, la fraternité, l'honneur guerrier, le nomadisme, et la revendication identitaire en filigrane.

Ces troubadours modernes ont revisité la chanson targuie et partant, la musique du Grand Sud algérien, en interprétant un cocktail musical qui s'apparenterait tantôt à du rock, du blues, tantôt à du reggae, du jazz, voire du rap subtilement orchestrés. Originaire de Tamanrasset, ce groupe est à la fois le fruit et le pendant de l'association «Sauver l'Imzad» qui œuvre pour la sauvegarde et la promotion de la culture et des traditions de l'Ahaggar. Une façon à eux de joindre l'utile à l'agréable...

Avant d'être le nom du groupe, Imzad est un violon monocorde traditionnel de la musique des Touaregs, Berbères nomades du Sahara. Cet instrument est fabriqué et pratiqué exclusivement par les femmes. Bien jouer de l’Imzad est, semble-t-il, une qualité rare et recherchée chez une femme targuie qui doit s'évertuer à friser la perfection et l’élégance dans la maîtrise de son art.

Depuis le 04 décembre 2013, les pratiques et savoirs liés à l'Imzad ont été inscrits au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité de l'Unesco. Le groupe Imzad éditera dans les tout prochains jours un quatrième album et ce, au bonheur de ses fans qui affectionnent ses mélodies dont la douceur invite à la rêverie et la rythmique au déhanchement savoureux. Il mériterait d'être connu et reconnu en multipliant les représentations dans les grandes salles françaises et européennes.

Farid Bouhanik

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