Sellal-Ouyahia : destins croisés de deux serviteurs du pouvoir !

Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, deux hommes politiques sans état d'âme.
Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, deux hommes politiques sans état d'âme.

Côté cour, on ne parle plus dans le pays, que de l’effondrement des prix des hydrocarbures et leur répercussion sur les équilibres financiers de l’Algérie.

Selon les observateurs, les discussions économiques vont éclipser dans les jours, les semaines voire les mois à venir, les débats politiques et institutionnels sur la transition et les réformes engagés à travers différents canaux officiels et partisans : révision constitutionnelle pour les tenants du pouvoir, initiative politique du FFS pour certains et élections anticipées et rien que cela, pour les plus radicaux des opposants.

Le gouvernement qu’on dit en instance de réaménagement, se prépare aux coupes budgétaires et aux moyens de défendre la politique d’austérité qui attend le pays. Exercice difficile en cette fin d’année marquée par une demande sociale de plus en plus exigeante.

Côté jardin, on fait mine de ne pas être alarmé par la crise qui s’installe ; la majorité présidentielle, partis et affidés, loin des soucis du Premier Ministre et de son staff, occupent l’espace médiatique comme ils peuvent, en commençant déjà par apprécier le renfort du FFS et son l’initiative qui, selon lui "va au-delà des mandats institutionnels". En d’autres termes, le départ d’Abdelaziz Bouteflika n’est pas considéré comme une urgence pour ce parti et c’est du pain béni pour la majorité présidentielle !

Est-ce à dire que le statu quo politique va être maintenu ? Ce qui permettra à ceux qui briguent le fauteuil d’El Mouradia d’affiner davantage leur stratégie, d’affûter aussi leurs armes et, surtout, de comptabiliser leurs soutiens, loin des "enfumages", suscités par cette crise pétrolière, que certains experts économiques n’hésitent pas à qualifier de "conjoncturelle".

L’opposition, va-t-elle mettre à profit cet "arrêt sur image politique" pour se concerter de nouveau et surtout de maitriser les "égos" de ses potentiels présidentiables ? La probabilité d’une candidature consensuelle, en son sein n’est, pour l’instant, ni acquise encore moins perceptible.

Elle multiplie ses communiqués, mais ne semble pas, pour l’instant, en mesure de faire bouger les lignes ; va-t-elle pour autant, surfer sur le pessimisme des algériens et leur inquiétude des lendemains sombres qui les attendent conséquemment à la baisse du prix de baril de pétrole et des prévisions alarmistes du FMI ? Est-elle en mesure de leur présenter une alternative crédible en matière de gouvernance ? Ou alors continuera-t-elle à sortir l’argument redondant de «l’état de santé» du président, ce qui aura pour effet de lasser, davantage, le citoyen lambda et d’agacer le Président de la République.

Ce dernier pourrait s’inspirer du Général De Gaulle, et faire sienne sa fameuse réplique à la presse qui se demandait si sa santé n’était pas déclinante et qui leur répondit : "Je ne vais pas mal, mais rassurez-vous, un jour, comme tout le monde, je ne manquerai pas de mourir !". Ce qui aurait pour effet peut-être de mettre un point final à l’argumentaire de l’opposition. Dans cet ordre d’idées, la mise au point du vice-ministre de la Défense Nationale concernant la légitimité du président de la république, prend l’aspect d’"une ligne rouge" à ne pas franchir.

Tout comme la lettre publiée dans la revue El Djeich qui est venue rappeler aux opposants qu’ils sont tenus "de respecter les institutions de l’Etat et à leur tête l’ANP, de préserver sa stabilité, sa cohésion et son unité, de s’abstenir d’essayer de l’impliquer dans les questions politiques qui ne sont pas de sa compétence et de ne pas tenter d’exploiter son attachement à ses missions constitutionnelles dans le but d’écorner la légitimité des institutions de l’Etat".

Si dans le camp des opposants on reste braqué dans la prise du pouvoir, dans le camp d’en face, on se projette aussi sur 2019 ! On réfléchit probablement à la succession d’Abdelaziz Bouteflika mais de manière plus soft ; et la décantation se met en place, même si, officiellement, personne n’en parle. Elle a commencé, brutalement, par l’élimination, sans ménagement, d’Abdelaziz Belkhadem qui a été stoppé net dans son élan de conquête d’El Mouradia. Il pensait qu’il était en mesure d’enclencher une dynamique autour de sa personne, dans l’espoir de tout emporter sur son passage, tel un rouleau compresseur. Sa méthode usitée par le passé, lui a permis d’effacer des instances dirigeantes du FLN Ali Benflis lui-même ; il a suscité, une vague de ralliements à ses thèses de «redresseur» du Parti ce qui lui a permis d’isoler le secrétaire général, légalement élu, et ses soutiens. Il faut dire qu’Abdelaziz Belkhadem savait parfaitement, occuper le terrain médiatique et, surtout, se placer au centre du débat politique.

Aujourd’hui déchu, il était pourtant l’un des trois hommes sur lesquels comptait le président de la République, il a mis les pieds trop tôt dans les starting -blocs, en affirmant bien avant le 17 avril 2014, que «si Abdelaziz Bouteflika ne se représenterait pas, lui serait candidat». Depuis ce jour là, l’ex SG du parti FLN a été déclaré «mort» politiquement. Des hommes du président, il ne reste plus qu’Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia qui se sont forgé une stature d’hommes d’Etat et de possibles prétendants à la magistrature suprême. Ahmed Ouyahia a été le premier à tomber le masque ; il l’a fait à la manière de Valérie Giscard d’Estaing, en affichant ses prétentions : "c’est la rencontre d’un homme avec son destin".

Il faut dire qu’il bénéficie, clairement, de la confiance des hauts gradés de l’armée. Il est présenté, également, comme le seul politicien, de l’heure, qui disposerait de toutes les qualités intellectuelles nécessaires pour diriger l’Etat algérien. Y compris pour une période de transition. Patient, Ouyahia est revenu "aux affaires"après une disgrâce qui aura duré un an et demi. Homme fort du courant éradicateur, apprécié par les technocrates et estimé par les partenaires étrangers de l’Algérie, Ahmed Ouyahia a, sûrement, l’étoffe d’un potentiel successeur du président de la république.

Plus fort que jamais, il peut compter, aujourd’hui, sur ses partisans qui sont revenus en force au RND ; pour l’instant il fait tourner la machine aux côtés du président de la république et tente de prendre de la hauteur par rapport à tous les candidats déclarés de l’opposition où ceux, qui avancent masqués, comme par exemple, le Premier Ministre actuel ; je suis au dessus de cette compétition interne, semble-t-il indiquer à ce dernier ; je ne donne aucun signe que cela m’intéresse d’aller à El Mouradia, mais qu’on se le dise !

Sa réputation d’homme de fer, et des missions impossibles lui confère, malgré son déficit d’image, une avance considérable sur son rival, Abdelmalek Sellal et il semble, selon certains analystes, qu’un véritable consensus se dégage autour de sa personne.

Ce n’est pas bien sûr l’avis des partisans du Premier Ministre qui pensent que leur poulain est la personnalité dont les algériens ont la meilleure image et ils souhaitent qu’à l’avenir, il soit amené à jouer un rôle plus important. Abdelmalek Sellal, énarque et diplomate tout comme son «rival» a tout connu des dorures de la république : wali, ministre, ambassadeur et premier ministre à deux reprises. Vingt et un jours durant, le temps de la campagne présidentielle, il a joué à la «doublure» du président de la république. Il se murmurait à cette époque là, que n’eut été le véto de puissants gradés de l’armée, Abdelmalek Sellal était, déjà, sur la trajectoire pour succéder au président, avant bien sûr que ce dernier ne se décide de briguer un quatrième mandat.

L’homme est, pourtant, compatible avec tous les pôles du pouvoir. Il semble, à ce jour, jouir de la confiance et de l’estime du président, nonobstant ce qui se dit ou s’écrit, ces derniers temps, concernant ses périples Parisien ou Londonien. Tout cela ferait-il de lui un présidentiable, lui qui aurait lâché cette phrase rapportée, à l’époque par la presse : "Le service que l’on pourrait me rendre, c’est de me donner une ambassade le plus loin possible !". Difficile à croire pour celui qui a rencontré les grands de ce monde et qui s’est prêté à l’exercice de chef d’Etat, plus d’une fois, même s’il se plait à répéter "qu’il n’est candidat à rien !".

Pour ceux qui ne cessent d’observer la sphère politique, le jeu est clair et les ambitions présidentielles, des uns et des autres, ne peuvent plus être étouffées, tant chez ceux de la CNLTD que ceux du pouvoir? Ainsi va la politique.

Le "duel" des frères «ennemis» issus, tous les deux, de la prestigieuse Ecole Nationale d’Administration, section diplomatique, ne fait plus de doute. Pour les mois à venir, ils arriveront, difficilement, à cadrer leurs projets personnels et cela ne laisse pas indifférent le monde politique et surtout les ex-chefs de gouvernement qui savent qu’ils auront fort à faire avec ces deux «clients» !

Du cabinet de la présidence de la république, Ahmed Ouyahia a la main sur tous les dossiers même si, jusqu’à maintenant, et il faut lui donner acte, il n’a jamais envisagé, une seule seconde, une action d’émancipation du président de la république ; il se plaît à répéter que pour lui «c’est la chose la plus naturelle que de soutenir un homme comme Bouteflika». Jusqu’à 2019 !

Au delà, il ne se laissera pas compter, d’autant plus qu’il est aujourd’hui, le pilier de base du vrai pouvoir ! Quant à Abdelmalek Sellal, premier ministre «populaire et populiste» il doit se défaire, d’abord, d’Amar Saadani, SG du FLN qui lui conteste la "primature" du gouvernement ; il y a aussi toutes ces boutades à répétition qui viennent remettre en cause ses capacités à assumer, selon certains, des fonctions présidentielles. Et pourtant, il a eu "un bilan atypique qui le différencie de tous ses prédécesseurs" selon Liberté-Algérie, qui estime qu’"il a réussi, jusqu’à présent, à assumer une double casquette ! Assurer la continuité de l’Etat et se faire le porte-parole d’un président absent".

Dans les médias, il est devenu un lieu commun de lire, collé au nom d’Abdelmalek Sellal, ou Ahmed Ouyahia le titre de "dauphin" du Président de la République. Il est vrai, qu’aujourd’hui, ces deux hommes de confiance d’Abdelaziz Bouteflika, sont cités comme ses probables successeurs à la fin de son ultime mandat, même si réserve oblige, ils avancent masqués au risque de connaitre la même mésaventure que Belkhadem.

Peu importe pour le Président de la République dès lors que toutes les cartes sont entre ses mains. Il peut par exemple, terminer tranquillement son mandat assuré du soutien de l’armée. Il pourrait, aussi, étonner son monde et accéder à la demande de la CNLTD en décidant d’une «transition démocratique» ; pour ce faire, il lui faudrait trouver, d’abord, le "Dimitri Medvedev" local qui accepterait le fameux «deal» expérimenté ailleurs, et qui consisterait à "chauffer la place" à l’un ou l’autre de ses dauphins, sur lequel, ensuite, il porterait son choix.

Cherif Ali

Plus d'articles de : Politique

Commentaires (12) | Réagir ?

avatar
chilmoune

Deux bachaghas qui ont herité la chitta de leurs parents au temps du colonialisme.......... l'Algérie est toujours colonisé, hier par la france aujourdh'ui par l'idéologie arabo-islamique et le soutient de la france à cette idéologie meurtriere.................. thanmirth..

avatar
klouzazna klouzazna

Le spectacle lamentalble du misérable kabyle de service... escalve troquant honneur, famille et valeurs contre un poste de comi (que) de service !!! dans un scénario écrit er mis en scène par son maitre !!!

visualisation: 2 / 12