Crise du prix du pétrole : l’Algérie pas concernée ! proclame Bouteflika

Bouteflika en conseil de ministres restreint.
Bouteflika en conseil de ministres restreint.

Les analystes et autres économistes de tous poils peuvent aller prodiguer leur savoir-faire ailleurs qu’en Algérie, Abdelaziz Bouteflika est là pour les démentir.

Les prix du pétrole dégringolent remettant en doute les prévisions de la loi de finances 2015. Pas de panique ! Cette crise pétrolière qui inquiète les marchés et de nombreux Etat ne touchera pas les équilibres financiers de l’Algérie, rassure le président de la République. Quelques déclarations plus loin, il appelle à la rationalisation des dépenses.

Ce mardi, le chef de l’Etat est sorti de sa réserve et a réunit – pour une fois ! - six ministres du secteur économique (Finances, Budget, Energie, Industrie, Commerce, Agriculture) ainsi que le vice-ministre de la Défense et le gouverneur de la Banque d'Algérie. C’est dire que l’heure est grave malgré le tapis d’arguments avancés ici ou là. Que les spécialistes aillent se rhabiller ! Au cours de ce conseil restreint, il n’a pas été question de création de richesses, de PIB, d’indice de croissance, mais d’un ensemble de considération qui rappellent une discussion d’épiciers.

L’Algérie dispose d'une "certaine marge de manœuvre" pour faire face à l'actuelle crise du prix du pétrole qu'il a qualifiée d'"inquiétante". Tout de suite après, le chef de l'Etat appelle à la "rationalisation" de la dépense publique, des importations et de la consommation interne d'énergie. Est-ce possible aux lendemains des augmentations exponentielles qu'il a octroyées ?Comment rationaliser la dépense publique quand on sait que son pouvoir s'appuie sur la prébende et la distribution de la rente ? Mystère.

La recette secrète de Bouteflika ? La faiblesse de la dette algérienne. "Face à cette inquiétante crise, l'Algérie dispose d'une certaine marge de manœuvre résultant d'un désendettement public anticipé quasi-total", a doctement rassuré le président Bouteflika feignant de se rappeler que la faiblesse de l’endettement n’est pas un indice économique suffisant et sérieux pour maintenir le pays hors d’atteinte de la crise qui se profile.

L’autre argument sorti ? Le Fonds de régulation. Le chef de l’Etat s’attarde sur les "réserves de change constituées, ainsi que de l'épargne publique accumulée au niveau du Fonds de régulation des recettes". Cependant le Fonds de Régulation des Recettes n’est pas pérenne. Il a fondu durant le premier semestre 2014 de plus de 6 milliards de dollars. Il s’élevait en juin 2014 à 55 milliards de dollars. Combien de temps tiendra-t-il ?

Une fois les fondamentaux redit, le chef de l'Etat passe aux choses sérieuses et charge le gouvernement de s'atteler à la rationalisation de la dépense publique. Budget de fonctionnement. Tout devrait passer au rabot. Après 15 ans passés à dépenser à tout-va sans contrôle, ni rigueur budgétaire, le président fait semblant d’appeler au renforcement du contrôle des opérations de financement du commerce extérieur, pour, dit-il "prévenir toutes formes d'évasion de capitaux". Ne serait-ce pas là un clin d’œil à tous ces magnats qui achètent en Europe à tour de bras société en faillite et résidences de luxe ?

Une fois tout est dit, le président Bouteflika a instruit le gouvernement de maintenir le même rythme de dépenses et d'"exclure toute remise en cause de la politique d'investissements publics". Allez comprendre quelque chose !

Le programme quinquennal (2015/2019) d'un montant de près de 200 milliards d’euros sera maintenu malgré la chute des prix du pétrole. Ce projet de budget attend toujours la signature du président Bouteflika. Ses prévisions ? 109 milliards de dollars de dépenses et 57,8 milliards de recettes, avec un déficit de 52 milliards, entièrement couvert par le si précieux Fonds de régulation des recettes (FRR) des hydrocarbures. Ce Fonds de régulation est exclusivement alimenté par le différentiel entre les recettes réelles et théoriques, sachant que budget est calculé sur la base de 37 dollars le baril. Restent les réserves de change, qui s'élèvent à près de 200 milliards de dollars. Elles peuvent couvrir seulement un an et demi d'importation.

C'est dire que la recette du clan au pouvoir souffre de pleine d'incertitudes et poursuit sa navigation à vue.

Yacine K.

Plus d'articles de : Actualité

Commentaires (6) | Réagir ?

avatar
moh arwal

L'opposition dort, le peuple est un tube digestif qui se contente des miettes, seule la mort du NAIN peut debloqeur la situation.

avatar
moh arwal

Ils ont boufé toute la bonne chair maintenant ils se reunissent pour se répartir les os.

Ils ne laissent aucune miette au peuple.

visualisation: 2 / 6