Effacement de dettes des pays africains : l'autre décision insensée de Bouteflika

Abdelaziz Bouteflika.
Abdelaziz Bouteflika.

Parmi les nombreux drames et scandales qui auront marqué le long et ennuyeux règne de Bouteflika, débuté en avril 1999 et poursuivi depuis, dans les conditions scandaleuses que l'on sait, la décision qu'il a prise unilatéralement pour effacer les créances que l'Algérie détenait sur des pays arabes et africains, figurera en bonne place. Et pour cause.

L'ampleur de cette "affaire" est de loin supérieure à celle du détournement des reliquats des ambassades et des consulats algériens, qui s'élevaient à des dizaines de millions et non pas à des centaines de millions de dollars américains, comme dans le cas des créances en question.

En effet, sans, comme l'exige la loi, consulter préalablement l'Assemblée populaire nationale, dont l'une des missions majeures est de veiller à la bonne gestion des finances publiques, Abdelaziz Bouteflika, sans doute sur la base de dossiers et rapports complaisants émanant des ministères des affaires étrangères et des finances, avait décidé, à partir de 2010, d'effacer ces créances, évaluées à plus de 900 millions de dollars américains, pour 14 pays africains (Bénin, Burkina Faso, Congo-Brazzaville, Ethiopie, Guinée, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Seychelles et Tanzanie ) et à plus de 500 millions de dollars américains, pour deux pays arabes (Irak et Yémen).

Dans l'exposé des motifs présenté par le porte-parole du MAE sur cette question, ce dernier a indiqué que cette décision, qui a été sévèrement critiquée par l'opposition politique et la société civile algériennes, a été prise "en signe d'entraide, dans le cadre de la solidarité africaine et arabe et illustre la volonté politique du gouvernement algérien d'assumer pleinement ses engagements en faveur de la promotion économique et sociale du continent africain".

Certains experts, comme le professeur Mouhoubi, ont estimé que cette décision était "opaque et précipitée" car elle n'avait pas tenu compte des avis motivés des institutions algériennes compétentes, directement concernées par la gestion des créances de notre pays sur des pays étrangers et qu'elle constituait un exemple d'improvisation dangereuse, prise par le président Bouteflika, qui dirige le pays par pulsions autocratiques et humeurs personnelles, aux conséquences souvent désastreuses.

Au lieu donc d'annuler ces créances "douteuses" ou "pourries", il aurait mieux fallu réduire à zéro leurs taux d'intérêts ou les convertir en investissements directs dans les pays arabes et africains, qui ont bénéficié de cet effacement et dont la majorité offre de bonnes perspectives économiques ou commerciales et d'excellentes opportunités d'investissement, dont plusieurs pays étrangers profitent déjà.

Ainsi, contrairement à ses illustres prédécesseurs, qu'il a qualifiés, à maintes reprises, de tous les noms d'oiseaux, à l'exception de son "grand frère Ahmed Ben Bella", que son âme repose en paix, Bouteflika est aujourd'hui plus que jamais isolé et achève son lourd règne, gros de tous les risques pour la cohésion, la stabilité, la sécurité et l'unité nationales, avec le triste et infamant titre de "plus mauvais président de la République algérienne démocratique et populaire".

En prenant cette décision irrationnelle en faveur de pays, dont certains sont hélas connus pour leur hostilité traditionnelle envers notre pays, au détriment manifeste des intérêts stratégiques de notre pays, Bouteflika, obsédé par son image extérieure et qui a une image exécrable chez le peuple algérien, qu'il méprise et humilie constamment par avec ses déclarations blessantes et ses violations répétées de la Constitution, cherche-t-il à redorer son blason terni par les abus, les méfaits et les forfaits commis par les prédateurs cupides et obstinés du clan présidentiel ?

Si tel est son calcul, il se trompe lourdement car ni ces pays, en particulier ni la communauté internationale, en général, ne lui seront d'un quelconque secours lorsque son bilan, par ailleurs globalement négatif, sera examiné par des institutions de la République et des représentants légitimes du peuple algérien.

Rabah Toubal

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Commentaires (7) | Réagir ?

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tahar foli

merci pour l'iformation

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Mohammed Ouguellit

L'auteur a oublié de parler des largesses pour faire reconnaitre la pseudo RASD..

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