La mystérieuse hospitalisation de Bouteflika en France

L'avion qui aurait ramené le président en Algérie cet après midi de l'aéroport de Grenoble.
L'avion qui aurait ramené le président en Algérie cet après midi de l'aéroport de Grenoble.

Le président, 77 ans, a quitté la France samedi après une brève hospitalisation dans la clinique privée d’Alembert de Grenoble. Si le séjour a été éventé, les raisons restent mystérieuses. L'attention est semble-t-il retenue par l'équipe nationale qui joue face à l'Ethiopie.

Cette fois ce n’est pas l’hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce, mais la très chic clinique privée d’Alembert qui a été choisie pour soigner le chef de l’Etat. Près de sept mois après avoir brigué un 4e quinquennat plus que problématique, le président vient de faire un séjour mystérieux dans une clinique privée française. Contrairement à toutes les attentes, aucune explication n’a été fournie aux Algériens. A croire que le régime ne se sent nullement le devoir d’expliquer cette escapade de santé.

Le chef d’Etat est reparti de la clinique Alembert vers 13h30 dans une ambulance escortée par plusieurs véhicules de police, en direction de l’aéroport de Grenoble où il était arrivé discrètement jeudi. Un avion de la présidence algérienne en a décollé vers 14h45, selon un photographe de l’AFP. Aucune information n'a filtré, cependant, sur sa destination. Alger ou ailleurs ? La question reste sans réponse officielle malheureusement. Alger vibre actuellement pour l'Equipe nationale.

Les raisons qui ont motivé l’hospitalisation de Bouteflika, qui s’est déroulée sous étroite surveillance policière, demeurent inconnues, Alger ayant observé un silence absolu, de même que la direction du Groupe hospitalier mutualiste dont fait partie la clinique.

Selon le quotidien régional Le Dauphiné Libéré, M. Bouteflika a été pris en charge dans un service de cardiologie et maladie vasculaire, où travaille un professeur de cardiologie qui officiait auparavant à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. Le président y avait été soigné durant près de trois mois l’an dernier à la suite de son AVC, après y avoir été opéré d’un ulcère en 2005.

Opération d’enfumage

Vendredi soir, l’ENTV s’est contentée de lire un message adressé par M. Bouteflika au président palestinien Mahmoud Abbas à l’occasion du 26e anniversaire de la proclamation de l’Etat de Palestine à Alger. Ce message faisait samedi matin la manchette du quotidien gouvernemental El Moudjahid. L’APS a étrangement ignoré l’information. Mieux encore, la chaîne de télévision privée Echourouk, réputée proche du clan au pouvoir, a juré ses grands dieux vendredi que le président se trouvait à Alger avant de se dédire samedi et d’apprendre à ses téléspectateurs que ce dernier était rentré en Algérie.

Mais pourquoi donc ce silence ? se demande chacun des observateurs des moeurs du régime.

Rares apparitions publiques

Depuis le début de son 4e mandat fin avril, Bouteflika n’a fait que de rares apparitions publiques, alimentant les rumeurs sur son réel état de santé. Le 1er novembre, il avait effectué une visite au cimetière d’El Alia, dans la banlieue-est d’Alger, pour se recueillir sur les tombes de martyrs de la guerre d’indépendance à l’occasion des 60 ans de cette insurrection.

Si ses sorties sont parcimonieuses, ses apparitions à la télévision le sont moins. On le montre recevant ses invités - chefs d’Etat et ministres étrangers, ambassadeurs, membres du gouvernement algérien - dans une résidence à Zéralda, station balnéaire à l’ouest d’Alger, qui semble être devenue son bureau.

Le dernier hôte a été reçu mercredi. Il s’agit du ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Rafael Ramirez, avec lequel il a parlé des prix du pétrole. Lundi, M. Bouteflika avait reçu le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et son collègue de l’Economie, Emmanuel Macron, venus en Algérie assister à l’inauguration d’une usine Renault.

Juste avant ces rendez-vous, M. Bouteflika avait reçu une quinzaine d’ambassadeurs venus lui présenter leurs lettres de créances. «Il est apparu très lucide et très informé des dossiers», confiait alors l’un d’eux.

Mais à chacune de ses apparitions, M. Bouteflika a affiché des difficultés d’élocution, s’exprimant d’une voix faible. «Rani (je vais) beaucoup mieux», avait-il assuré début octobre au diplomate Lakhdar Brahimi après des rumeurs alarmantes sur son état de santé. Chacun aura remarqué qu’il s’exprime désormais au travers d’un micro accroché à son menton. Pour autant ministres et autres fidèles soutiennent qu’il est en pleine forme.

Depuis son AVC, il n’occupe plus la présidence, lui préférant la résidence de Zéralda «entièrement aménagée, avec de vastes couloirs et de larges ascenseurs permettant au patient de se déplacer en chaise roulante», a confié à l’AFP un photographe qui a pu s’y rendre. Le président y reçoit ses hôtes à l’abri des regards.

Enfin, depuis fin août, les ministres ne le voient plus, il n’y a plus eu de conseil des ministres. Quant aux discours à la nation, les Algériens ont dû oublié le dernier en date.

Yacine K. avec AFP

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Commentaires (10) | Réagir ?

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moh arwal

Allez voir pourquoi on a assassiné FROIDEMENT EN DIRECT MOHAMED BOUDIAF

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moh arwal

Allez voir aussi pourquoi les officiers DAS sont tous devenus des généraux et faiseurs de rois par dessus le marché..

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